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« Je vous fiche mon billet que dans trois ans, dans au moins 90 voire 95 % des cas, on aura trouvé une alternative », assure Nicolas Hulot aux journalistes venus l’interroger sur le glyphosate, le 20 juin. Le ministre de la Transition écologique, en déplacement en Bretagne avec Emmanuel Macron, confie qu’un agriculteur conventionnel l’a interpellé dans la matinée pour lui spécifier que depuis quinze ans, il se passe de glyphosate. « Ça n’est pas une règle d’or qui peut s’appliquer à tous les modes de production, ni à toutes les zones géographiques, admet Nicolas Hulot. Il faut regarder au cas par cas. » Mais pour le ministre convaincu par ses chiffres, s’il reste 5 % d’impasses, c’est déjà une « avancée ».

Didier Bouville

En déplacement en Bretagne le 20 juin, Nicolas Hulot a déclaré vouloir inscrire la protection de l’environnement à l’article 1 de la Constitution. Cet article stipule que la France est une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Lors de la présentation de la réforme constitutionnelle voulue par Emmanuel Macron, en avril, Édouard Philippe avait promis que « le projet de loi constitutionnel inscrirait l’impératif de lutte contre le changement climatique à l’article 34, qui définit le domaine de la loi ». Passer de l’article 34 à l’article 1 serait pour le ministre de la Transition écologique une victoire. « Dans l’ombre on travaille », se justifie-t-il, en pinçant les lèvres. Et d’ajouter « qu’il y a des choses qui avancent. Essayez de regarder ailleurs dans d’autres pays, il n’y a rien d’équivalent ». Reste à savoir comment sera formulée cette introduction car cela « pose un problème juridique ». « Personnellement je souhaite que l’environnement, la biodiversité et le climat y figurent », décrit Nicolas Hulot, ainsi que la « finitude des ressources ».

S’il semble mettre la charrue avant les bœufs en martelant que cette introduction de la protection de l’environnement « sera à l’article 1 », Nicolas Hulot rappelle tout de même que ce sera à l’Assemblée nationale et au Sénat « d’exprimer leurs prérogatives ».

Didier Bouville

Donald Trump secoue les marchés agricoles avec sa politique commerciale imprévisible. Ses sanctions douanières contre le Mexique, pourraient avoir un effet secondaire positif pour la viande de porcs de l’Union Européenne (UE). Le Mexique cherche à s’approvisionner davantage dans l’Union, plutôt qu’aux USA. Un choix confirmé par le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan. Selon le commissaire, le Mexique veut ouvrir plus son marché à l’UE et à d’autres pays, pour compenser le recul des exportations vers les USA, auxquelles Washington applique des droits de douanes de rétorsion. Il s’agirait d’un marché de 350 000 t de viandes porcines, un chiffre qu’il a avancé lors d’une réunion au Portugal. Premier effet de cette réorientation des achats, le n°1 allemand de la viande, Tönnies, vient de mettre en route ses premières livraisons de viandes porcines pour le Mexique.

Didier Bouville

Luis Planas Puchades est le nouveau ministre de l’Agriculture espagnol. Agé de 66 ans, issu du parti social-démocrate, il est juriste de formation. Il a d’ailleurs exercé comme avocat puis comme inspecteur du travail avant de devenir parlementaire européen de 1986 à 1993. Fin connaisseur des arcanes européennes, il a été le représentant permanent de l’Espagne, auprès de l’Union européenne de 2010 à 2012, avant d’être nommé ministre de l’Agriculture en Andalousie. A noter, que pour la première fois depuis 10 ans, le ministère de l’Agriculture et celui de l’Environnement sont à nouveau séparés en Espagne.

Didier Bouville

La peste porcine africaine vient de toucher un élevage de 5 900 porcs dans la commune d’Orla en Pologne près de la frontière biélorusse. C’est le 9ème cas cette année sur des porcs d’élevage, auquel il faut ajouter environ 1 000 cas sur les sangliers. Mais il s’agit du plus grand élevage frappé en Pologne depuis l’apparition du virus dans le pays et l’abattage le plus important. Les agriculteurs polonais accusent le gouvernement de ne pas faire le nécessaire pour lutter contre cette épizootie, et notamment chez les sangliers abondants dans les forêts. Ils craignent aussi un développement de la maladie après les moissons, car les porcs sont nourris aux grains provenant de champs dans lesquels des sangliers infestés par le virus ont pu circuler. Cette crainte est également partagée en Allemagne où est évoquée l’interdiction de moissonner certaines zones fréquentées par les sangliers.

