Aveyron | Par La rédaction
Mercredi 19 et jeudi 20 juin, La Canourgue a accueilli l’assemblée générale de l’association Races de France, organisme qui rassemble et coordonne l’ensemble des organismes de sélection sur le territoire national. Deux jours riches en débats.
Races de France, c’est un réseau de 80 organismes de sélection agréés et d’organismes représentant au total plus de 1 300 races et variétés au sein de 14 espèces. Une année sur deux, Races de France délocalise son assemblée générale en région, et revient à Paris l’année suivante. Sur proposition de l’Upra Lacaune, de l’OS Rom sélection et de l’OS Aubrac, c’est donc en Lozère que l’événement a eu lieu cette année.
Accueillis au lycée piscicole et aquacole de La Canourgue, la soixantaine de représentants des organismes de sélection a longuement échangé sur la génétique bovine et ovine lors de l’assemblée générale du mercredi 19 juin. Le jeudi 20 juin, l’assemblée a pu visiter la laiterie du Massegros où sont produits des fromages de brebis dont le Salakis.
La génétique, un enjeu d’aujourd’hui et de demain
Lors de l’assemblée générale ont été présentés différents projets de recherche, en cours ou en construction pour la filière bovine. La filière ovine n’a pas été oubliée, puisque des projets sont en cours d’établissement, en lien avec les enjeux d’avenir auxquels sont confrontés les éleveurs. Enfin, un point sanitaire, avec une année 2023 compliquée pour les éleveurs, a été dressé.
Par la voix de son président, Hugues Prichard, Races de France a souligné «le rôle central et légitime des OS dans le dispositif génétique français, un rôle que certains tenteraient de contester, mais défendu par une équipe réduite mais motivée».
«Ces assemblées générales sont des moments importants dans une structure comme la nôtre», a détaillé Hugues Prichard, «où la diversité des races représentées est importante. Cela nous permet de nous retrouver entre nous. Je suis le président d’une arche de Noé domestique», s’amuse ce dernier.
Si les moments de convivialité ont été nombreux, entre visite du site du Massegros, arrêt au point Sublime et soirée à Noubloux, au GAEC Rodier-Sartre, les échanges ont beaucoup porté sur la génétique en race ovine, «très en retard par rapport à d’autres races. Près de 50 % des béliers utilisés dans les élevages ne sont pas inscrits», a souligné l’un des techniciens de Races de France. Cependant, Hugues Prichard, lui-même éleveur de Limousines, reste confiant sur la montée en puissance possible de la race ovine, qui peut aller très vite. «Pour prendre seulement l’exemple de la filière bovin lait, le travail génétique, commencé il y a déjà de nombreuses années est à 100 % aujourd’hui sur le livre généalogique. Les éleveurs de la filière récoltent le fruit de leur travail. Races de France est aussi là pour aider à la professionnalisation, et l’apport de la génétique dans les troupeaux».
Même si, glisse le président, la fédération ne pourra pas faire le travail seule : les interprofessions doivent aussi s’emparer du sujet et convaincre les éleveurs. «En race ovine, je suis convaincu que la filière peut rattraper son retard en deux ans. La génétique est un bon moyen de faire évoluer les élevages», note le président de Races de France.
La génétique, une bataille en cours
Si la génétique d’élevage a longtemps été l’apanage des éleveurs passionnés, et qui s’est peu à peu diffusée au sein de l’agriculture française, elle est désormais le sujet de batailles entre différents acteurs, dont certains privés. «Nous ne sommes pas réfractaires au progrès mais les races françaises méritent de conserver une génétique française, et les éleveurs de garder une valeur ajoutée», détaille Hugues Prichard.
Christine Valentin, vice-présidente du réseau Chambres d’agriculture France en charge de l’élevage et présidente de la Chambre d’agriculture de Lozère, a accueilli l’assemblée générale à La Canourgue : «recevoir les représentants en Lozère est aussi un bon moyen pour leur montrer un type d’agriculture avec des spécificités fortes». «Il y a des complémentarités fortes entre les éleveurs, les organismes de formation et la sélection animale», a salué cette dernière en soulignant que l’accueil dans un lycée agricole prenait tout son sens dans un contexte de questionnement sur le renouvellement des générations en agriculture. «Lorsque nous avons posé la question, l’Eplefpa a tout de suite accepté de nous accueillir et a même offert de cuisiner le repas du midi pour les invités à l’assemblée générale, ce qui permettait un premier moment convivial avant le début des débats», a détaillé Christine Valentin, convaincue elle aussi de l’importance que peut jouer la génétique dans les troupeaux, «et cela, même si les objectifs d’élevage sont propres à chaque agriculteur. Tous les agriculteurs le font», même si, pour certains, cela reste anecdotique.
«Parce que nous avons des troupeaux qui sont soumis à de nombreux facteurs, parce qu’on a aussi des éleveurs qui veulent des troupeaux productifs rapidement et pas forcément se lancer dans l’élevage de jeunes animaux, la génétique a toute sa place. Ce n’est pas un gros mot». Pour la vice-présidente du réseau Chambres d’agriculture France en charge de l’élevage, ce qui fait la richesse de la génétique française aujourd’hui, «c’est avant tout la diversité des critères de sélection, des souches et des rameaux différents. C’est cette variété qui nous permet aussi de répondre au plus grand nombre d’éleveurs en France».
Marion Ghibaudo
Le Réveil Lozère