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«C’est inacceptable que les agriculteurs soient les seuls à supporter les augmentations de charges», a lancé le secrétaire général de la FNSEA Jérôme Despey quelques jours après que Michel-Edouard Leclerc a dénoncé une «spéculation» sur les prix des matières premières. «Les négociations commerciales qui commencent s’annoncent difficiles», a renchéri Christiane Lambert. Et la présidente de la FNSEA de citer l’exemple des volailles, dont le coût de production «au niveau de la filière» est en hausse de 12,5% sous l’effet de la flambée des céréales, des emballages (plastique, carton), des huiles et de l’énergie. «En face, les distributeurs répondent que ce ne sera pas plus de 2% [de hausse]», affirme-t-elle. Le 27 août, Michel-Edouard Leclerc avait promis sur BFMTV de «castagner les multinationales» et de «ne pas laisser passer les hausses spéculatives». «Non, monsieur Leclerc, la hausse des charges n’a rien d’une spéculation de la part des producteurs de lait», rétorque la FNPL (producteurs de lait, FNSEA), évoquant une «flambée des prix des aliments, de l’énergie, des engrais et des services sans précédent depuis 2010». D’après l’association spécialisée, le coût de production (Ipampa) du lait de vache a augmenté 8,1% sur un an «quand le prix du lait n’a progressé que de 1,5%».

Eva DZ

Dans un communiqué du 1er septembre, l’association professionnelle des produits laitiers frais, Syndifrais, s’inquiète de l’impact « des hausses de prix constatées dans de nombreux domaines ». C’est notamment le cas des matériaux d’emballage qu’ils soient plastiques ou cartonnés, mais aussi des coûts de l’énergie et des fruits qui entrent, en partie, dans la composition des yaourts. « Le prix du sucre est également orienté à la hausse et a augmenté de plus de 30 % en 1 an et 50 % en 2 ans », souligne l’association professionnelle qui pointe aussi le renchérissement des carburants.

« Les impacts des hausses sont donc loin d’être négligeables (de +30 à +50 %) », ajoute-t-il. Le président de Syndifrais, Patrick Falconnier « appelle solennellement la distribution à une écoute constructive pour assurer la pérennité des acteurs de la chaine de valeur. Pour maintenir l’équilibre économique, nous estimons qu’une hausse de 4 à 6 % des prix est nécessaire ». Les négociations annuelles devraient s’ouvrir dans les prochaines semaines.

Didier Bouville

« L’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (ipampa) du lait de vache est à + 8,1 % sur un an quand le prix du lait n’a progressé que de 1,5 % (…) Cette explosion des charges vient mettre en évidence l’impérieuse nécessité du respect entier et immédiat de la loi EGAlim de 2018 (…) La colère gronde dans les campagnes, il y a urgence à agir », a déclaré la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) le 1er septembre dans un communiqué de presse.

Très inquiète, l’association spécialisée de la FNSEA alerte le ministre sur la situation des « trésoreries des fermes laitières », dont l’état remet « en question la pérennité du métier pour un grand nombre d’éleveurs. Certains osent s’exprimer sur leur situation, leur épuisement et le ras-le-bol face au manque de perspectives et de rémunération. Plusieurs déclenchements de l’aide a? la prévention des suicides la semaine dernière pour le seul département de la Dordogne témoignent de la situation », insiste la FNPL. Cette dernière appelle « maintenant les pouvoirs publics a? exiger de tous les opérateurs de l’aval laitier un droit de suite sur l’application de la loi EGAlim ».

Didier Bouville

A partir de début septembre, Jérôme Simon assurera la direction des Jeunes agriculteurs (JA), indique le président du syndicat Samuel Vandaele à Agra Presse le 31 août. Il remplace Claire Cannesson, directrice depuis deux ans et partie pour raisons personnelles. Âgé de 35 ans, M. Simon est directeur général adjoint du syndicat depuis septembre 2020. Diplômé de l’Ensat (Agro Toulouse), Jérôme Simon est entré chez les JA en 2011, où il a occupé les postes de conseiller Productions végétales, puis de responsable du service Economique et international.

Didier Bouville

La start-up américaine Eat Just, qui développe des similis de viande à partir de cellules animales, prévoit de construire un site important au Qatar pour mettre pied au Moyen-Orient et accélérer la production à grande échelle. La société est la première au monde à avoir reçu, fin 2020 à Singapour, l’autorisation de commercialiser des morceaux de poulet fabriqués artificiellement, actuellement vendus uniquement dans des restaurants. Il faut désormais passer à l’étape supérieure et cultiver cette viande dans des volumes beaucoup plus importants, affirme à l’AFP Josh Tetrick, le patron de Eat Just.

En plus de sites prévus aux Etats-Unis et à Singapour, l’entreprise a annoncé le 31 août avoir passé un partenariat avec le fonds Doha Venture Capital (DVC) et les autorités qataris pour construire une usine sur une zone franche avec un accès au port de Hamad, qui devrait coûter plus de 200 millions de dollars, selon M. Tetrick. Seules les autorités singapouriennes ont pour l’instant accordé leur feu vert à un aliment de ce type. Les autorités qataris pourraient accorder «très bientôt» leur feu vert à la commercialisation de viande artificielle par Eat Just et ont déjà accordé une licence pour exporter le produit, assure M. Tetrick. En fonction des choix d’ingénierie retenus, la production à grande échelle – à hauteur de dizaines de millions de kilos de viande – pourrait y débuter d’ici un an ou demi ou trois ans, ajoute-t-il.

