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La baisse du «PIB agricole» (valeur ajoutée brute au coût des facteurs) de 2,6 % en 2020, selon les comptes de l’agriculture établis le 7 juillet par l’Insee, suscite chez les organisations des commentaires entre alarmisme et vigilance. Du point de vue de la FNSEA, «les agriculteurs ne sont pas récompensés de leurs efforts» : s’ils ont fait preuve de résilience face à la crise de la Covid-19, le résultat brut du secteur baisse pour la deuxième année de suite. La fédération dit «attendre beaucoup des travaux du Varenne agricole (…), des suites de la proposition de loi Besson-Moreau ou encore du Plan de relance».

A la CR, l’accent est mis sur la dégradation du solde des échanges extérieurs de produits agricoles (-437 M€). Elle pointe l’«échec des politiques agricoles européenne et française qui ne permettent plus de nous battre avec des pays ne respectant pas nos normes de production». Côté APCA (chambres d’agriculture), on souligne une baisse des investissements «depuis dix ans». «Au moment où se dessinent les contours de la prochaine Pac, il faut garder à l’esprit que les agriculteurs français ont besoin d’un horizon clair et visible pour la conduite et la modernisation de leurs exploitations», déclare le président Sébastien Windsor.

Didier Bouville

La nouvelle loi russe, qui oblige les vins effervescents non russes à renoncer au terme «Shampanskoe», («champagne» en russe) et à se présenter sous le terme de «vins mousseux» sur la contre-étiquette écrite en lettres cyrilliques, est de nature «protectionniste», l’a qualifiée le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à l’Assemblée le 6 juillet. «Cette loi s’inscrit dans une logique de mesures protectionnistes de la part de la Russie dans le secteur vitivinicole depuis un certain temps. Nous avons déjà été amenés à porter cette question à l’OMC sur la remise en cause des indications géographiques», a-t-il répondu à une question au gouvernement posée par la députée Aina Kuric (Marne, Agir ensemble).

«Si d’aventure nous constations une violation des règles de l’OMC, nous poursuivrions (nos démarches, NDLR), comme nous avons envisagé de le faire antérieurement à l’égard de la Russie», a-t-il précisé. Rapprochant cette loi russe de la récente enquête en cours sur la francisation de fruits et légumes espagnols, la FNSEA estime, dans un communiqué paru le 6 juillet, que «ces deux faits d’actualité soulignent surtout des dérives commerciales fortement préjudiciables aux filières et au nécessaire lien de confiance entre les agriculteurs et les consommateurs.» Le syndicat demande aux autorités «la plus grande vigilance dans les contrôles».

Didier Bouville

En vue de l’interdiction de la castration à vif des porcelets au 1er janvier 2022, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé, lors de l’assemblée générale de l’interprofession porcine, le 6 juillet, qu’il avait pour objectif qu’au moins trois protocoles d’anesthésie locale soient rendus disponibles aux éleveurs à cette échéance. En effet, trois produits anesthésiques (et leurs protocoles d’application respectifs) intéressent la filière, qui ont été présentés lors de l’assemblée générale: la procaïne, qui est actuellement disponible, mais jugée insuffisamment efficace par certains vétérinaires ; le tri-solfen, qui ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe ; et la lidocaïne, dont l’AMM ne concerne pas le porc.

«Deux des trois protocoles présentés ce matin sont d’ores et déjà mobilisables», a annoncé Julien Denormandie. «Le travail se poursuit avec l’interprofession et l’ANMV (agence nationale du médicament vétérinaire, ndlr) sur le troisième protocole, qui concerne une molécule non autorisée pour qu’il puisse être mis en place d’ici janvier 2022». Par ailleurs, l’assemblée générale n’a pas apporté de nouvel arbitrage professionnel sur ce dossier de la castration ; par exemple, la question de la prise en charge du surcout de la détection des carcasses odorantes – dont le CRP Bretagne propose qu’elle soit réalisée par Uniporc – n’a pas encore été réglée.

Didier Bouville

Interrogé le 6 juillet lors des questions au gouvernement, le Premier ministre a reconnu que le vote non-conforme du Sénat en deuxième lecture le 5 juillet «met un terme au processus de révision constitutionnelle». Avec ce projet de loi, le gouvernement souhaitait répondre à l’une des propositions de la Convention citoyenne sur le climat, en inscrivant la «préservation de l’environnement et de la diversité biologique» ainsi que la lutte contre le changement climatique dans le premier article de la Constitution.

