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Une trentaine d’éleveurs de la FNB (producteurs de bovins viande, FNSEA) se sont rassemblés le 25 mai devant le ministère de l’Économie, à Paris, pour réclamer un «plan de sauvegarde» de la filière, récemment pointée par un rapport de la Cour des comptes. Son président Patrick Bénézit plaide pour «un plan qui protège les éleveurs, qui permette d’arrêter la décapitalisation et qui permette aux éleveurs de pouvoir vivre de leur métier». La FNB a choisi de placer son action à Bercy en réponse au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, accusé par la FNB d’avoir «stigmatisé lourdement le secteur de l’élevage» lors d’une visite chez HappyVore (steaks végétaux). Les éleveurs bovins souhaitaient aussi répondre à la Cour des comptes, qui a proposé dans un récent rapport de «réduire drastiquement l’élevage», selon le syndicat, afin de diminuer les émissions françaises de gaz à effet de serre. Une «véritable provocation» pour Patrick Bénézit: «La Cour des comptes parle de 11% des émissions pour l’élevage bovin, mais oublie de prendre en compte le CO2 stocké et la biodiversité dans nos 13 millions d’hectares de prairies». Tout en critiquant l’appel à réduire le cheptel, alors que la France a perdu «trois millions de vaches en soixante ans», mais que la consommation de viande bovine se maintient, au profit des importations. De son côté, dans un entretien sur France Inter le 25 mai, le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a proposé de «rencontrer les responsables du monde agricole, de la filière bovine aussi, pour discuter du fond du rapport»

La rédaction

Dans le cadre des négociations de l’accord de libre-échange avec l’Australie, la Commission européenne a proposé le 24 mai «un contingent d’importation de 24 000 tonnes de viande bovine», a rapporté le président de la FNB (éleveurs de bovins viande) Patrick Bénézit le lendemain. «Il s’agit d’une proposition de début de négociation, ce sera donc probablement un minimum», s’est-il inquiété lors d’une action syndicale devant le ministère de l’Économie à Bercy (Paris). Selon Dominique Fayel, président du groupe bovins viande au Copa-Cogeca, il s’agirait d’un quota à droits de douane nuls. Et il pourrait être mis en place progressivement sur une période de sept ans, d’après les informations d’Agra Europe. Bruxelles, qui compte conclure les négociations avec Canberra en juillet, aurait aussi proposé des quotas pour d’autres produits animaux: 20 000 t de viande ovine, 8000 t de lait écrémé en poudre ou encore 5000 t de beurre, le tout à droits de douane nuls. Concernant la viande bovine, le quota de 24 000 t en négociation s’ajouterait à d’autres volumes également en discussion, totalisant plusieurs dizaines de milliers de tonnes: 50 000 t pour le Canada (accord Ceta en application transitoire), 20 000 t en provenance du Mexique, 10 000 t de Nouvelle-Zélande (accord signé), ou encore 2 000 t en provenance du Chili et 99 000 t du Mercosur.

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Après avoir reculé de 1,2% au début de l’année, la collecte laitière se rétracte de 3% en mars par rapport à 2022 sous l’effet de «la chute considérable des effectifs de vaches», indique la publication Tendances de l’Institut de l’élevage (Idele), parue le 23 mars. Les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer annoncent un niveau de baisse similaire pour le mois d’avril, autour de 2,5-3%. Et la situation ne devrait pas s’améliorer dans les mois à venir, selon les projections de l’Idele. «Depuis 2015, on assiste à un recul du cheptel laitier avec un accroissement progressif de la perte des vaches année après année. Jusqu’à récemment, la collecte avait peu reculé. Dorénavant, la chute considérable des effectifs de vaches a un impact significatif sur le niveau de collecte», expliquent les auteurs. Le recul du cheptel laitier s’établit à 2,4% au 1er avril par rapport à 2022. Il s’explique par la baisse du nombre d’entrées de génisses (3%), plus que par la réforme de vaches laitières qui a «fortement diminué» (-7%/2022). En lait bio, le déclin de la collecte est encore plus importante (-4,3% en mars/2022).

