Aveyron | Par Eva DZ
Marine Albinet s’est installée sur la ferme familiale à Rulhac Saint Cirq en 2021. Elle a rejoint ses parents, Florence et Jean-Luc. Tous les trois ont trouvé leur rythme de travail sur leurs deux productions, le lait de brebis et la viande bovine.
«Prof ce n’était pas pour moi !». Marine se destinait au départ à l’enseignement mais c’est sur la ferme familiale qu’elle a choisi de lancer sa carrière professionnelle. «Pendant mon temps libre, j’ai toujours donné un coup de main sur la ferme mais je n’avais pas forcément envisagé d’en faire mon métier ! Mes parents ne nous ont jamais poussés, mes deux frères et moi, à nous installer ou à ne pas nous installer. Mon choix s’est fait naturellement», raconte la jeune agricultrice. Après un bac S et une licence de physique-chimie, à 24 ans, elle s’est donc ré-orientée dans la formation agricole pour concrétiser son projet. Le BPREA à l’ADPSA lui ouvre les portes de l’installation qu’elle a concrétisé en 2021, 30 ans après celle de son père, Jean-Luc !

«Mes parents avaient atteint un rythme de croisière sur la ferme entre les deux ateliers de brebis laitières et de vaches allaitantes, sans gros investissement en cours, avec des bâtiments aux normes, c’était le bon moment pour se lancer», confie Marine. Et sa maman, Florence, de compléter : «Nous avons travaillé pour que l’outil de production soit fonctionnel. Nous n’avons jamais forcé la main à nos enfants, mais nous sommes très heureux de voir le travail se poursuivre». «Marine représente la troisième génération d’éleveurs sur la ferme», ajoute son papa, Jean-Luc.
«Je savais où je mettais les pieds»
«Je pense que c’est une chance pour moi de bénéficier du travail réalisé par mes parents sur la ferme et de leur expérience depuis que je suis installée avec eux. Pendant mon BPREA, j’ai pu mesurer cette chance par rapport à d’autres non issus du milieu agricole et qui osent se lancer. Je leur tire mon chapeau et je salue leur courage», souffle Marine. «Moi j’ai grandi ici, sur la ferme, je sais à quoi m’attendre même si nous ne sommes pas à l’abri des crises sanitaires, des aléas climatiques… Je ne pense pas que je me serai lancée seule, sans cet héritage et ce soutien familial». Marine partage cette histoire avec ses parents, ses grands-parents : «tout ce qu’ils me racontent, me transmettent, j’y repenserai toute ma carrière».
Il y a toujours eu des brebis laitières à Rouvellac. «C’est une production qui me plaît et l’atelier allaitant est un bon complément», avance Marine. Lors de quelques stages pendant sa formation et de ses expériences au Service de remplacement pour la saison des agnelages, la jeune agricultrice a repris quelques astuces pêchées chez d’autres éleveurs. Elle échange aussi beaucoup avec le technicien troupeau.
«Au début ce n’était pas facile de m’imposer d’autant que je ne maîtrisais pas tout mais au fil du temps chacun a trouvé son équilibre à son poste», souligne Marine qui a pu mener quelques projets. Comme le développement de la vente de colis de viande bovine : tous les 2-3 mois, elle ouvre les commandes sur des colis prédéfinis avec un boucher de Naucelle. «Je ne m’occupe que des livraisons chez les clients, à Rodez, Albi et autour de chez moi. C’est vraiment gratifiant d’être au contact des gens, de connaître leur ressenti sur notre produit».
2 objectifs : productivité et confort de travail
Pour conforter son installation, Marine n’envisageait pas d’agrandir le troupeau ni la bergerie : «Nous aurions pu le faire mais je pense au moment où mes parents prendront la retraite… Alors j’ai choisi d’augmenter la productivité des brebis. J’ai obtenu du lait en plus sans augmenter le nombre de brebis à mon installation. Ainsi le potentiel du troupeau est optimisé et notre charge de travail est identique», explique la jeune agricultrice. Elle peut ainsi continuer de jouer au club de foot de La Selve-Rulhac.
Même si elle regrette la lourdeur administrative, la crainte du contrôle : «Ça prend la tête et beaucoup de place !», Marine se dit «bien dans son métier» et «confiante» dans l’avenir de ses deux productions. «Je ne suis pas fermée à l’idée de faire évoluer la ferme par l’emploi ou la délégation et ainsi préserver mon confort de travail».
Eva DZ
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