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La décarbonation de l’économie française «va appeler à un supplément d’investissement», confirme un rapport publié par l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz, estimant selon l’AFP les besoins à 66 milliards d’euros par an. Les prochaines années sont qualifiées par ce document de «décennie de toutes les difficultés» avec des besoins massifs pour financer les nouvelles mobilités, l’industrie verte ou l’isolation des bâtiments, ou encore pour compenser l’effondrement du puits de carbone forestier français. Pour financer les efforts, les experts proposent un impôt «exceptionnel et massif» sur les contribuables les plus riches, en plus de recourir à l’endettement. «Le gouvernement doit trancher sur la répartition des actions dans le temps, sur l’ampleur du soutien aux ménages et sur l’accompagnement de la transition en matière de marché du travail et de compétences: cela demande une planification sur trente ans», détaille Jean Pisani-Ferry dans une interview accordée à nos confrères du Monde (article payant). Saluant un rapport d’une «grande utilité», Matignon confirme que «le défi est très grand». «C’est pour cela que nous mettons en œuvre la planification écologique», rappelle-t-on dans l’entourage d’Élisabeth Borne.

La rédaction

Le bilan humain des inondations qui frappent l’Emilie-Romagne, riche région agricole et touristique du nord de l’Italie, s’est encore aggravé le 19 mai, passant à 14 morts, sur fond de polémique autour de l’inaction des pouvoirs publics. «Nous reconstruirons tout. Mais la filière agroalimentaire et maraîchère a besoin d’être indemnisée à 100%. Nous avons eu la sécheresse, le gel, et maintenant ces inondations dramatiques», a rappelé le président de la région, Stefano Bonaccini. L’Italie connaît un mois de mai pluvieux et frais mais un véritable déluge s’est abattu ces derniers jours sur l’Emilie-Romagne: d’immenses superficies agricoles ont été noyées sous les eaux, ravageant champs de céréales, maraîchages, fourrage pour le bétail, des villages entiers ont été lavés par les crues boueuses, des ponts se sont effondrés et 400 routes se sont affaissées, des glissements de terrain ont creusé le relief. Les dégâts se compteraient en milliards d’euros, auxquels s’ajoutent deux milliards estimés après les inondations ayant déjà frappé la région au début du mois. «Cinq mille exploitations agricoles ont fini sous l’eau: des serres, des pépinières, des étables dont les bêtes sont noyées, des dizaines de milliers d’hectares inondés de vigne, de kiwis, de poires, de pommes, de légumes et de céréales», a détaillé la Coldiretti (syndicat agricole), le 18 mai.

La rédaction

La Première ministre Elisabeth Borne doit dévoiler le 22 mai son plan d’actions pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France, et demander «à tout le monde de faire sa part», des particuliers aux gros pollueurs. Matignon a indiqué le 20 mai que la cheffe du gouvernement allait présider lundi une réunion de travail du Conseil national de la transition écologique, une instance de dialogue réunissant ONG, syndicats, patronat, parlementaires… «L’objectif (…) sera de faire un point d’étape sur l’avancement de la planification écologique, dont la Première ministre est en charge». Plus précisément, selon une source à Matignon, Mme Borne présentera le «plan d’actions» du gouvernement pour réduire les émissions secteur par secteur (industrie, transport, bâtiments, agriculture, énergie, déchets). L’annonce interviendra une dizaine de jours après que, dans l’affaire dite de Grande Synthe, le Conseil d’État a demandé au gouvernement de «prendre toutes mesures supplémentaires utiles pour assurer la cohérence du rythme de diminution des émissions de gaz à effet de serre» avec la trajectoire fixée par décret dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Se basant sur des rapports des ONG et du Haut Conseil pour le Climat, le Conseil d’État souligne notamment pour le secteur agricole que «le plan stratégique national n’est pas suffisamment abondé et ne permettrait en l’état, au mieux, que d’atteindre la moitié des objectifs du secteur d’ici 2030».