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Entre mars 2022 et mars 2023, les prix des produits vendus par les entreprises agroalimentaires à la grande distribution ont augmenté de 16%*, selon un communiqué faisant part des résultats de l’Observatoire des négociations commerciales annuelles, publié par le médiateur, le 24 mai. Cette évaluation tient compte des hausses de prix négociées dans le cadre des «renégociations commerciales», déclenchées en mars 2022 pour pallier les effets de la guerre en Ukraine et de l’influenza aviaire. Les négociations commerciales annuelles, qui se sont tenues du 1er décembre 2022 au 1er mars 2023, ont abouti sur une hausse de 9% des tarifs. Les fournisseurs demandaient en moyenne 14% de hausse. En ce qui concerne la mise en œuvre d’Egalim 2, les industriels et les distributeurs s’accordent à dire que «la prise en compte de l’évolution du coût de la matière première agricole (MPA, ndlr) s’est effectuée dans des conditions globalement satisfaisantes». Les contrats doivent, depuis les précédentes négociations, comporter des clauses de révision du prix de la MPA en fonction de l’évolution des prix de marché. Leur déclenchement est prévu une seule fois dans l’année dans environ 40% des cas. Dans le reste des contrats, la moitié prévoit une révision séquencée (deux fois dans l’année), l’autre une révision certaine et une révision conditionnelle.

*Tous les pourcentages sont exprimés en prix 3-net : prix du tarif diminué des ristournes et rabais du fournisseur et du montant des prestations commerciales facturées par l’acheteur

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La commission de l’Environnement du Parlement européen (Comenvi) a adopté le 24 mai sa position sur la révision de la directive européenne sur les émissions industrielles en élargissant son champ d’application au secteur de l’élevage mais dans des proportions inférieures à ce que proposait la Commission européenne. Les eurodéputés se sont prononcés pour un seuil d’entrée dans le dispositif de 300 unités de gros bovins (UGB) pour les élevages de bovins, 200 UGB pour ceux de porcs et de volailles et 250 UGB pour les exploitations mixtes. La Commission européenne proposait que ce seuil soit fixé à 150 UGB pour l’ensemble des élevages. La position de la Comenvi (responsable sur ce dossier) est moins conservatrice que celle voulue par la commission de l’Agriculture qui demande d’exclure totalement les exploitations bovines du champ d’application de la directive et de maintenir le statu quo pour les secteurs du porc et de la volaille. Le Parlement européen doit encore adopter sa position définitive en plénière (lors de la session du 10 au 14 juillet) puis des négociations pourront débuter avec les États membres. Ils se sont, eux, mis d’accord au mois de mars sur des seuils d’entrée dans le dispositif pour les élevages de bovins et les porcs fixés à 350 UGB, pour ceux de volaille à 280 UGB et pour les exploitations mixtes à 350 UGB.

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Avec une chute de 3,3% sur un an, «la décapitalisation s’accélère dans le cheptel allaitant» au mois d’avril, alerte l’Idele (Institut de l’élevage) dans sa lettre Tendances publiée le 23 mai. Comme l’explique l’institut technique, «la très forte baisse des entrées de primipares (génisses, NDLR) dans les troupeaux est responsable de cette accélération, et non un afflux de vaches de réforme». Sur un an, les entrées de génisses ont ainsi reculé de 10% en mars et de 8% en février. Le cheptel laitier connaît le même phénomène, même si la décapitalisation y est relativement moins rapide que celle du cheptel allaitant (-2,4% en avril). En comptant tous les types d’animaux, le cheptel bovin a fondu de 10% en cinq ans. Au 1er avril, la France comptait 16,952 millions de têtes (dont 3,569 millions de vaches allaitantes et 3,376 millions de vaches laitières). La décapitalisation continue de provoquer une baisse des abattages, de l’ordre de 6% en un an sur les semaines 12 à 19 (du 20 mars au 8 mai). Le phénomène s’accentue, car «le faible nombre de génisses de renouvellement [incite] les éleveurs à retenir leurs vaches», remarque l’Idele. Sur l’ensemble de l’année 2022, la baisse des abattages avait atteint 4,7% par rapport à 2021.

