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Estimées à 6,4 millions d’hectares (Mha), les surfaces de céréales d’hiver diminueraient de 5,1 % par rapport à 2023, et de 3,5 % par rapport à la moyenne 2019-2023, rapporte le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) dans une note de conjoncture parue le 12 décembre. Toutes les céréales d’hiver sont concernées par cette baisse, et plus particulièrement le blé dur. Côté blé tendre d’hiver, les surfaces enregistreraient une baisse de 5,1 % par rapport à 2023, et de 4,7 % par rapport à la moyenne 2019-2023, pour s’établir à 4,49 Mha. Selon le service statistique, cette diminution des surfaces affecte la plupart des régions, avec néanmoins des baisses de plus de 20 % en Pays-de-la-Loire et Midi-Pyrénées en un an. Les surfaces de blé dur, estimées à 205 000 ha, diminueraient de 10,5 % par rapport à 2023, et de 15,7 % par rapport à la moyenne 2019-2023. Des chiffres à prendre avec précaution: «les pluies abondantes, observées depuis la mi-octobre sur l’ensemble du territoire, empêchent les interventions dans les champs et pourraient conduire à des reports de semis au printemps». Enfin, les surfaces cultivées en orge d’hiver connaissent une baisse de 4 % par rapport à 2022, celles de triticale de 5,7 % par rapport à 2023 et celles d’avoine d’hiver de 4 % par rapport à 2023.

Didier Bouville

À l’occasion de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2024, le 27 novembre, le ministre des Comptes publics Thomas Cazenaze a donné un avis de sagesse à un amendement centriste proposant de rendre trimestriel le rythme des avances de remboursement d’accise sur l’énergie (TICPE) versée aux entreprises de travaux agricoles (ETA). Le versement de l’exonération partielle de la TICPE se ferait actuellement au rythme des deux avances annuelles, a expliqué le rapporteur général de la commission des Finances, qui a donné un avis favorable à l’amendement. Thomas Cazenaze a quant à lui expliqué qu’il n’avait «pas de désaccord de principe» pour une mesure «qui vise à faciliter la vie de ceux qui en bénéficient», sous réserve «que l’on puisse en instruire la faisabilité avec la DGFip», la Direction générale des finances publiques, à Bercy. Le montant de remboursement de TICPE actuel «va de 4 000 euros à 50 000 euros par an» pour les ETA, rappelle l’exposé des motifs. Mi-septembre, le ministère de l’Économie et des finances avait annoncé qu’un accord a été trouvé avec la FNSEA sur la trajectoire de relèvement de la fiscalité du GNR (gazole non routier) dans le secteur agricole. Une hausse linéaire de 2,85 ct€/l/an du montant de la TICPE a été «proposée à la FNSEA» et «a été acceptée». Plusieurs dispositifs fiscaux ont été annoncés pour compenser cette hausse.

Didier Bouville

Les députés ont adopté une motion de rejet préliminaire du projet de loi Immigration dont la lecture commençait le 11 décembre. Le texte est en conséquence rejeté par l’Assemblée nationale. La motion, présentée par les écologistes, a emporté 270 voix contre 265 (majorité à 268). Le détail du scrutin, publié sur le site de l’Assemblée nationale, indique un vote quasi unanime du RN en faveur du rejet (87 voix sur 88) et un résultat plus divers chez LR (40 votes «pour» sur 62 députés LR, deux votes «contre» et 11 abstentions). À gauche, LFI, socialistes, écologistes et communistes ont massivement voté pour la motion. La loi Immigration devait concerner le domaine agricole par son article 4, qui portait sur la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension. Le 7 décembre, les Républicains avaient exprimé leur opposition à cette disposition. Désormais, il semble que trois options se dessineraient pour le gouvernement: poursuivre la navette parlementaire en renvoyant le texte au Sénat, convoquer une commission mixte paritaire, ou tout bonnement abandonner le texte de loi.

