National | Par Didier Bouville
Les agriculteurs de la FNSEA et des JA bloquent depuis ce dimanche 10 juin au soir des raffineries et dépôts de carburants, pour dénoncer les contradictions d’un gouvernement qui les oblige à respecter des normes auxquelles ne sont pas soumis des produits importés.
Sous le mot clé #SauvezLesAgris, les deux syndicats appellent leurs adhérents sur les réseaux sociaux à occuper 14 sites stratégiques, pour trois jours reconductibles. Outre la bioraffinerie en chantier de La Mède (Bouches-du-Rhône), les agriculteurs visent les 4 raffineries de Total en activité en France: Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Grandpuits (Seine-et-Marne), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Rhône). Les 9 autres sites visés sont des dépôts de carburant à Dunkerque (Nord), Grigny (Essonne), Coignières (Yvelines), Gennevilliers (Hauts-de-Seine), Vatry (Marne), Strasbourg, Cournon (Puy-de-Dôme), Lyon et Toulouse.
« On nous demande beaucoup d’efforts pour améliorer nos produits, sur la qualité, sur l’environnement, ce qui occasionne des coûts supplémentaires. Et dans le même temps, nous subissons de plus en plus d’importations de produits qui faussent la concurrence, et ne correspondent pas aux standards sanitaires et environnementaux qu’on nous impose », explique Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat FNSEA.
La mobilisation SauvezLesAgri débute avec le blocage du dépôt de carburant de Vatry
Une centaine d’agriculteurs bloquaient le 10 juin au soir le dépôt de carburant de Vatry (Marne), premier site à être bloqué par les agriculteurs qui dénoncent les « incohérences » de l’Etat qui les oblige à respecter des normes auxquelles ne sont pas soumis des produits importés, ont indiqué des sources concordantes. En début de soirée, des agriculteurs de la Marne, des Ardennes, de l’Aube et de la Haute-Marne ont déversé à l’aide de leurs tracteurs des gravats et de la terre sur la route afin de bloquer l’accès au dépôt de carburant de Vatry, a affirmé Carole Meilleur, responsable communication de la FDSEA de la Marne.
Le site est « bloqué » par une « centaine de manifestants », a confirmé la préfecture de la Marne précisant que l’ambiance était « calme ». « Biocarburant on n’a pas investi pour importer » et « Agriculteurs sacrifiés, trop c’est trop », peut-on lire sur des pancartes. « Nous sommes déterminés, nous resterons le temps qu’il faut en fonction de la réaction du gouvernement », a indiqué Mme Meilleur. Les manifestants ont aussi installé un campement sur lequel entre « 200 et 300 » agriculteurs se relaieront à partir de lundi, selon Hervé Lapie, président de la FDSEA départementale.
Huile de palme à La Mède: l’Etat ne peut pas se dédire d’un accord déjà signé (LREM)
Le porte-parole de LREM Gabriel Attal a souligné le 10 juin à l’adresse des agriculteurs s’apprêtant à bloquer raffineries et dépôts de carburant que l’Etat ne pouvait pas se dédire de l’accord scellant l’importation d’huile de palme par la bioraffinerie Total de La Mède, mais qu’il était « vigilant ». Cette raffinerie est « issue d’un accord signé entre le précédent gouvernement et Total. On n’a pas pour habitude de revenir sur des accords, on respecte cet accord, mais on le respecte avec vigilance », a déclaré M. Attal lors de l’émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI : « on a demandé à Total de réduire la part d’importation d’huile de palme dans cette raffinerie, elle sera en dessous des 50% », et de « développer une haute qualité environnementale », a-t-il ajouté.
Les agriculteurs « ne peuvent pas ignorer tout le travail » fait au niveau européen pour sortir de l’huile de palme, a-t-il aussi plaidé. Il a en outre voulu « dire aux agriculteurs qui se mobilisent – parce que que derrière ça il y a un groupe, notamment Avril, le groupe de la filière colza française – que ce groupe lui-même importe 200.000 tonnes d’huile de palme chaque année et que donc il faut qu’ils disent qu’ils sont conscients des enjeux de compétitivité », a jugé M. Attal.
éleveurs+FNSEA+mercosur