La rédaction

Le ministre de l’Economie a inauguré le 17 mai la nouvelle usine de la société HappyVore (ex-Les Nouveaux fermiers), spécialisée dans les alternatives végétales à la viande. En choisissant cette société, déjà en conflit avec plusieurs filières, et en mettant en avant les atouts climatiques de ses produits sur les réseaux sociaux, Bruno Le Maire a provoqué des réactions agacées de la filière viande. En effet, sur Twitter, l’ancien ministre de l’Agriculture a déclaré que «Happyvore est l’exemple parfait de ce que nous voulons construire avec le projet de loi Industrie Verte : développer une activité économique tout protégeant la planète.» Puis il a ajouté: «Le saviez-vous ? 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90 % de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales.» Dans une réponse sur Twitter, le président d’Interbev, Jean-François Guihard accuse le ministre de «dénigrer nos filières animales» et met notamment en avant ses «500 000 emplois» ainsi que son«maillage territorial essentiel à notre pays !» En 2022, plusieurs interprofessions des filières viande, dont Interbev, s’étaient déjà plaints des Nouveaux Fermiers auprès du Premier ministre. Elles dénonçaient «une stratégie visant à profiter de l’image culinaire de la viande – en usurpant le terme « fermier » pourtant protégé juridiquement, ainsi que tous les « codes » de la viande – pour finalement dénigrer les produits des filières françaises d’élevage.»

La rédaction

Avec 68% des niveaux des nappes sous les normales mensuelles en avril (75% en mars 2023), la situation demeure «peu satisfaisante» dans une grande partie du pays, a indiqué le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans un communiqué de presse du 17 mai. «La situation en début de printemps est plus déficitaire que l’année dernière», où seulement 58 % des nappes étaient sous les normales en avril, souligne-t-il. «Durant l’automne et l’hiver, les pluies ont été peu efficaces pour la recharge des nappes», souligne le BRGM. «En mars et en avril 2023, le cumul des précipitations a été excédentaire sur une grande partie du territoire», ajoute-t-il avant de préciser que l’effet bénéfique sur les tendances est «hétérogène», selon le cumul et la réactivité de la nappe. Ainsi, la situation s’est «améliorée considérablement sur les nappes du Massif armoricain, du littoral de la Manche et du Grand-Est. «Ailleurs, les pluies ont eu peu d’effet sur les tendances et l’état des nappes» souligne le BRGM, qui précise que dans le sud de la France, les pluies infiltrées en profondeur «ont été insuffisantes voire inexistantes». En l’absence de précipitations suffisantes, la vidange devrait se généraliser à l’ensemble des nappes courant mai.

La rédaction

En France, la part de personnes déclarant ne pas pouvoir manger à leur faim est passée de 12 à 16% en cinq mois entre juillet et novembre 2022, révèle une enquête du Crédoc (centre de recherche rattaché au ministère de l’économie). Ce pourcentage avait augmenté de 3% entre 2016 et 2022, passant de 9 à 12%. Autre signe de la hausse de la précarité alimentaire : 45% des Français déclarent avoir assez à manger, mais ne pas avoir accès à tous les aliments qu’ils souhaiteraient en terme de qualité. Leur nombre est en hausse de 3% par rapport à 2016. L’inflation est le premier facteur avancé pour expliquer cette hausse de la précarité alimentaire : les trois quarts des personnes interrogées expliquent en effet que leur situation est liée à un manque d’argent. D’autres facteurs peuvent également entrer en jeu comme des difficultés à se déplacer pour aller faire ses courses, accentuées par la hausse des prix des transports en commun ou de l’essence. Les jeunes adultes (moins de 40 ans) sont ceux qui ont le plus de mal à se nourrir en quantité suffisante. Un jeune adulte sur quatre ne mange pas à sa faim. Les femmes sont plus exposées que les hommes (18% contre 14% pour les hommes).

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En déplacement le 17 mai, Marc Fesneau a annoncé un nouveau plan d’aide au secteur bio «équivalent à 200 M€ de soutien sous diverses formes» selon son entourage. Le ministre accordera 60 M€ supplémentaires d’aides d’urgence, en complément des 10 M€ annoncés au salon de l’agriculture. Alors que la première enveloppe est distribuée selon des critères hétérogènes en fonction des départements, cette nouvelle aide devrait faire cette fois l’objet de critères «définis en centrale». En complément, l’État s’engage à «faire respecter les seuils prévus par Egalim dans ses établissements», pour un montant additionnel de commande bio évalué à 120 M€ annuels. Pour encourager la demande, la Rue de Varenne versera par ailleurs 500 000 € à l’Agence bio pour la campagne Bioréflexe, en plus d’une autre campagne financée par France 2030 à hauteur de 3 M€. «C’est une bonne nouvelle que le gouvernement ait mesuré la détresse des producteurs bio», réagit Henri Bies-Peré, vice-président de la FNSEA, rappelant que les interprofessions avaient chiffré les besoins entre 100 et 150 M€. Le président de la Fnab Philippe Camburet salue de même la «réponse» ministérielle, tout en estimant que les enveloppes «ne compenseront pas les pertes dues au plan stratégique national».