Didier Bouville

Ce 31 août, le gouvernement argentin a prolongé de deux mois les restrictions sur les exportations de viande bovine, suspendues en mai puis partiellement rouvertes dans le cadre d’un système de quotas, afin de modérer les prix du marché intérieur. Buenos Aires a prolongé jusqu’au 31 octobre la limitation des expéditions de viande bovine à l’étranger à 50% de la moyenne exportée l’année dernière. Les ministères ont fait valoir «que les mesures prises ont rempli l’objectif de réduire la dynamique des prix» sur le marché intérieur. Selon le dernier rapport de la Chambre de commerce et d’industrie de la viande (Ciccra), en juillet, le prix de la viande aux comptoirs des détaillants a baissé de -0,9 à -2% après avoir augmenté de +8,2% en juin.

En mai, le gouvernement avait interrompu les exportations de boeuf pour tenter de contenir la hausse des prix de cette denrée de base de l’alimentation argentine. Son prix avait augmenté de 76% sur le marché intérieur en comparaison annuelle. Une réouverture progressive du marché a été autorisée le mois suivant avec un système de quotas de 50% du volume mensuel exporté en moyenne en 2020 et en réservant certaines coupes pour le marché intérieur. Le gouvernement a également lancé un plan pour l’élevage afin d’atteindre la barrière des 3 millions de tonnes de viande bovine produites par an.

Didier Bouville

L’AGPB (producteurs de blé, FNSEA) a nommé Jean-Louis Buër au poste de directeur général. Il succède à Jean-Marc Bournigal. Sa prise de fonction est fixée au 1er septembre, a-t-on appris le 27 août auprès du syndicat. Jean-Louis Buër a occupé différents postes au ministère de l’Agriculture, dernièrement celui de président de la mission d’inspection générale et d’audit. Ex-d.g. de l’Inao entre 2009 et 2012, il a aussi été conseiller agricole à l’ambassade de France en Pologne, en Russie.

Didier Bouville

La Commission européenne a autorisé le 27 août une aide française de 5,7 milliards d’euros jusqu’en 2026 pour le photovoltaïque sur les toits de professionnels. «Ce régime sera accessible aux opérateurs de petites installations photovoltaïques installées sur des bâtiments, d’une capacité maximale de 500 kW», indique-t-elle dans un communiqué. Il était limité jusque-là aux installations de moins de 100 kW. Il s’agissait le plus souvent de toitures de particuliers. Les installations concernées pourront bénéficier d’une aide sous la forme de tarifs de rachat (soit un prix garanti pour l’électricité produite) pendant vingt ans. Le relèvement du seuil jusqu’à 500 kW permettra de développer le photovoltaïque sur les toitures de petites industries, de centres commerciaux, et de bâtiments agricoles. «La cible est typiquement celle des hangars agricoles», commente David Gréau, chargé des relations institutionnelles chez Enerplan, syndicat de l’énergie solaire renouvelable.

Didier Bouville

Dans une tribune publiée le 30 août par le journal économique La Tribune, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique Cédric O affichent leur ambition de faire passer la France sur le «podium» mondial des «écosystèmes» de développement de start-up agtech (nouvelles technologies appliquées à l’agriculture) et foodtech ( – à l’agroalimentaire).

Selon le classement établi pour 2020 par les analystes américains d’AgFunder, la France se situe actuellement au cinquième rang mondial des pays où le montant global des financements de start-up agtech et foodtech est le plus élevé. Avec 660 millions de dollars investis en 2020 (M$), la France dépasse l’Allemagne (307 M$), mais elle reste loin derrière les Etats-Unis (13,4 milliards de dollars, Mrd$) et la Chine (4,8 Mrd$). Pour monter sur le podium, elle devra dépasser l’Inde (1,8 Mrd$) et le Royaume-Uni (1,1 Mrd$). Pour ce faire, «le gouvernement va fortement se mobiliser en faveur de ces innovations», annoncent les deux membres du gouvernement. Selon le cabinet du ministre de l’Agriculture, des annonces concrètes devraient suivre dans les prochains jours.

Didier Bouville

Un arrêté paru au Journal officiel le 20 août étend, jusqu’au 30 juin 2026, l’accord conclu au sein de l’Anicap (interprofession du lait de chèvre) le 3 mars 2021, qui rend la contractualisation obligatoire. Il s’applique désormais à l’ensemble des «producteurs de lait cru de chèvre», «opérateurs collectant du lait de chèvre» et «transformateurs de lait de chèvre». Principal changement par rapport à l’accord précédent, conclu en mai 2017: conformément à la loi Egalim, il revient aux éleveurs ou à leurs organisations de producteurs de proposer un contrat – et non aux acheteurs comme auparavant.

L’accord de 2017 avait été signé juste avant les Etats généraux de l’alimentation, et avait donc été rendu caduc par la loi Egalim qui en est issue. Selon les termes du nouvel accord, les contrats doivent comporter au moins les clauses suivantes: modalités de détermination et de révision du prix (sur la base d’indicateurs de coût de production et de marché); volumes; modalités de collecte; durée; facturation; révision. Particularité de la filière caprine: s’y ajoute une clause de sauvegarde, qui permet de rouvrir des négociations en cas de «graves difficultés susceptibles de concerner l’acheteur et/ou le producteur, objectivées par des résultats d’une conjonction d’indicateurs».

Didier Bouville