Didier Bouville

Le 19 juin, lors d’une conférence à Paris, le syndicat des trieurs à façon de France (Staff) a martelé son souhait d’intégrer l’interprofession des semences. Sylvain Ducroquet, président du Staff, rappelle que le Gnis représente les sélectionneurs, les producteurs de semences certifiées, et les distributeurs de ces semences. « Les trieurs, les cuma, les agriculteurs… qui, avec la semence de ferme, représentent 60 % de la production totale des semences en France, sont absents, regrette-t-il. Comment peut-on prendre des décisions sur les aspects sanitaires, les royalties, les homologations phyto, les mélanges de variétés… sans tenir compte de la majeure partie de la production française ? » Les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture ont été interpellés en début d’année. « Nous attendons des réponses », dit Sylvain Ducroquet. Cette volonté d’intégrer le Gnis dure depuis des années. Le Staff mise aujourd’hui sur l’ambiance des États généraux de l’alimentation (Egalim) pour accélérer les discussions. « Lors des Egalim, le ministère a demandé au Gnis de lui remettre une feuille de route sur l’avenir du secteur des semences, indique Sylvain Ducroquet. Pour ouvrir l’interprofession, la fenêtre de tir est donc bien plus forte qu’avant. Il y avait déjà eu des discussions en ce sens en 2011, lors de la loi relative aux certificats d’obtention végétale. Ça prend du temps, mais ça va se faire. »

Didier Bouville

L’Acta, le réseau des instituts techniques agricoles, s’est enrichi de quatre nouveaux instituts, a annoncé l’Acta le 19 juin. Il s’agit du Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva), de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), du Centre technique d’expérimentation en fruits, légumes et horticulture à l’île de la Réunion (Armeflhor) et de l’Institut technique tropical (IT2) aux Antilles. L’Acta coordonne ainsi désormais 22 instituts techniques qualifiés par le ministère de l’Agriculture.

Didier Bouville

Le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnementale (FMSE) voit dans la prochaine Pac une occasion de « faire sauter le verrou » du seuil de 30% de pertes de production conditionnant actuellement l’utilisation des fonds Feader. « Ce seuil de 30% se justifie pour les pertes de production mais pas du tout pour la lutte précoce », explique Joël Limouzin, président de la FMSE, lors d’une conférence de presse mardi 19 juin à l’occasion de l’AG de l’organisation. Le financement public (État et UE) représente près de 65% des indemnisations versées par le fonds, et les cotisations des agriculteurs représentent 35%. Le seuil de 30% se révèle « bloquant pour le FMSE car 90% de son activité est dirigé vers l’accompagnement de plans de lutte » contre des infections sanitaires « qui occasionnent des pertes chaque année, mais sans pertes de production fortes », explique l’organisme dans son rapport d’activité 2017. Pour l’instant, l’État « se substitue et accompagne entre 0 et 30%, détaille Joël Limouzin. Si on n’avait pas cela on aurait perdu toute légitimité ». Agréé en 2013, le FMSE a ainsi versé près de 15 M€ d’indemnisation l’an passé et traité près de 3000 dossiers, moins qu’en 2016, année de la fièvre catarrhale ovine. Parmi les sections spécialisées, les plus touchés sont celles des ruminants avec les pertes de fourrage dues aux campagnols, et la section fruits avec des programmes d’indemnisations conséquents pour le virus de la sharka ou le cynips du châtaignier.

Didier Bouville

La Commission européenne a revu le 18 juin à la baisse ses estimations de rendements en grandes cultures, affectés par la sécheresse dans la zone continentale de l’UE. « Les prévisions de rendements de toutes les cultures d’hiver, du maïs grain et du tournesol ont été revues à la baisse, surtout à cause de conditions inhabituellement chaudes et sèches dans le centre, l’est et le nord de l’Europe », selon une note du service de prévisions Mars. Plus au sud, un excès de pluies est noté, particulièrement en Espagne avec une « notable révision à la hausse » des rendements, mais aussi en France où la fusariose inquiète. Le rendement européen du blé tendre est estimé à 6,04 t/ha (contre 6,19 t/ha prévu en mai, 5,97 t/ha en moyenne quinquennale), celui de l’orge d’hiver à 5,80 t/ha (6,05 t/ha et 5,79 t/ha), le maïs grain à 7,35 t/ha (7,64 t/ha et 7,30 t/ha), le colza à 3,05 t/ha (3,19 t/ha et 3,29 t/ha), le tournesol à 2,27 t/ha (2,31 t/ha et 2,12 t/ha). Les prévisions sont revues à la hausse pour l’orge de printemps à 4,40 t/ha (contre 4,31 t/ha et 4,25 t/ha), la betterave à 77,5 t/ha (contre 76,1 t/ha et 74,8 t/ha).

Didier Bouville

Phil Hogan n’a pas adhéré, lors du Conseil agricole de l’UE le 18 juin à Luxembourg, à la proposition de la France d’ouvrir des appels d’offres spécifiques pour écouler les stocks d’intervention de poudre de lait dans l’alimentation animale, une solution selon lui « très complexe » nécessitant de « lourdes conditions de contrôle et de traçabilité » ainsi qu’un prix de vente « attractif » qui « soulèverait lui-même des problèmes ». Le commissaire européen a annoncé un prochaine proposition pour revenir à la périodicité bimensuelle des appels d’offres classiques et en rétablir un en août.

Didier Bouville