National | Par Didier Bouville
En France, en ce début d’année, la production et le prix du lait fléchissent alors que les prix des aliments croissent. Le bilan de la campagne laitière 2020 est mitigé. L’Allemagne est aussi à la traine alors qu’au niveau européen, la collecte a progressé de 1,4 % par rapport à 2019.
Au cours de l’année passée, les 1 000 litres de lait ont été payés 373 € (-2,8 €/1 000 l qu’en 2019). Mais au cours du dernier trimestre 2020, les 1 000 litres valaient 385 € (- 5€/2019) selon FranceAgriMer. Et selon une première estimation de la Commission européenne, les 1 000 litres de lait n’étaient plus payés que 372 € en moyenne en janvier dernier.
Baisse de la collecte
Autrement dit, les éleveurs accusent une baisse des prix alors que les coûts de production du lait croissent. Car faute de fourrages suffisants, ils achètent plus d’aliments qu’ils paient plus chers. Leurs prix ont progressé de 1,1 % en décembre dernier par rapport au mois précédent, selon le service statistique du ministère de l’Agriculture, et de 5,4 % sur l’ensemble de l’année 2020. La baisse de la collecte de lait accroît le manque à gagner des producteurs. En un mois, elle a reflué en janvier dernier de 3 %, pour se situer au niveau de 2017. Or elle avait déjà diminué tout au long du quatrième trimestre de l’année 2020. Seule la Normandie et le Grand-est ont achevé la campagne 2020 en produisant plus de lait que les trimestres précédents. « En fait, les producteurs ont fortement réduit les effectifs de leur troupeau. Au 1er janvier, on dénombrait 3,57 millions de vaches laitières, soit de 80 000 têtes en moins (-2,2 %) qu’en 2020 à la même époque », souligne l’Institut de l’élevage dans sa dernière note de conjoncture. En conséquence, la campagne laitière 2020 aura été une campagne sans éclats. 23,9 milliards de litres de lait ont été collectés l’an passé, soit 130 millions de litres de plus qu’en 2019. La maitrise de la production au printemps dernier puis la sécheresse ont défavorablement impacté la collecte de lait.
Nouveau record de production en Irlande
Au sein de l’Union européenne à vingt-sept, les prix du lait en 2020 ont incité les éleveurs à en produire plus même si le rythme de croissance de la production a ralenti à la fin de l’année. En conséquence, 144,6 millions de tonnes de lait ont été livrées, soit 1,4 % de plus qu’en 2019. En Italie, en Irlande et en Pologne, la campagne laitière a été particulièrement dynamique l’an passé. Dans la péninsule italienne, 12,6 millions de tonnes de lait ont été collectées, soit 4,3 % de plus qu’en 2019. L’Irlande dépasse pour la première fois les 8 millions de tonnes de production annuelle (8,276 Mt soit+3,5 % par rapport à 2019). Et en Pologne, la production a crû de 2,2 %. Les nouvelles contraintes environnementales imposées aux éleveurs néerlandais ne les ont pas empêchés de retrouver le chemin de la croissance. La production de lait de 12,8 millions de tonnes est la plus élevée après les collectes record de 2016 et 2017.
L’Allemagne fait en revanche défection. En 2020, la collecte annuelle est demeurée stable (+83 000 t, -0,01 % par rapport à 2019) mais elle baisse continument depuis l’été dernier. Le mois dernier, la collecte était inférieure de 1,7 % à celle de l’année passée à la même époque, selon Agrarmarkt Informations.
Nouveau tiercé des régions productrices de lait
En France, la stabilité de la production de lait masque des disparités inter-régionales. La Bretagne (5,42 milliards de litres en 2020) reste la première région productrice mais la collecte de lait est en net repli depuis quelques mois. A contrario, le niveau record de sa production (3,85 milliards de litres) hisse la Normandie à la deuxième place des régions productrices de lait devant la région des Pays de Loire, reléguée à la troisième place (3,79 milliards de litres).
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