Didier Bouville

Dans un arrêté paru le 10 décembre, le ministère de l’Agriculture a publié les montants finaux des écorégimes pour la campagne 2023, dont le versement des soldes a commencé le 7 décembre, pour s’achever au 20 décembre selon nos confrères de la France agricole. Comme le laissaient pressentir les montants de référence utilisés pour le versement des acomptes, les montants des écorégimes sont plus faibles qu’annoncé en mars : 46,69 euros par hectare pour le niveau de base, au lieu de 60 annoncés ; 63,72 euros par hectare au lieu de 82 pour le niveau supérieur, 93,72 euros par hectare pour les bio au lieu de 110. Lors de l’annonce des montants des acomptes en octobre, la Fnab avait vivement dénoncé la perspective d’une baisse de l’écorégime bio. Dans une note adressée aux OPA, le ministère avait souligné toutefois avoir tenu à maintenir l’écart de 30 €/ha entre le bio et le paiement supérieur classique. Mais la Rue de Varenne concédait que «plus d’agriculteurs que prévu en 2021». Selon les informations de l’Agence de services et de paiement (ASP) dévoilées par Agra presse fin septembre, l’éco-régime a été demandé par près de neuf agriculteurs sur dix à l’occasion de la première campagne de télédéclaration des aides de cette nouvelle programmation.

Didier Bouville

«Une conférence des solutions sera organisée au premier trimestre 2024» afin de «lever les freins» rencontrés par la restauration collective pour atteindre les objectifs d’Egalim, indique le ministère de l’Agriculture dans un communiqué le 7 décembre. Une annonce faite lors d’un Conseil national de la restauration collective (CNRC) le 7 décembre. Lors de cette réunion, Marc Fesneau a «invité» les opérateurs à «redoubler d’efforts» pour tenir les objectifs d’approvisionnement de la loi Egalim, et en particulier à «soutenir les agriculteurs bio». Le ministre a aussi annoncé «la publication d’une circulaire interministérielle en fin d’année 2023», qui sera «destinée à mobiliser l’ensemble des restaurants collectifs» relevant de l’État. La Rue de Varenne a aussi annoncé la création d’un «bonus Egalim» pour les communes qui «s’engagent à tout mettre en œuvre pour atteindre les obligations de la loi» dans le cadre de la tarification sociale (reste à charge de 1€ pour les familles les plus précaires). La première loi Egalim a fixé un objectif de 50% de produits de qualité et durables (dont 20% bio), à atteindre début 2022. Presque deux ans plus tard, la restauration collective n’est qu’à 13%, selon «la dernière enquête (…) auprès des établissements inscrits sur la plateforme Ma cantine».

Didier Bouville

Le changement climatique, la demande des consommateurs et l’évolution de la structure du secteur seront les principaux facteurs susceptibles d’affecter l’avenir de l’agriculture de l’UE jusqu’en 2035. C’est le constat réalisé par la Commission européenne dans son rapport sur les perspectives agricoles pour 2023-2035, publié le 7 décembre. Ainsi, la productivité, favorisée par une hausse de la taille des fermes, est affectée par le changement climatique et ses conséquences sur les ressources naturelles (sols et eau). Cette tendance devrait se poursuivre. À moyen terme, Bruxelles indique que les coûts de l’énergie et des intrants devraient rester à des niveaux supérieurs à ceux d’avant 2021. Par ailleurs, la Commission avance que l’évolution des préférences des consommateurs aura un impact sur les modèles de production (notamment animale). Ainsi, la consommation de viande bovine (entre -0,5 et-0,7 kg/habitant/an entre 2023 et 2035), porcine (-2,1 kg) et de vin (-2,4 l) devrait diminuer, alors que celle de certaines protéines végétales comme les légumineuses (+61% entre 2023 et 2035) pourrait augmenter. Quant au sucre, il verrait son utilisation domestique globale reculer de 1,2 Mt. Enfin, pour Bruxelles, la Pac reste un outil fondamental pour les agriculteurs dans la transition vers des productions plus durables et pour répondre à la demande alimentaire globale.

Didier Bouville

«Le dialogue structuré sur l’avenir de l’agriculture européenne sera lancé au mois de janvier», a seulement indiqué, le 6 décembre lors de la conférence agricole annuelle de la Commission européenne, sa présidente Ursula von der Leyen. Mais aucun détail sur les modalités de cette consultation ni sur son calendrier précis n’ont été apportés. Une chose est sûre, cette consultation sera menée au pas de charge puisque la publication de conclusions – qui constitueraient une feuille de route pour la prochaine Commission en matière de politique agricole – est prévue pour le mois d’avril. Le commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, qui n’a pas la main sur cette initiative confiée au vice-président Maros Sefcovic, a toutefois profité de l’occasion pour apporter sa contribution au débat en présentant «sa» vision de la future PAC. Il estime que celle-ci devra se concentrer sur la sécurité alimentaire et s’appuyer sur «des incitations financières plutôt que des normes réglementaires». Il propose la création d’un «troisième pilier de la PAC» consacré à la gestion des risques équipé de nouveaux instruments de crise. Et pour cela, Janusz Wojciechowski espère que le budget de la PAC sera renforcé. Une décision qui est entre les mains des États membres.

