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«En février, les exportations [de viande de porc] de l’Union européenne à destination de la Chine sont au plus bas», alerte l’Ifip (Institut du porc) dans son baromètre de mai. Selon l’institut technique, «pour la plupart des fournisseurs de la Chine, les volumes sont réduits de moitié» par rapport à la même période de 2021. C’est le cas de la France, qui «a exporté 24 000 tonnes vers la Chine» en janvier et février, soit -50,5% en un an. Résultat: les exportations européennes vers l’Empire du milieu «rejoignent les niveaux de décembre 2018», avant que le cheptel chinois ne soit décimé par la peste porcine africaine (PPA). Depuis, la production reprend du poil de la bête chez le premier producteur et consommateur mondial, réduisant d’autant ses besoins en viande importée. S’y ajoute une baisse saisonnière de la demande (vacances de printemps après le Nouvel an chinois), ainsi que l’impact de la recrudescence du Covid (fermeture de restaurants, désorganisation logistique). Toutefois, «les volumes sont redirigés sur les autres marchés asiatiques (Japon, Philippines, Corée du Sud, NDLR) et au Royaume-Uni», note l’Ifip. Sur janvier et février, la baisse des exportations européennes vers les pays tiers se limite donc à 27,5% en un an (-31% pour la France), selon les chiffres de la Commission européenne.

Eva DZ

Face au blocage des ports de la mer Noire en raison de la guerre en Ukraine , la Commission européenne présentera le 12 mai un plan d’action pour «les voies de solidarité UE-Ukraine» afin de faciliter les exportations agricoles et le commerce bilatéral de l’Ukraine avec l’UE. Dans un document de 10 pages, obtenu par Politico, Bruxelles propose une série de mesures à court terme qui comprend notamment la mise en place d’une plateforme de mise en relation afin de faciliter les échanges entre les acteurs de la chaîne logistique. Elle prévoit aussi la mise à disposition par les acteurs du marché de l’UE de divers équipements (matériel roulant, des camions, des barges/caboteurs). Concernant le transbordement, la Commission lancera une consultation des ports de l’UE pour identifier ceux vers lesquels des services ferroviaires et routiers pourraient être opérationnels (les ports polonais de la mer Baltique, Gda?sk et Gdynia sont sur la liste). Elle précise également qu’elle s’efforcera de conclure rapidement un accord de transport routier avec l’Ukraine. Par ailleurs, l’exécutif européen propose de flexibiliser au maximum les contrôles sanitaires et phytosanitaires et d’augmenter les capacités de stockage temporaire de l’UE pour les céréales en provenance d’Ukraine. Des mesures à moyen-long terme sont également prévues pour améliorer les infrastructures (terminaux de transbordement et multimodaux et les connexions rail-route) dans l’UE et en Ukraine.

Eva DZ

Le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) a indiqué le 10 mai plus de surfaces en tournesol et soja, au détriment du maïs, soulignant des arbitrages liés à la hausse des prix des intrants. En maïs, les surfaces sont estimées à 1,5 Mha pour 2022 (-5,9 % sur un an). Cela reflète «les arbitrages réalisés par les agriculteurs pour les semis de printemps, dans un contexte d’envolée des prix des engrais et du gaz», selon une note. Le tournesol est prévu à 758 000 ha, «en nette progression par rapport à 2021 (+8,6%), et surtout par rapport à la moyenne 2017-2021 (+17,8%), sans toutefois atteindre le niveau de 2020». En cause, «une situation de marché fortement incitative, avec des prix records. C’est également une culture nécessitant moins d’engrais azotés que le maïs et plus résistante à la sécheresse», souligne Agreste. Le soja est annoncé à 160 000 ha (+3,9% sur un an), dans la moyenne 2017-2021. En pommes de terre de conservation et demi-saison, le ministère table sur des surfaces de 151 000 ha, quasi-stables par rapport à 2021 (-0,3%) et en légère hausse par rapport à 2017-2021 (+1,0%).

