Aveyron | Par Elisa Llop

Réponse à Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du SNE-FSU : «Non aux agents OFB militants !»

Dans une interview passée sur radio Totem, le 31 janvier, Véronique Caraco-Giordano, la secrétaire générale du Syndicat national de l’environnement SNE-FSU a tenu des propos à charge sur les agriculteurs de plusieurs syndicats dont la FNSEA. Estimant ces propos «totalement faux, inacceptables, durs et gratuits», la FDSEA et les JA Aveyron ont mené en réponse une action syndicale ce lundi 3 février, dès 11h, devant le siège de la DDT à Rodez.

La secrétaire générale nationale de la SNE-FSU avait en effet fait les déclarations suivantes : «Certains syndicats agricoles, FNSEA, […] sont des syndicats agricoles productivistes, souvent pollueurs et qui souhaiteraient pouvoir produire toujours plus […] il faut préserver les terres pour une agriculture et une alimentation saines qui préservent la santé publique et qui soient pour tous les citoyens et les citoyennes. […] Ils souhaiteraient pouvoir utiliser encore plus de pesticides sans aucune considération pour leurs concitoyens […] Quand on se fait arrêter sur la route par un contrôle routier on est contrôlé aussi par des agents de la police nationale ou de la gendarmerie qui sont armés. Est-ce qu’on se sent agressé ? Si on ne commet pas de fautes, on n’a pas de raison de se sentir agresser, y a pas de cow-boys chez nous».

Une prise de position tranchée et pour le moins inexacte, qui n’aurait pas évolué malgré la tentative constructive d’échanges avec la présidente de la FDSEA Aveyron, Marie-Amélie Viargues. Celle-ci déclare : «l’action d’aujourd’hui vise à rencontrer nos interlocuteurs départementaux de l’OFB et de la DDT afin de s’assurer de leur position, suite aux propos tenus par Madame Caraco-Giordano. En tant qu’agents de l’Etat, ces représentants sont normalement censés être tenus par le principe de neutralité. Nous voudrions nous assurer que les actions des inspecteurs de l’environnement ne débordent pas de leur cadre et ne recouvrent pas une dimension militante».

Rappeler le principe de neutralité

Reçus par Valérie Ortet, secrétaire générale de la préfecture de l’Aveyron, et Stéphane Charretier, le chef de service départemental de l’OFB, ainsi que son adjoint, les agriculteurs ont été rassurés sur ce point. Faisant suite aux propos d’un agent de l’OFB le 15 janvier sur France Inter, qui avait comparé les agriculteurs à des dealeurs, le directeur national, Olivier Thibaut, avait déclaré que son organisation se désolidarisait de ces déclarations et n’avait pas manqué de renouveler sa volonté de collaboration en bons termes avec les agriculteurs, «qui nous sont indispensables», avait-il ajouté. Ce 3 février, les dirigeants départementaux se sont inscrits dans la même lignée face à ces nouveaux propos.

L'action FDSEA JA du 3 février 2025 devant les locaux de la DDT à Rodez
Action FDSEA et JA devant les locaux de la DDT à Rodez le 3 février 2025

«Dans l’ensemble, nous avons toujours eu des rapports positifs avec l’OFB au niveau départemental, et même régional», témoigne Samuel Maymard; secrétaire général de la FDSEA. «Ils sont nos interlocuteurs de travail notamment au niveau de la prédation, notre enjeu départemental principal, dont nous sommes toujours les victimes. Nous avons besoin de l’OFB aussi. Il y a un certain nombre de choses perfectibles. Il y a aussi des progrès concrets, petit à petit ; quand nous les sollicitons, nous sommes reçus et nos remarques prises en compte» continue Marie-Amélie Viargues. Personne ne semble nier l’intérêt des contrôles en eux-mêmes. De même, un harcèlement supposé des contrôleurs de l’OFB n’est pas non plus évoqué, d’autant que les contrôles des agriculteurs par les agents restent minoritaires.

Ce que le syndicat attend de l’OFB, est connu : une discrétion de l’arme portée lors des contrôles, une réduction des peines lors des condamnations, jugées excessives, une meilleure information en amont des agriculteurs à propos des multiples normes environnementales et bien sûr… une simplification de ces normes du code de l’environnement, parfois contradictoires, promise par l’ancien premier ministre Gabriel Attal depuis janvier 2024, et enfin examinée ce mardi 4 février au Sénat.

«Et surtout, que cesse une bonne fois pour toutes ces propos stigmatisants, infantilisants, à teneur militantes, au sein de l’OFB, pour lesquels nous ne nous sentons pas du tout concernés, car bien sûr que nous sommes conscients de notre environnement. Nous resterons attentifs aux interventions de l’OFB», poursuit Marie-Amélie Viargues. Comme le rapporte le communiqué de la FDSEA-JA Aveyron, «la consommation de phytos a baissé de presque 50 % en peu de temps, c’est la preuve que les agriculteurs aveyronnais gèrent les applications avec respect de l’environnement et professionnalisme». Effectivement, le département fait plutôt office de bon élève au niveau national avec une des plus faibles utilisations des produits phytosanitaires depuis environ une décennie.
En sortant de cette réunion, les agriculteurs ont obtenu un rendez-vous pour ce mercredi 5 février, 11h, avec le directeur régional de l’OFB, Étienne Frejefond.

Elisa Llop

Rencontre avec le directeur régional de l’OFB
Comme annoncé lors de leur venue à la DDT en début de semaine, la FDSEA et JA Aveyron ont rencontré le directeur régional de l’OFB, Etienne Fréjefond ce mercredi 5 février. «Nous l’avons rencontré à sa demande», précise Marie-Amélie Viargues. «Il nous a confirmé que les propos de Véronique Caraco-Giordano secrétaire générale du syndicat national de l’environnement SNE – FSU, sur Radio Totem, étaient isolés et qu’il avait bien conscience que cette problématique ne s’appliquait pas en Aveyron», a rapporté la présidente de la FDSEA. «Continuons à nous concentrer et à travailler ensemble sur les problématiques qui sont les nôtres, à savoir la prédation. Les missions des agents de l’OFB ne se cantonnent pas seulement à la répression», précise-t-elle. Toutefois, la FDSEA et JA ont rappelé la nécessaire neutralité des agents de l’Etat dans leurs propos comme dans leurs missions sur le terrain.

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