Comme attendu, la vaccination préventive contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) déjà démarrée dans les départements pyrénéens sera étendue au Tarn et à l’Hérault, a annoncé le Premier ministre le 16 décembre, après deux réunions à Matignon le même jour. Quelque 750 000 bovins sont concernés.

«Les 1 000 exploitations de l’Ariège seront intégralement vaccinées au 31 décembre», affirme l’exécutif dans un communiqué. «L’urgence absolue, c’est d’accélérer la vaccination», a martelé Sébastien Lecornu lors des questions au gouvernement à l’Assemblée. D’après Matignon, «le stock de 500 000 doses du ministère chargé de l’agriculture est déjà en cours d’acheminement auprès des cabinets vétérinaires», et la vaccination a commencé dans plusieurs départements (Ariège, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales). L’exécutif dit avoir passé une nouvelle commande «la semaine dernière» ; celle-ci est «en cours de conditionnement aux Pays-Bas» avec une première livraison de 400 000 doses prévue «dès le 18 décembre».
Par ailleurs, le gouvernement «a décidé d’activer un fonds de soutien de plus de 10 millions d’euros destiné à assurer un soutien direct aux petits élevages des zones touchées», sans préciser les modalités. À l’Assemblée, le locataire de Matignon avait évoqué cet «accompagnement spécifique des tout petits élevages qui vont connaître très très vite, dans les jours qui viennent, des difficultés de trésorerie».
La profession demande des commandes de vaccins plus massives
Le président de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) Patrick Bénézit a demandé 16 décembre des commandes de vaccins «beaucoup plus massives, pour que les éleveurs soient rassurés en cas d’évolution de la situation». «Il serait logique d’avoir plusieurs millions de doses d’avance , a-t-il estimé lors d’une conférence de presse commune avec son homologue de la FNPL (producteurs de lait, FNSEA). Ce dernier fixe, lui, la barre à «30 ou 40 % du cheptel bovin», alors que le stock actuel du ministère est de 500 000 doses, selon un communiqué de Matignon. Réagissant à chaud aux annonces de Matignon, Yohann Barbe (FNPL) a dit attendre des clarifications sur le fonds d’aide de 10 M€ pour les «petits élevages». Par ailleurs, les syndicats déplorent des «retards» dans le versement du solde des indemnisations sanitaires versées aux élevages dépeuplés, basées sur la valeur marchande des animaux. «Les éleveurs ont touché un acompte de 2 100 euros par vache, mais la valeur moyenne tourne autour de 3 000, 3 500 euros», a indiqué Yohann Barbe, promettant de «mettre la pression» sur ce sujet.
Une «cellule de dialogue scientifique» sur le protocole en Occitanie
La ministre de l’agriculture a annoncé «la constitution d’une cellule de dialogue scientifique» autour du protocole sanitaire en Occitanie contre la DNC. Mise en place mardi 16 décembre, cette cellule regroupe des «représentants professionnels» proposés par le préfet de région et par la présidente de la Région Occitanie, ainsi que des «scientifiques de structures reconnues pour leur expertise en santé animale»*. Cette instance aura pour mission «d’examiner au plus vite, et en toute indépendance, les propositions formulées en Occitanie, au regard de l’impératif de protection des cheptels», selon un communiqué du ministère.
Dans un contexte de mobilisations contre l’abattage total des lots d’animaux infectés par la DNC, les organisations agricoles majoritaires de la région Occitanie (chambre régionale, FRSEA, JA) ont envoyé un courrier à Annie Genevard le 11 décembre. Outre une vaccination préventive élargie (en cours de déploiement), elles y demandent «d’urgence une réflexion sur la question des euthanasies dans les élevages». «Sans remettre en cause la stratégie nationale», les OPA suggèrent de l’aménager dans leur région «en prenant en compte les risques de propagation de la maladie (protection vaccinale établie dans la zone, animaux en bâtiment…)».
* SNGTV (groupements techniques vétérinaires), Anses, Cirad, ENVT (École vétérinaire de Toulouse)
Source Agra


