Aveyron | Par Eva DZ
Les 23 et 24 avril, l’Aveyron accueille pour la deuxième fois, le congrès de la Fédération nationale caprine. Une façon pour les éleveurs caprins du département de saluer l’engagement de Jacky Salingardes, président aveyronnais de la FNEC depuis 19 ans.
Sandrine Roquefeuil et Annabelle Soulié co-présidentes de la section caprin FDSEA, ont annoncé la tenue de l’assemblée générale de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC) en Aveyron, les 23 et 24 avril. «C’est un honneur pour nous d’accueillir cet événement qui réunit des éleveurs de toute la France», ont-elles introduit.

Adéquation entre production et consommation
La FNEC, seul syndicat national qui représente les éleveurs, qu’ils soient livreurs de lait en laiterie ou producteurs de fromages fermiers, rassemble 4 500 adhérents (sur 6 000 producteurs en France). Et est présidée depuis 19 ans par un Aveyronnais, Jacky Salingardes, éleveur installé en GAEC familial à Villefranche de Rouergue. «Au moment où Jacky envisage de passer le relais, nous avions à cœur de le mettre à l’honneur pour le remercier pour son engagement depuis 2006», avance Joël Mazars, éleveur à Luc La Primaube, trésorier à la FNEC et responsable du syndicat et de l’interpro caprin au niveau régional. Deux autres Aveyronnais sont présents à la FNEC, Stéphanie Bergon, représentant l’AOP Rocamadour et Lionel Carrière.
Prix du lait et revenus des producteurs, règlementation fermière, viande caprine, attractivité du métier, enjeux sociétaux… la FNEC mène plusieurs chantiers pour représenter et défendre les intérêts des éleveurs caprins et de la filière. «Notre filière est très dynamique, jeune, rémunératrice et continue d’installer», se targuent les responsables caprins. Portée par l’innovation, la qualité, la passion, la filière caprine doit, elle aussi, comme d’autres productions, pallier au déficit de volumes. «Toutes les filières agricoles sont confrontées à la même problématique du renouvellement de leurs producteurs, la filière caprine n’y coupe pas !», lance Joël Mazars.
S’appuyant sur les chiffres d’une collecte en baisse depuis quelques années face à une consommation de produits au lait de chèvre qui se maintient, la FNEC entend accentuer son travail sur l’attractivité de la filière pour relancer les installations. «Notre filière caprine a besoin de volumes et pour cela, nous encourageons des installations viables et vivables», défendent Annabelle Soulié et Sandrine Roquefeuil. D’ailleurs à l’occasion de l’assemblée générale, les participants pourront visiter, mercredi 23 avril après-midi, l’exploitation de Lucie Ferrié, jeune éleveuse qui s’est lancée dans la production caprine (lire son portrait dans le supplément).
Et pour aller plus loin dans le débat, une table-ronde est programmée jeudi 24 avril, lors de l’AG, qui se déroulera à la CCI de Rodez, sur le thème «L’évolution de l’élevage et les nouveaux modes de consommation : quelle adéquation ?», animée par l’Institut de l’élevage, en présence d’un sociologue et d’un grand témoin, Michel Birot, ancien directeur de l’Institut de l’élevage. «La filière caprine est la seule dont les volumes sont répartis équitablement entre laitiers et fromagers. Les modes de production sont donc variables, tout comme les produits proposés. Cette conférence nous apportera un éclairage global sur les systèmes de production, leur évolution ainsi que sur les modes de consommation et leur évolution, de façon à adapter nos projets de développement et nos axes de travail», détaille Joël Mazars.
Des prix à défendre pour relancer la production
Cette assemblée générale sera l’occasion de mettre en avant les principaux chantiers en cours de la filière caprine et notamment la valorisation de la viande de chevreau. «Nos chiffres d’affaires viande dans nos ateliers caprins sont très faibles», regrettent Annabelle Soulié et Sandrine Roquefeuil. «La faute à la suprématie de 2-3 abatteurs qui ne valorisent pas le rendu carcasse de nos animaux auprès des clients qui du coup, se désintéressent du produit», complète Joël Mazars.
«Aujourd’hui, il faut aller plus loin dans la valorisation. La vente de carcasses entières ou semi-carcasses n’est plus le seul levier. Mais quand on représente 6 000 éleveurs, il est difficile de faire bouger les lignes face aux gros faiseurs. Mais nous ne baissons pas les bras !». Un sujet qui sera au cœur des discussions de cette AG : «la valorisation du produit viande compte aussi dans le choix de la production caprine pour les porteurs de projet. Si l’on veut continuer d’être attractif, d’installer, il faudra faire évoluer ce point… et continuer de passer les hausses de prix du lait comme nous avons su le faire ces dernières années», appuie Joël Mazars, évoquant la hausse de 46% du prix réel du lait (toutes primes et toutes qualités confondues) depuis 2009 (source Enquête mensuelle laitière SSP/FranceAgriMer).
«Sur le prix du lait, il nous faut aller encore plus loin», avancent Sandrine Roquefeuil et Annabelle Soulié. «Il y a eu, c’est vrai, une belle évolution de notre prix du lait mais les charges, elles aussi, ont progressé et toutes ne sont pas prises en compte dans le prix du lait payé aux producteurs», poursuivent les deux agricultrices, évoquant notamment le prix du fermage (+15% en 3 ans) et le coût de la main d’œuvre. «Il reste encore du travail pour valoriser notre produit, qui se raréfie», concluent-elles.
Près de 150 personnes, représentant la filière caprine (éleveurs, entreprises, partenaires…) se retrouveront donc à Rodez, pendant 2 jours, pour évoquer l’ensemble de ces sujets et continuer de porter les intérêts de cette production.
Eva DZ
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