Cette semaine, les Commissions des affaires étrangères et des affaires économiques du Sénat s’exprimeront concernant l’accord commercial entre l’Union Européenne et le Canada : le CETA.
Alors que l’accord n’intègre aucune clause de réciprocité concernant les méthodes de production européennes, pourtant bien différentes de celles utilisées outre-Atlantique, la Fédération Nationale Bovine appelle l’ensemble des Sénateurs à s’opposer à cet accord.
Le CETA a été validé au niveau européen en 2017, et bénéficie, depuis lors, d’une application provisoire dans l’Union européenne. Pourtant, la procédure précise qu’il doit être ratifié par les Parlements nationaux. Et alors qu’il a fait l’objet d’une validation, difficile, à l’Assemblée nationale en 2019, l’accord n’avait, depuis, pas été soumis au vote du Sénat. Il le sera cette semaine.
La FNB rappelle que cet accord ouvre la porte du marché européen à 65 000 tonnes de viandes bovines, à droits de douane nuls, et sans aucun critère d’équilibre des morceaux ! « Ces volumes, qui représentent 17 % du marché européen de l’aloyau (les morceaux les plus nobles de la carcasse), viendront donc allégrement déstabiliser ce marché bien valorisé ! », expliquent les responsables de la production bovine.
« Mieux encore, l’accord n’inclut aucune clause de réciprocité concernant les méthodes de production,
qui sont pourtant très différentes entre le Canada et l’Europe. Aussi, les viandes importées peuvent donc être issues de bovins élevés dans des feedlots de dizaines de milliers d’animaux, ayant été
nourris avec des antibiotiques activateurs de croissance et des farines animales ! Pratiques pourtant
interdites en France et en Europe ! », continuent-ils. D’ailleurs, la mesure européenne qui a vocation à interdire les imports de denrées ayant été produites avec l’usage d’antibiotiques comme activateurs de
croissance, a récemment fait l’objet d’un acte délégué qui ne prévoit qu’une application en 2026 (pour
un arbitrage politique de 2018) et qui, du fait de modalités laxistes (déclarations sur l’honneur), rend
la mesure inopérante !
Et alors que le gouvernement promet des contrôles nombreux (pourtant réduits de moitié dans le
cadre de l’accord), la FNB rappelle « qu’on ne contrôle pas ce qu’on n’interdit pas ! ».
Pour Patrick Benezit, président de la Fédération Nationale Bovine : «Cet accord est le symbole du manque d’ambition de l’Europe pour son élevage, qu’elle soumet à la concurrence déloyale de viandes interdites à produire sur son territoire ! A l’heure où les éleveurs demandent un cap clair pour leur production, les Sénateurs peuvent exprimer leur soutien à l’élevage bovin familial français en s’opposant à cet accord ! Tous les éleveurs les invitent à le faire», a-t-il encouragé.
La rédaction