National | Par Didier Bouville
Thierry Roquefeuil, président de la FNPL (photo archives Actuagri).
Selon la FNPL, les distributeurs ont joué le jeu de la loi issue des Etats généraux de l’alimentation et les producteurs ont pu bénéficier d’une hausse des prix. La dynamique initiée doit se poursuivre lors les prochaines négociations commerciales.
« On ne peut s’arrêter au milieu du gué, la dynamique impulsée par les États généraux de l’alimentation doit se poursuivre », a déclaré Thierry Roquefeuil, le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) en présentant à Paris, le 27 novembre, un premier bilan de la loi issue des États généraux de l’alimentation dans la filière laitière. Contrairement à ce que souhaitent les sénateurs qui estiment que la loi n’a pas atteint ses objectifs et souhaitent la revoir, la FNPL estime qu’il faut lui laisser le temps de faire ses preuves. « Ce qui a été mis en place, à savoir la construction du prix en partant du producteur jusqu’au consommateur doit être absolument pérennisé », estime pour sa part André Bonnard, le secrétaire général. « Nous ne pouvons plus nous contenter de ce qui reste », ajoute-t-il.
En effet, pour sa première année d’application, les producteurs ont pu mesurer les premiers effets positifs de la loi. Selon les données publiées par FranceAgriMer, le prix payé au producteur a progressé de 10,27 euros/1 000 litres sur les douze derniers mois. Cette progression a été acquise grâce à une augmentation des prix de vente des industriels aux distributeurs de 2,1 % en moyenne, en contrepartie des hausses consenties aux producteurs, alors que les prix des produits laitiers au détail n’ont progressé que de 1,83 %.
Ce qui fait dire à André Bonnard que « Les distributeurs ont soit rogné sur leur marge, soit utilisé la cagnotte issue de la revalorisation du seuil de revente à perte sur d’autres produits pour faire remonter de la valeur ». Il observe néanmoins que ce retour a pu être très différent selon les entreprises, en fonction de leur mix produit.
Ainsi, il a été plus important pour les producteurs livrant à des entreprises, dont l’essentiel des débouchés porte sur les produits de grandes consommation (PGC) commercialisés par la grande distribution sur le marché intérieur, et beaucoup moins pour les entreprises, dont le mix produit est composé surtout de beurre et de poudre et/ou de PGC exportés qui ont été moins bien valorisés sur la période.
Couverture des coûts de production
A la veille de la reprise des négociations entre les transformateurs et la grandes distribution, les producteurs estiment que la mécanique initiée par les Etats généraux de l’alimentation a relativement bien fonctionné et qu’il n’y a aucune raison d’interrompre ce processus. Et ce d’autant plus que le niveau de prix obtenu reste encore deçà de l’objectif permettant la couverture des coûts de production.
«Si la moitié du chemin a été réalisée, il faut absolument faire le deuxième pas pour couvrir la totalité des coûts de production, estimés à 370 euros pour 1 000 litres non seulement pour les produits de grande consommation, mais également pour tous les segments de marché (marques de distributeurs, restauration hors domicile) », estime Thierry Roquefeuil.
Ce sera le principal enjeu des prochaines discussions, non seulement avec la grande distribution mais également avec la restauration collective privée et publique qui est restée jusqu’à présent à l’écart des négociations sur le prix du lait.
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