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Dans une lettre ouverte adressée le 23 mai à Elisabeth Borne, la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) exhorte la Première ministre à donner son «plan» pour la filière viande bovine, au lendemain de la présentation du plan du gouvernement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la publication d’un rapport de la Cour des comptes concluant à la nécessité de réduire le cheptel bovin. «Nous voulons savoir ce que vous planifiez, vraiment, pour l’avenir de notre secteur», demandent les producteurs. Les recommandations de la Cour des comptes sont ressenties comme une «vraie blessure», déclare le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau à l’AFP. «On est particulièrement agacés du procès qui est fait à l’élevage français», affirme-t-il. Dans sa lettre, la FNB demande notamment à Mme Borne de clarifier sa position entre le soutien à la production animale et celui apporté aux alternatives végétales après des déclarations du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le syndicat qualifie le tweet publié par ce dernier à l’issue d’une visite sur un site de production de similis de viande, le 17 mai, de «communication publicitaire» en faveur de la «fausse viande». À l’occasion de son congrès, en février, la FNB appelait déjà le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à «préciser le modèle d’élevage» que le gouvernement veut promouvoir.

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Lors de la dernière réunion du groupe de travail Installation et Transmission le 23 mai, des «mesures phares» ont émergé de la concertation sur le Pacte et la Loi d’orientation agricole (LOA), selon une synthèse des points de consensus remise aux participants. La proposition d’un guichet unique dans le parcours à l’installation fait l’unanimité. Il s’agit d’ouvrir aux exploitants et salariés des points d’accueil abordant aussi la transmission, la formation, et présentant la diversité des acteurs impliqués. Sur le volet Transmission, un consensus se dégage sur le besoin de développer les fonds de portage de foncier, d’avoir de nouveaux outils, notamment autour d’une transformation des GFA (groupements fonciers agricoles) selon le modèle des GFI (groupements forestiers d’investissement). Il est aussi question d’un diagnostic «transmissibilité» de l’exploitation. Sur la thématique Investissements, des évolutions fiscales sont réclamées au profit des cédants qui ont fait un effort dans les conditions de reprise (exonération des plus-values, etc.), mais aussi des repreneurs pour favoriser le remplacement ponctuel, les baux à long terme. Autre mesure phare: l’encouragement de dispositifs sociaux permettant d’améliorer la qualité de vie.

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Dans un rapport publié le 22 mai, la Cour des comptes préconise de définir «une trajectoire d’évolution du cheptel» bovin français afin de «piloter sa nécessaire réduction», considérant que la baisse actuelle des troupeaux laitier et allaitant est trop «limitée» pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre de la France (réduction des émissions de méthane de 30% d’ici 2030). En ce qui concerne la filière allaitante, le rapport souligne que 28% des adultes consommeraient plus de viande rouge que les recommandations nutritionnelles (500 g par semaine), d’après l’Anses. La Cour en conclut qu’une «baisse raisonnable pourrait, de fait, facilement être absorbée par des comportements individuels plus vertueux». En plus d’une «réduction quantitative globale», le rapport préconise d’engager une réflexion sur l’adaptation de «la composition du cheptel et [des] systèmes de production aux besoins et aux attentes des consommateurs». Et ce en encourageant l’engraissement sur le territoire français. Elle rappelle, que la France, bien que premier producteur de bovins de l’UE, importe 20% de la viande qu’elle consomme, car son modèle est tourné vers l’export de jeunes bovins vifs. Enfin, la Cour donne des pistes pour renforcer la collaboration entre les filières lait et viande, via une «meilleure articulation» entre les deux filières et une «promotion de races mixtes».

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Lors de la réunion du Conseil national de la transition écologique le 22 mai, la Première ministre Élisabeth Borne et son équipe du secrétariat de la Planification écologique ont pu présenter les grandes lignes d’un plan permettant de réduire les émissions françaises de gaz à effet de serre de 138 Mt d’ici 2030. Le gouvernement envisage en particulier de trouver environ 25 Mt à réduire dans le secteur agricole, soit 20% de l’effort national. Les principales économies seront à trouver grâce à de meilleures utilisations des engrais (-6 Mt), à la réduction tendancielle de l’élevage et à l’amélioration des pratiques (-5 Mt), ou encore grâce au développement des prairies (4 Mt), à égalité avec l’application du zéro artificialisation nette. Afin de «sécuriser» ces leviers, une réunion sera organisée avec les acteurs du monde agricole le 9 juin prochain. En parallèle, Matignon poursuivra le travail engagé avec les collectivités «sur la méthodologie de territorialisation» de ce cadre de planification écologique. Autant d’annonces qui ne représentent, pour Anne Bringaut, directrice des programmes du Réseau action climat, que «des amuse-bouches et un menu avec des projets de trajectoires». «Nous attendons toujours des mesures plus concrètes afin d’engager la transition écologique et juste nécessaire», souligne la militante.

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