Aveyron | Par Elisa Llop

Pierre Poulalion, L’AOP Rocamadour au cœur

Pierre est l’un des quelques producteurs de lait aveyronnais pour l’AOP Rocamadour. Installé depuis 2017 au Mas du Mouly, à Villeneuve, dans l’aire de production de l’AOP Rocamadour. Ils sont environ 7 éleveurs sur la commune à produire du lait pour l’AOP.


Lozérien d’origine, issu d’une famille d’éleveurs bovins, lui comme son frère se sont orientés sur l’élevage de caprins, mais sur deux exploitations différentes. D’où est venue cette passion ? «Peut-être de la chèvre naine qu’on avait sur l’exploitation familiale», raconte Pierre en souriant. Après un BTSA PA, l’éleveur s’est directement installé à Villeneuve dans cette optique de l’AOP Rocamadour. Il a racheté intégralement l’exploitation et le troupeau de chèvres des anciens propriétaires, sur le point de partir à la retraite.
Il élève aujourd’hui environ 260 chèvres, de race alpine, pour une moyenne de 280 000 L de lait produit annuellement, avec 50% du troupeau en lactation longue.

Rocamadour

Pierre livre exclusivement à la fromagerie l’Étoile du Quercy, à Loubressac dans le Lot, pour la confection d’un Rocamadour artisanal (fromagerie qui a notamment été médaillée d’argent en 2024 au CGA de Paris pour son AOP Rocamadour).
Ses chevreaux (environ 300 par an) sont engraissés sur place, avant d’être collectés ensuite par la coopérative des Chevriers du Rouergue. Pierre se garde 5, 6 boucs par an, ainsi que 65 chevrettes. 15-20 boucs partent pour la génétique, et tous les autres sont vendus.
«Effectivement le prix de vente des chevreaux n’est pas incroyable, mais je les engraisse sur place et je ne m’en tire pas trop mal», dit-il. Côté sanitaire, il est plutôt chanceux : pas de maladies sur le troupeau depuis des années. «En ne pratiquant pas le pâturage, j’évite le parasitisme».
Sur ses 90 ha, Pierre produit aussi, sur 50 ha dédiés, ses cultures, des céréales (maïs grain, orge et triticale, dont une partie en méteil) ; des protéagineux, légumineuses, sous formes de prairies mélangées (luzerne, fétuque, trèfles blancs et violet…). Ce qui lui permet d’être autonome ou presque en paillage et nourriture.

Pierre varie les repas de ses chèvres, qui ne pâturent pas du tout. Actuellement, rations de fourrages verts sont complétées par celles de foins, journalières. A terme, l’objectif est de repasser exclusivement au foin, pour des raisons pratiques, mais aussi car «le fourrage vert donne moins de lait, c’est donc moins valorisant» rapporte l’éleveur. Il achète aussi 30 tonnes par de tourteaux et de lin. L’objectif : produire un maximum de lait avec un minimum d’intrants car, comme tout le monde, il a été impacté par la hausse des charges.

Continuer à apprendre pour s’améliorer

Côté nouveautés et travaux depuis la reprise, il y a eu la rénovation de la salle de traite, l’agrandissement de la chèvrerie en 2018, l’installation d’une nurserie et d’un séchoir… Pierre espère l’agrandir, pour environ 160 tonnes de stockage, d’ici l’hiver prochain.
Papa de deux enfants, ils sont deux associés permanents pour gérer l’exploitation. Pierre accueille régulièrement des stagiaires, notamment lors de la période des mises-bas. «J’aime transmettre des connaissances ; d’ailleurs, plus j’avance, plus j’ai l’impression d’être loin de tout connaître. Je participe régulièrement à des formations variées, pour me perfectionner et parce que j’aime ça. L’ADPSA propose une offre très large».
Le chevrier se passionne également pour la génétique. Capgènes passe régulièrement sur son exploitation pour lui récupérer un bouc.

Sur la situation du fromage, Pierre, qui a fait partie du Syndicat des Producteurs de Fromages Rocamadour, le dit lui-même : «on note une légère baisse de la consommation du Rocamadour depuis 2 ans. De mon côté je ne l’ai pas trop ressenti, le prix du lait étant resté stable. En tant que producteurs, pour l’AOP, on doit quand même rester vigilant par rapport au volume de production. Nous faisons très attention à l’hygiène lors de la traite, etc».


«En 2024, on note une baisse de 3,58% de production, une légère baisse que l’on observe depuis quelques années. Malgré tout, le contexte inflationniste, des GMS distributrices en moins à l’échelle régionale, le Rocamadour se maintient. On peut toujours compter sur la popularité de notre fromage, son essor touristique, avec des gros pics à la haute-saison et à Noël».

Marie-Line Gaudru, directrice du syndicat AOP Rocamadour

La fête du fromage Rocamadour se tiendra dimanche 8 juin. Un événement plein air 100% fromage, avec du vin et pain en accompagnement, en présence de stands AOP, des ateliers pour tester le moulage, y compris pour les enfants, des ateliers pour mettre en valeur la filière et comment la rejoindre…

AOP Rocamadour en chiffres

  • Environ 20 000 chèvres pour une aire de production de 450 000 ha ;
  • 72 exploitations
  • 4 entreprises de collecte
  • 40 producteurs de lait
  • 32 producteurs fermiers
  • 1261 tonnes de Rocamadour produit annuellement, soit environ 36 000 Rocamadour (36 types différents)
  • Plus de 350 emplois dans la filière


Elisa Llop

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Les 23 et 24 avril, l’Aveyron accueille pour la deuxième fois, le congrès de la Fédération nationale caprine. Une façon pour les éleveurs caprins du département de saluer l’engagement de Jacky Salingardes, président aveyronnais de la FNEC depuis 19 ans. Sandrine Roquefeuil et Annabelle Soulié co-présidentes de la section caprin FDSEA, ont annoncé la tenue de l’assemblée générale de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC) en Aveyron, les 23 et 24 avril. «C’est un honneur pour nous d’accueillir cet événement qui réunit des éleveurs de toute la France», ont-elles introduit. Sandrine Roquefeuil et Annabelle Soulié, co-présidentes de la section caprin FDSEA, accompagnées de Joël Mazars, trésorier de la FNEC, aux manettes de l’accueil du congrès de la Fédération…