Pour donner lieu à un référendum, le texte aurait dû être voté à l’identique par les deux chambres. Alors que les députés avaient imposé à l’État de «garantir» ce bon état de l’environnement, les sénateurs ont cependant préféré par deux fois le verbe «agir». Pour le palais du Luxembourg, citant le Conseil d’État, la première rédaction risquait «de créer pour les pouvoirs publics une quasi-obligation de résultat». Alors que les députés avaient nuancé en seconde lecture la formulation concernant la lutte contre le changement climatique, Jean Castex regrette que les sénateurs n’aient pas saisi «cette main tendue». «Le combat continue et cette majorité prend ces responsabilités d’une écologie responsable, et de la croissance», a promis le Premier ministre.

Didier Bouville

La Commission européenne, en coopération avec les parties prenantes du secteur, a lancé le 12 juillet un code de conduite pour le secteur alimentaire de l’UE. Signé par plus d’une vingtaine d’organisations professionnelles européennes – dont le Copa-Cogeca (producteurs agricoles) et FoodDrinkEurope (agroalimentaire) – ainsi qu’une quarantaine d’entreprises (Carrefour, Syngenta, Barilla…), ce code est destiné à aider la chaîne alimentaire à devenir plus durable et plus respectueuse de l’environnement dans la lignée des objectifs de la stratégie De la ferme à la table.

Le document identifie trois axes prioritaires: promouvoir des modes de consommation alimentaire sains et durables ; améliorer la durabilité des processus internes des secteurs de la transformation des aliments, du commerce de détail et de la restauration; et améliorer la durabilité de la chaîne de valeur alimentaire en relation avec les producteurs primaires. A chacun de ces grands axes sont associés des listes d’actions indicatives à mettre en place pour y parvenir. Par exemple : réduire les émissions provenant de la production et de l’approvisionnement de 30% d’ici 2030, promouvoir un approvisionnement durable à l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE ou soutenir l’utilisation durable des pesticides.

Didier Bouville

Dans un communiqué paru le 5 juillet, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie annonce plusieurs mesures de réorganisation des contrôles en abattoirs. D’une part, de nouveaux contrôles vont être organisés en abattoirs d’animaux de boucheries, qui seront ciblés sur une pratique en particulier (ex. acheminement des animaux), et pourront être coordonnés sur l’ensemble des établissements français et de manière inopinée. Les contrôles actuels sont le plus souvent de portée générale, indique-t-on au cabinet du ministre. Deuxième mesure: le ministre a demandé l’instauration d’une «force d’inspection nationale en abattoirs» (Fina).

Dotée de six agents, elle pourra intervenir «à n’importe quel moment et partout sur le territoire pour la gestion des cas les plus difficiles à la demande des préfets ou de la DGAL». Le ministre précise que ses moyens pourront être renforcés «au regard du retour d’expérience». Enfin Julien Denormandie annonce qu’il adressera «cette semaine» un courrier aux préfets pour «rappeler les principes de protection animale en abattoir et leur demander d’agir avec fermeté lorsque la situation l’impose». Le ministre s’était déplacé la veille en Charente-Maritime, pour rendre visite à l’un des 123 projets de modernisation d’abattoirs financés par le Plan de relance, pour une enveloppe totale de 115 millions d’euros.

Didier Bouville

Un grossiste en fruits et légumes est au coeur d’une vaste enquête menée sous l’autorité du parquet de Tarascon, soupçonné d’avoir fait passer pour des produits français des centaines de tonnes de légumes espagnols, a annoncé le 5 mai la préfecture des Bouches-du-Rhône. «Dans cette affaire, le grossiste en fruits et légumes est suspecté d’avoir acheté en 2020 et 2021 plusieurs centaines de tonnes de légumes (courgettes, poivrons, courges, asperges…) et d’avoir maquillé leur origine. Les étiquettes des légumes indiquant +Espagne+ auraient été retirées des colis et des emballages et remplacées par des étiquettes indiquant une origine +France+», a encore ajouté la préfecture.