Eva DZ

Réuni à Kasane (Botswana), le Comité intergouvernemental de l’Unesco a inscrit le 6 décembre l’«irrigation traditionnelle» et la pratique de la transhumance au «patrimoine culturel immatériel de l’humanité». Présente dans sept pays d’Europe occidentale*, l’irrigation traditionnelle «utilise la gravité et des constructions artisanales (…) pour acheminer l’eau des points de captage naturels (…) vers les champs», selon l’Unesco. Quant à la transhumance, elle est définie comme «un déplacement saisonnier de personnes et de leur bétail entre plusieurs régions géographiques ou climatiques». Dans le détail, la décision du 6 décembre sur la transhumance est une extension d’une précédente inscription actée en 2019 concernant les migrations du bétail en Méditerranée et dans les Alpes (Autriche, Grèce, Italie); y ont été ajoutées l’Albanie, Andorre, la Croatie, la France, le Luxembourg et la Roumanie. Par ailleurs, ont également été inscrites au patrimoine de l’humanité la tradition de la saison d’alpage en Suisse et les «connaissances, méthodes et pratiques traditionnelles associées à la culture de l’olive» en Turquie. En tout une quarantaine de traditions, savoir-faire et évènements ont été inscrits le 6 décembre.

* Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse

Eva DZ

Les négociations sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et le climat menées dans le cadre de la COP28 à Dubaï se sont soldées par un échec, apprend-on auprès de l’ONG Action contre la faim présente sur place. «Les négociations se sont terminées [le 5 décembre], on est super déçus» a confié Marie Cosquer, analyste plaidoyer de l’association. Si aucune recommandation n’était attendue de ce round de négociations, les participants devaient se mettre d’accord sur trois thématiques d’ateliers constituant le cœur du programme de travail de Charm el-Cheikh, pour les trois années à venir. Était aussi sur la table une révision éventuelle de la gouvernance. «Les pays ne se sont pas mis d’accord sur la marche à suivre (…), ils se sont beaucoup battus sur des questions de procédures et assez formelles, et peu sur le fond», explique-t-elle en regrettant qu’il n’y ait «pas d’opportunité de parler d’agroécologie». Les négociations reprendront «dans six mois, dans les intercessions à Bonn» (en Allemagne), a précisé Marie Cosquer qui a «du mal à voir comment les positions des pays vont changer d’ici là».

Eva DZ

A l’issue de leur rencontre avec la Première ministre et du ministre de l’Agriculture le 5 décembre, les représentants de la FNSEA et des JA ont poursuivi les discussions autour de l’opportunité de rendre difficilement contournable, voire obligatoire le futur guichet unique dédié à l’installation, la formation et la transmission, qui doit s’intituler France service agriculture. Selon le président des JA, Arnaud Gaillot, «ils partagent avec nous l’idée qu’il faut aller au plus loin de l’obligation» de passer par ce guichet unique. Les services ministériels plancheraient sur la constitutionnalité de plusieurs mesures: «Est-ce que l’on va marquer que l’on est pas agriculteur si on est pas passé par France service agriculture ? Est-ce que c’est constitutionnel ?» Autant de questions qui seraient à l’étude. L’impossibilité d’accès aux aides Pac ou à l’assurance Atexa seraient sur la table. Par ailleurs, les syndicats ont fait part de leur impatience à voir présenté le Pacte et examiné la loi d’orientation agricole (LOA). La date de présentation du Pacte devrait être annoncée «prochainement». Quant à la loi, «il y a des discussions pour savoir si elle doit être examinée avant ou après le Salon de l’Agriculture. Nous avons surtout demandé à ce qu’elle soit inscrite, d’ici la fin de l’année à l’agenda parlementaire».

Didier Bouville