Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, est préoccupé par l’embargo russe sur les produits agroalimentaires : « Pour les agriculteurs français, cette annonce est source de profonde inquiétude quant à la situation des marchés agricoles », explique-t-il dans une lettre envoyé à François Hollande, le 7 aout, demandant une rencontre avec le président.
En plus de « l’arrêt brutal de toute exportation sur un marché qui représente aujourd’hui 10% des exportations agroalimentaires européennes », les produits initialement destinés au marché russe vont être commercialisés sur le marché français « déjà extrêmement tendu dans de nombreuses productions », comme les fruits et légumes. Les agriculteurs espèrent que l’organisation mondiale du commerce (OMC) se saisira du dossier.
Jean-Pierre Fleury, président de la fédération nationale bovine, craint « un encombrement supplémentaire sur le marché » : « Le grand fournisseur de la Russie, c’est la Pologne. La FNB ne veut pas voir un seul kilo de viande polonaise dans les étals français. Les éleveurs français ne paieront pas la note ! ». Même inquiétude pour Luc Barbier, président de la fédération des producteurs de fruits français (FNPF) : « les « Espagnols exportaient (en 2012) environ 100 000 tonnes de fruits vers l’Ukraine et la Russie: autant de quantité qui vont se rabattre sur le marché communautaire ».
La Russie absorbe 10% des exportations agroalimentaires de l’UE
10% des exportations agroalimentaires de l’UE vont vers la Russie, pour un montant de 12 milliards d’euros par an, chiffre Eurostat. Fruits frais, fromages et porcs représentent chacun un volume d’affaires d’un milliard d’euros environ. Ce sont avec les légumes (770 millions) les marchandises qui constituent les principales importations alimentaires d’Europe avec les vins et spiritueux (1,5 milliard euros).
En viande bovine, la contribution de l’UE était déjà en net recul depuis 2013 (moins de 50 000 tonnes équivalent carcasse contre 100 000 en 2011 selon l’Institut de l’élevage). Pour les produits laitiers, le Danemark et les Pays-Bas seront les plus exposés. La France a vendu l’an passé pour 119 millions d’euros de produits laitiers à la Russie soit moins de 4% des importations du pays dans ce secteur. Quant au porc, les exportations européennes ont été totalement suspendues par l’embargo russe décrété le 29 janvier au motif de la peste porcine.
L’Union européenne a exporté environs 70 000 t de viandes de volailles vers la Russie en 2013, en baisse de 22% par rapport à 2012. « C’est un marché plutôt annexe. Nous sommes habitués à la façon de faire des Russes. Les conditions sont déjà difficiles pour les exportateurs français, en raison des agréments sanitaires d’atelier très contraignants », analyse Gilles Le Pottier, délégué général de l’interprofession de la dinde (Cidef). Au total, Paris a expédié l’an passé 1,17 milliard d’euros de produits agro-alimentaires vers la Russie, dont 450 millions en boissons alcoolisées.
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