National | Par Didier Bouville
Grand Prix de l’Afja – de gauche à droite : Yves Decaens (France Inter), Eric Baudet et Marie Nicot (Rendez-vous photo), Nicole Ouvrard (présidente de l’Afja), Emmanuelle Ducros (présidente du jury) et Stéphane Travert (photo Actuagri).
Remis le 11 octobre par le ministre de l’Agriculture, le Grand Prix de l’Afja 2017 a récompensé trois sujets qui illustrent sous un jour nouveau certaines difficultés sociales et sociétales du monde agricole.
Abattoirs, reconversion, changement de pratiques culturales : ces thèmes ont été mis en avant par les articles récompensés cette année par l’Afja, l’Association française des journalistes agricoles, lors de la remise de son Grand prix 2017. Ce dernier a été attribué à une initiative originale, un reportage photographique intitulé « Eleveur, à la vie, à la mort » réalisé par Eric Baudet (photo) et Marie Nicot (texte) pour un support web indépendant, Rendez-vous photo.
Si ce pure player du photojournalisme n’a pas recueilli suffisamment d’abonnés pour continuer à produire des contenus, le reportage primé, qui date d’avril 2017, est toujours en ligne. On y suit le parcours de Pierre-Emmanuel Robin, éleveur mais également tueur, une journée par semaine, dans un abattoir municipal géré par des éleveurs dans la Drôme. Alors que les anti-viande défrayent régulièrement la chronique, ce récit parvient à traiter de la mise à mort tout en soulignant l’humanité de l’éleveur, et démontre les bénéfices de cet abattoir de proximité qui fait vivre un territoire de montagne et évite aux animaux un transport beaucoup plus long.
Le deuxième prix, remis à Claire Le Clève (Terra) pour son article « Continuer ou se reconvertir, une formation qui m’a beaucoup aidée », évoque le sujet de l’échec au sein des exploitations agricoles, sous une forme positive : en pleine débâcle financière, Romuald Le Strat, éleveur breton de 45 ans, s’inscrit à une formation organisée par la MSA, Continuer ou se reconvertir. Une formation en petit groupe, pendant trois jours, qui l’a aidé à y voir plus clair et à redresser la tête.
Si la mise en liquidation de son exploitation pour raisons économiques était inévitable, il a pu prendre conscience de ses atouts, ce qui lui a permis de trouver un travail dans un lycée agricole. Quand on sait que la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est 20 à 30 % supérieure à la moyenne de la population, évoquer les solutions qui existent pour se reconvertir est une nécessité et, pour Claire Le Clève, cela fait partie des missions de la presse professionnelle agricole. Enfin, cette année, une catégorie « audiovisuel » a été créée dans le grand prix.
C’est Yves Decaens, journaliste à France Inter, que le jury a distingué pour son reportage « Plus verte, plus économe, l’agroécologie trace son sillon », diffusé dans l’émission Interception sur France Inter le 28 mai 2017. A destination du grand public, le reportage y vulgarise les pratiques agronomiques qui se développent sous l’étendard de l’agroécologie et qui permettent de respecter davantage l’environnement tout en permettant aux agriculteurs de dégager un revenu correct. Cette mise en lumière est aussi une réponse aux critiques sociétales qui se font de plus en plus fortes à l’égard des pratiques agricoles. Les prix ont été remis par le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert le 11 octobre au ministère de l’Agriculture.
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