Didier Bouville

À l’issue de réunions avec les agences de l’eau et les organisations professionnelles agricoles, les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture ont indiqué le 9 mai que le guichet « Troisième révolution agricole » ouvert en avril pour aider les agriculteurs à faire face au changement climatique, et initialement doté de 20 M€, allait être abondé « de 20 M supplémentaires ». Ce financement fait partie des 100 M€, annoncés le 1er février en clôture du Varenne de l’eau, pour des équipements et matériels innovants destinés à l’« agriculture économe en eau ». Le dispositif a connu « un franc succès », avec 17 M€ de demandes d’aides déposées « en quelques jours » sur notamment des projets d’investissements en vue d’optimiser la consommation d’eau, comme le pilotage de l’irrigation, l’utilisation de techniques d’irrigation plus performantes, selon le cabinet du ministre de l’Agriculture.

Face à la sécheresse, le gouvernement a par ailleurs annoncé le 9 mai une autre mesure consistant à « mobiliser l’ensemble des surfaces en herbe détenues au sein des camps militaires, le long des réseaux ferrés » ou par les établissements publics fonciers. Quinze départements sont en situation de « vigilance » ou d’« alerte » sécheresse, une situation qui « aura un impact sur la production de céréales », a-t-il indiqué.

Didier Bouville

L’Autotité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a annoncé le 10 mai le report au mois de juillet 2023 de la publication de son rapport final sur la classification du glyphosate. Ces conclusions étaient normalement attendues pour le second semestre 2022 en vue d’un vote des États membres sur sa réautorisation avant le mois de décembre. L’autorisation du glyphosate dans l’UE expire le 15 décembre 2022. Mais compte tenu du «nombre sans précédent de commentaires» reçus par l’Efsa et l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) dans le cadre de leurs consultations et de la quantité importante d’informations qui s’ajoute «à un dossier qui contenait déjà beaucoup plus de données scientifiques que celles qui sont habituellement disponibles pour de telles évaluations», les deux agences ont révisé leur calendrier de travail.

La commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, s’est dite «profondément préoccupée» par ce retard mais estime aussi «qu’en ce qui concerne le glyphosate, il est extrêmement important que toutes les nouvelles preuves soient examinées en profondeur et prises en compte». La Commission européenne pourrait donc, comme elle l’avait déjà fait lors de la précédente procédure d’évaluation du glyphosate, prolonger d’une année l’autorisation de l’herbicide afin que la procédure puisse être menée normalement à son terme.

Didier Bouville

Dans un rapport dédié aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) dans le secteur agricole, publié le 9 mai, la Cour des comptes suggère de rétablir le régime de déclaration avec contrôles périodiques. Créé par la loi Barnier de 1995, ce régime mettant à la charge des exploitants des contrôles de premier niveau par des organismes extérieurs avait été supprimé en 2016, «à la demande de la profession». Autre réforme décriée par la Cour des comptes: l’extension du régime d’enregistrement, qui a contribué à rehausser les seuils d’autorisation. Autant d’assouplissements qui, estiment les magistrats dans leur rapport, seraient «en décalage avec le constat de sous-estimation chronique du nombre de pollutions accidentelles et le manque de prise en compte du risque de pollutions diffuses rattachés aux élevages». Comme le rappelle la Cour des comptes, les ICPE agricoles représentent plus de 20% du nombre total d’ICPE en France. Dans le détail, près des deux tiers des élevages de bovins, porcins et de volailles accueilleraient au moins une ICPE. La proportion d’installations soumise à enregistrement ou autorisation, les régimes les plus contraignants, serait «plus significative pour les élevages de volailles et de gibier (20%) et surtout pour les élevages de porcs (60%)».