La rédaction

L’examen de la proposition de loi «pour un choc de compétitivité de la ferme France» en plénière au Sénat a commencé, le 16 mai en milieu d’après-midi, en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Le représentant du gouvernement juge que le débat ouvert par les sénateurs est «utile» en amont du travail sur le projet de loi d’orientation agricole (PLOA). Le texte du gouvernement «aura vocation à élargir encore le spectre des sujets dont nous auront à débattre aujourd’hui», a-t-il déclaré en séance. Interrogé au micro de RMC le matin même, Marc Fesneau a cependant exprimé son «désaccord avec le Sénat» au sujet de l’Anses. L’article 13 donne la possibilité au ministre de l’Agriculture de suspendre temporairement une décision de l’agence lorsqu’elle n’est pas synchronisée avec les autres états membres de l’Union européenne et qu’il n’existe pas d’alternative efficiente. Le locataire de la rue de Varenne estime que «remettre en cause l’Anses dans ses fondements» serait «une erreur». Il rappelle la volonté du gouvernement de «réduction de l’usage des produits phytosanitaires». Une motion de rejet préalable, déposée par les sénateurs écologistes et soutenue par le groupe socialiste, a été rejetée à l’ouverture des débats au Sénat.

La rédaction

Dans un rapport paru le 12 mai sur la «dépendance des industries agroalimentaires à l’égard des biens et services étrangers», le CGAAER (ministère de l’Agriculture) dépeint une «grande puissance agroalimentaire» qui souffre toutefois de «fragilités intrinsèques» («manque de compétitivité et innovation») et de «vulnérabilités externes» (dépendances de l’amont et de l’aval aux intrants et aux énergies, ou liées à la géographie). Pour y remédier, la mesure la plus marquante est une incitation fiscale à la constitution de stocks d’intrants et produits intermédiaires stratégiques, afin de se prémunir de chocs comme ceux connus durant les confinements liés au Covid-19. Par ailleurs, les auteurs proposent de constituer davantage de connaissances, filière par filière. Ils proposent d’améliorer l’appareil statistique et d’établir avec les professionnels une «revue de l’ensemble des filières», d’ici fin 2025. Étudiant par exemple le cas de la volaille de chair dans leur rapport, les auteurs établissent une «analyse rassurante» malgré l’importance des importations, car celles-ci proviennent essentiellement d’Europe. Toutefois, ils mettent en garde sur la tendance de la filière française à creuser ce déficit, qui expose à un risque de «dépendance majeure à échéance de dix ans».

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«En 2023, les surfaces de maïs grain sont au plus bas depuis plus de 30 ans, celles de tournesol au plus haut depuis 25 ans», prévoit le service de statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) dans une note de conjoncture parue le 16 mai. Les surfaces de maïs grain – y compris semences – sont estimées à 1,3 Mha, soit environ 100 000 ha de moins qu’en 2022 et 200 000 ha de moins que la moyenne 2018-2022. «Pour la première fois depuis trente ans, la sole de maïs serait donc en deçà de 1,4 Mha», souligne le ministère. Hormis en Bretagne, où les surfaces seraient en légère hausse de 4 %, la baisse est générale. Elle est particulièrement marquée en Pays de la Loire (-17 %) et en Occitanie (-11%). Les semis ne sont néanmoins pas terminés: au 1er mai 2023, 59% des semis étaient réalisés, contre 81 % en 2022, selon le rapport Céré’Obs. Au contraire, les surfaces de tournesol progresseraient de 0,8% et atteindraient 0,9 Mha. «Un record depuis la fin des années 1990», selon le ministère, qui précise que les semis de tournesol sont en cours et estimés à 868 milliers d’ha. A l’exception du Sud-Ouest, où les surfaces diminueraient légèrement, toutes les régions voient leurs surfaces de tournesol augmenter (+3 % en région Centre et dans le Grand-Est, +7 % dans les Pays de la Loire).

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