«Ce grossiste pourrait également avoir agi avec la complicité d’un conditionneur de fruits et légumes chargé de reconditionner certains légumes en filet et d’y étiqueter l’origine France», a encore poursuivi la préfecture. «L’intérêt à la fraude réside dans les différences de prix et de saisonnalité des fruits et légumes entre les pays producteurs. Par exemple, en juin dernier, le poivron espagnol se négociait sur le marché de gros aux alentours de 2 euros/kg alors que le poivron français, dont la récolte débute à peine, s’achète à près de 3 euros/kg», a-t-elle aussi expliqué.

Didier Bouville

Bailleurs et preneurs ont confirmé leur communauté de vues pour inciter davantage les propriétaires à donner à bail, lors du congrès de la Section nationale des propriétaires ruraux (SNPR) de la FNSEA, qui s’est tenu le 2 juillet à Chartres. Après avoir réalisé des rapprochements sur six points importants du statut du fermage au cours des derniers mois avec la SNFM (fermiers), la SNPR va maintenant s’engager dans un travail commun sur la fiscalité. «En accord avec le président de la commission sociale et fiscale (de la FNSEA), un sous-groupe SNPR-SNFM-JA-FNSEA va travailler sur le thème « comment rendre le statut fiscal du propriétaire plus attractif ? »», a indiqué Jean Barreau, secrétaire général de la SNPR.

Plusieurs pistes seront étudiées, dont la sortie des biens immobiliers agricoles donnés en location de l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière. Sur le statut du fermage, un rapprochement récent entre bailleurs et preneurs consisterait à instaurer une nouvelle règle : à nouveau preneur, nouveau bail, à la transmission de l’entreprise du fermier sortant. Bailleurs et preneurs font part de leur hâte de transcrire ces avancées dans une future loi foncière. «Nous avons besoin de vous comme apporteurs de foncier», a commenté Bertrand Lapalus, président de la SNFM.

Didier Bouville

Deux toxicologues de renommée internationale estiment que la grande majorité des 53 études qui ont fondé en 2017 l’opinion des autorités européennes sur la génotoxicité du glyphosate «ne remplissent pas les critères de conformité attendus», rapporte Le Monde, dans un article paru le 2 juin. Cette analyse qu’a pu consulter Le Monde ainsi que plusieurs médias européens a été commandée aux scientifiques par l’ONG SumOfUs, suite à un jugement de la Cour de justice de l’’UE en 2019, obligeant l’Efsa à communiquer ce corpus.

«Parmi ces études, quelques-unes sont acceptables, mais la majorité sont un désastre», explique, au Monde, le professeur Siegfried Knasmueller, également éditeur en chef de la revue Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis. Une majorité d’entre elles seraient inclues dans le dossier qui doit permettre de prolonger l’utilisation du glyphosate en Europe ou pas à partir de 2022. Le quotidien rappelle que le Circ estime depuis 2015 que le glyphosate est un «cancérogène probable» et qu’il existe des «preuves fortes» de sa génotoxicité, tandis que les agences réglementaires en Europe et aux Etats-Unis jugent que de telles preuves n’existent pas. Or si le Circ se base sur une littérature assez large, les autorités sanitaires auraient estimé «non fiable la littérature scientifique sur le sujet, et ont essentiellement fondé leur expertise sur les études confidentielles fournies par les firmes», selon Le Monde.

Didier Bouville

Dans un article paru le 2 juillet dans le quotidien Le Parisien, le député LREM Loïc Dombreval annonce avoir déposé, avec une trentaine de députés de la majorité présidentielle (LREM, Modem, Agir), une proposition de loi visant notamment à instaurer un «Défenseur des droits des animaux». A l’instar du Défenseur des droits, il s’agirait de créer une autorité administrative indépendante chargée de veiller à la bonne application des droits, ici ceux des animaux. La presse évoque notamment les animaux de ferme et en abattoirs.

Selon Loïc Dombreval, interrogé par Le Parisien, «sur le papier la France dispose de textes assez protecteurs du droit des animaux», mais «ces lois et règlements sont difficiles à faire appliquer». Selon le quotidien, l’idée avait déjà été suggérée par l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, à l’occasion d’un colloque de La Fondation droit animal (LFDA), il y a deux ans. Au delà de cette proposition, Loïc Dombreval espère par ailleurs «faire rentrer dans le giron du droit», les actions parfois illégales effectuées par les ONG pour alerter sur certaines situations de cruauté, se «[substituant]» au rôle de l’Etat, rapporte la presse.

Didier Bouville