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Le parlement autrichien a adopté, le 2 juillet, une «interdiction totale» de l’utilisation des produits phytosanitaires à base de glyphosate sur son territoire, indique le journal autrichien «Die Presse». L’Autriche devient ainsi le premier pays européen à interdire l’herbicide de ses champs, grâce à une alliance de circonstance entre le SPÖ (Social-démocrate) et le FPÖ (extrême droite). Et ce, contre l’avis du parti conservateur ÖVP, qui considère cette interdiction comme une «claque au visage des agriculteurs». Les produits à base de glyphosate sont les herbicides «les plus utilisés dans le pays», selon «Die Presse». «La décision du parlement autrichien est en contradiction avec les connaissances scientifiques sur le glyphosate», a déploré Bayer.

Didier Bouville

Un projet de loi de ratification de l’accord commercial entre l’UE et le Canada (Ceta) a été présenté en Conseil des ministres le 3 juillet. «Le conseil des ministres a délibéré et approuvé le projet de loi», a déclaré Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du quai d’Orsay, malgré les vives critiques exprimées ces derniers jours par les écologistes, les agriculteurs et différentes organisations. Selon le compte rendu du Conseil des ministres, «il n’y a pas eu d’augmentation des exportations agricoles canadiennes à destination de la France, y compris pour les filières agricoles sensibles», suite à l’entrée en vigueur du Ceta. Cet accord est entré en vigueur à titre provisoire en septembre 2017, après l’aval des États membres et du Parlement européen. Pour être définitivement adopté, il doit maintenant être ratifié par les parlements nationaux. L’Espagne et le Royaume-Uni l’ont déjà ratifié, mais l’Allemagne et l’Italie n’ont pas encore accordé formellement leur feu vert. Le projet de loi n’est pas encore inscrit au calendrier parlementaire français, réputé complet jusqu’à la fin juillet. Il pourrait être examiné à partir de la rentrée.

Didier Bouville

Interrogé sur RTL le 3 juillet, le député LREM Jean-Baptiste Moreau, spécialiste des questions agricoles, a estimé que l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur était « un mauvais accord », à l’inverse de ce qu’a déclaré le président de la République Emmanuel Macron. « Le président de la République a dit qu’il fallait trouver un chemin entre la naïveté libre-échangiste qui a prédominé à la Commission européenne depuis 20, 30 ans et qui a conduit à son rejet par la population, puisqu’on se mettait en état de faiblesse en étant les seuls à se soumettre aux règles de l’OMC, un chemin entre ça et le protectionnisme idiot à la Trump qui ne favorise absolument pas l’économie », explique le député, pour qui cet accord « penche du côté de la naïveté libre-échangiste ». Jean-Baptiste Moreau déplore une mise en concurrence de l’agriculture la plus durable du monde, l’agriculture française, avec l’agriculture la moins durable du monde. L’agriculture brésilienne, avec des coûts de production très faibles, est très compétitive, mais elle s’approche « du niveau zéro voire en dessous de zéro pour ce qui est de la qualité sanitaire », a estimé le député de la Creuse, rappelant que 80 % des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdit dans l’Union européenne, et qu’il est impossible d’établir une véritable traçabilité des produits agricoles du Mercosur.

Didier Bouville

Les agriculteurs ont une image plus positive qu’ils le pensent dans la société, a indiqué Valérie Péan, directrice de la Mission Agrobiosciences-Inra, le 2 juillet, à deux semaines des « 25èmes controverses », qui se tiendront du 16 au 18 juillet à Bergerac. Les agriculteurs «sont pessimistes quant à leur image dans la société, or il existe un sentiment affectif profond en faveur des agriculteurs, mais ceux-ci ne le savent pas», a développé Pascale Hébel, directrice du pôle consommation et entreprise du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), qui participera aux controverses. Depuis la crise du lait en 2015, ils ont le soutien d’une partie importante de la population. Un signe, pas encore très visible, du capital de sympathie de la société pour l’agriculture, est l’essor du nombre de citadins qui s’installent en agriculture. Ce mouvement des Non issus de milieux agricoles (Nima) prend de l’essor dans les pays comme la Roumanie et la Bulgarie, a signalé Pierre-François Vaquié, délégué général de la Fédération nationale des coopératives d’utilisation de matériel agricole (FNCuma).

Didier Bouville

Dans un communiqué du 2 juillet, la FNSEA appelle le gouvernement à aller vers «plus de concret» sur le stockage de l’eau, après la publication, la veille, de la feuille de route concluant les «Assises de l’eau». «Certains points sont positifs : il est par exemple reconnu que le changement climatique nécessite plus de stockage d’eau», se félicite Luc Servant, le président de la chambre régionale de Charente-Maritime, qui a coprésidé le groupe de travail «partage». «Mais il n’y a pas d’ambition chiffrée clairement affichée en la matière», déplore-t-il toutefois. Il salue par ailleurs le lancement d’expérimentations sur les paiements pour services environnementaux. La FNSEA déplore en revanche «l’approche trop règlementaire» de la protection des cours d’eau, et s’oppose à l’octroi d’un droit de préemption pour les collectivités sur des terres agricoles situées sur des captages.