Didier Bouville

Un arrêté «va sortir demain au Journal officiel» qui abaisse le niveau de risque lié à l’influenza aviaire à «modéré» dans «une grande partie du territoire», annonce le ministère de l’Agriculture le 9 mai. «Le pic de l’épizootie est considéré comme derrière nous», précise le cabinet du ministre lors d’un brief à la presse, rappelant que l’abaissement du niveau de risque est synonyme de levée des restrictions (mise à l’abri, mouvements d’animaux, remises en place). Le niveau de risque est maintenu à «élevé» dans 19 départements du grand Ouest, du Sud-Ouest et de la Bretagne qui ont connu l’épizootie, ou sont situés à proximité de foyers. La situation est toujours «évolutive» en Dordogne par exemple, avec «une suspicion par jour», selon le cabinet. Depuis le début de l’épisode d’influenza aviaire en novembre, 1374 foyers ont été recensés en élevages (ainsi que 46 en faune sauvage et 30 en basse-cour). D’après l’entourage du ministre, près de 16 millions de volailles ont été abattues (dont 11 millions dans le grand Ouest) pour tenter de freiner la propagation de la maladie. Par ailleurs, comme attendu, le 10 mai marquera aussi le démarrage de l’expérimentation de la vaccination contre l’influenza, qui sera testée dans un premier temps sur deux lots de palmipèdes.

influenza+grippe aviaire

Didier Bouville

Une chaleur estivale et des nappes phréatiques pas assez rechargées: l’absence de pluie sur l’ensemble de la France menace la croissance des céréales et notamment du blé, a alerté le 9 mai la FNSEA. «Aucune région n’est épargnée. Chaque jour qui passe, on voit des sols se craqueler. Même dans le Nord, les céréales ont soif», a déclaré à l’AFP sa présidente, Christiane Lambert. «Si cela continue comme ça, ceux qui ont la possibilité d’irriguer vont s’en sortir, les autres auront des baisses de rendement dramatiques » «Nous sommes très inquiets, dit Joël Limouzin, élu en charge des situations d’urgence à la FNSEA. C’est une période délicate pour les céréales: le blé a atteint sa taille adulte, l’épi s’est développé et on est maintenant au stade du grossissement du grain.» Sans eau et sous l’effet de la chaleur, les grains se flétriront, avec comme risque «une perte de rendement qui peut aller jusqu’à 40% si le temps reste sec pendant plusieurs semaines», met-il en garde. «Plus que jamais, il faut qu’on arrive à stocker de l’eau», plaide la FNSEA, qui alerte sur les risques d’une flambée encore plus forte des coûts alimentaires en cas de mauvaise récolte en France.

Didier Bouville

Le ministère de la Transition écologique a mis en consultation, du 5 au 26 mai, un projet de décret visant à clarifier les définitions de cultures principales et de cultures intermédiaires utilisées pour la production de biométhane et de biocarburants. Une «culture principale» répond à au moins un des cinq critères suivants : unique culture récoltée sur une parcelle pour une année ; culture déclarée comme telle dans une demande d’aide Pac ; culture n’ayant fait l’objet d’aucune demande d’aide Pac ; culture présente au 1er juin, ou à une autre date, comprise entre le 1er juin et le 15 juin, définie par le représentant de l’Etat dans le département au regard des spécificités climatiques et des pratiques culturales ; culture pérenne, ou cultivée sur une parcelle avec culture pérenne. Une «culture intermédiaire» est semée et récoltée entre deux cultures principales sur une année civile ou deux années civiles consécutives. Par ailleurs, le texte propose de vérifier le respect de la limite de 15% de cultures alimentaires pour chaque lot de biométhane injecté, correspondant à une période de production inférieure à un an.

La rédaction

Après avoir atteint des niveaux record en février et mars (dépassant le pic de février 2011), les prix alimentaires mondiaux mesurés par la FAO ont légèrement reculé (-0,8%) en avril, selon les dernières estimations publiées le 6 mai. Cette baisse s’explique en grande partie par celle des prix des huiles végétales (-5,7% en un mois) du fait du «rationnement de la demande qui a tiré vers le bas les prix des huiles de palme, de tournesol et de soja». La FAO note néanmoins que «des incertitudes quant aux disponibilités exportables en partance d’Indonésie, premier exportateur mondial d’huile de palme, ont contenu une baisse plus marquée des prix internationaux». Les prix des céréales ont aussi enregistré un recul (-0,4%) tiré par la baisse de 3% des cours du maïs «car les disponibilités saisonnières issues des récoltes qui se déroulent actuellement en Argentine et au Brésil ont contribué à atténuer la pression sur les marchés». Les autres produits alimentaires de base sont plutôt orientés à la hausse: + 3,3% pour le sucre, + 2,2% pour la viande et + 0,9% pour les produits laitiers.

Didier Bouville