Didier Bouville

L’accord commercial UE-Mercosur sur la viande bovine ne sera pas ratifié par la France notamment s’il n’y a « pas de certitude » sur la « traçabilité » des viandes, a affirmé le 2 juillet le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, ce que la fédération des éleveurs bovins juge « impossible ». « L’accord ne sera pas signé si au niveau du boeuf, on n’a pas de certitude sur la traçabilité, pas de certitude sur le bien-être animal, et sur les antibiotiques » administrés aux animaux, a déclaré mardi le ministre devant l’Assemblée nationale. Le gouvernement français a tracé ces trois « lignes rouges » qu’il entend défendre avant de signer l’accord de libéralisation commerciale négocié entre l’UE et les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay). Cette position est « impossible à tenir », a rétorqué Bruno Dufayet, président de la Fédération Nationale Bovine (FNB), dans une déclaration à l’AFP. « Le gouvernement français n’obtiendra jamais ces certitudes, tout simplement parce que ces clauses sont considérées comme des entraves au commerce international, réprimandées par l’Organisation mondiale du commerce » a-t-il ajouté.

Didier Bouville

A la suite de «déficits importants de pousse des prairies (…) avec des conséquences importantes pour l’activité d’élevage», le ministère de l’Agriculture annonce le 1er juillet, dans un communiqué, mettre en œuvre «la clause de force majeure pour aider les éleveurs touchés par la sécheresse». Cette disposition concernera 24 départements des régions Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), Occitanie, Paca, Centre-Val de Loire et Nouvelle-Aquitaine. «Dans ces départements, les éleveurs dont les disponibilités fourragères sont directement affectées par la sécheresse et qui auront fauché ou fait pâturer leurs jachères déclarées en tant que surfaces d’intérêt écologiques (SIE) pourront bénéficier d’une reconnaissance de circonstances exceptionnelles», explique le ministère. Dans une note du 1er juillet, Agreste remarque, au niveau national, une «production cumulée des prairies permanentes dans la norme», mais avec de très fortes disparités entre les régions. La façade Ouest et le Grand Est sont globalement excédentaires, mais Aura est déficitaire. Et «même si la production cumulée d’herbe reste normale en Paca et Occitanie, ces régions présentent localement des disparités» avec 67% des régions fourragères déficitaires en Paca et 42% en Occitanie.

Didier Bouville

Pour dire « non aux accords de libre-échange destructeurs de notre agriculture », les JA et la FDSEA Aveyron organisent un rassemblement devant la préfecture à Rodez, ce mardi 2 juillet à 21h.

La FNB (éleveurs bovins) appelle à manifester contre l’accord de libre-échange avec le Mercosur «dès le 2 juillet», a déclaré son président Bruno Dufayet à Agra Presse. Organisées par la FNSEA et toutes ses associations spécialisées, ainsi que par les JA, ces actions visent certaines préfectures de province. Pour M. Dufayet, l’accord avec le Mercosur est «la goutte d’eau qui fait déborder le vase». «On ne peut à la fois porter les EGA et signer un tel accord» qui prévoit l’ouverture d’un quota de 99 000 t de viande bovine. «La clé est entre les mains d’Emmanuel Macron et celles des députés européens», souligne le président de la FNB, qui appelle le Conseil et le Parlement européens à refuser l’accord conclu par la Commission le 28 juin. «On nous a toujours dit que l’accord inclura des lignes rouges, mais il n’y en a pas», regrette Bruno Dufayet. Selon lui, «la clause de sauvegarde [introduite par Bruxelles] ne protègera pas les éleveurs.» La suite donnée à ces actions dépendra de l’évolution de la situation, qui sera abordée lors d’un rendez-vous entre Didier Guillaume (ministre de l’Agriculture) et Christiane Lambert (présidente de la FNSEA) le 2 juillet au matin.

Didier Bouville

Le gouvernement allemand a arrêté le projet de budget agricole pour 2020 et le plan de financement de l’agriculture jusqu’en 2023. Comme déjà cette année, les moyens dédiés à l’agriculture vont encore progresser l’an prochain et atteindre un niveau record, selon Julia Klöckner, la ministre de l’Agriculture. L’ensemble des crédits devrait progresser de 194 millions d’euros et atteindre 6,518 milliards d’euros (+3 %). « Nous soutenons les familles agricoles pour qu’elles maitrisent les nouvelles aspirations de protection des animaux, du climat, et de l’environnement », a indiqué la ministre. Ainsi l’enveloppe pour le bien-être animal, la protection du climat et l’environnement passe de 15 à 37,7 millions d’euros. Les moyens augmentent également pour la digitalisation notamment dans les zones rurales pour éviter leur décrochage. Sont également en progrès les moyens dédiés à alimentation pour la réduction du sucre, des matières grasses, et du sel dans les produits finis.

Didier Bouville

Les importations chinoises de viandes de porc congelées ont bondi de 63% en mai 2019 par rapport à mai 2018 (à 187 500 t), a indiqué Inaporc (interprofession porcine) lors de l’assemblée générale du MPB, le 27 juin. Ce déficit dû à l’épizootie de peste porcine «va aller croissant au fil des mois», car «le cheptel de truies est au plus bas niveau depuis 2000». «Certains sur le terrain parlent d’une baisse de production de -40 ou -50% pour 2020», rapporte Didier Delzescaux, directeur d’Inaporc. De son côté, Fanye Weng, représentant d’Inaporc en Chine, note une «évolution du discours des autorités»: «Ce n’est qu’à partir de maintenant que les professionnels et l’Etat reconnaissent une baisse de la production, et pas seulement du cheptel.» Le premier cas de PPA en Chine a été détecté en août 2018. Outre une volonté de contrôler les prix domestiques, ce décalage s’explique par une décapitalisation dans les élevages et la spéculation. Certains opérateurs ont réalise des «achats massifs» au début de l’épizootie, un phénomène «en grande partie responsable de la flambée des cours de début 2019». Le déficit à venir est tel qu’il apparaît difficile de le combler: «Dans le pire des cas, il faudrait doubler le commerce mondial de porcs.»

Didier Bouville