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Les négociations commerciales 2022 «finissent en inflation, ce n’était pas arrivé depuis huit ans», a souligné le ministère de l’Agriculture, lors d’un brief presse le 2 mars, au lendemain de la date butoir pour la conclusion des contrats entre industriels et distributeurs. «Le coût de la matière première agricole a été préservée, voire au-delà», indique le cabinet du ministre, sans pouvoir chiffrer les hausses consenties par la distribution. Un bilan sera réalisé par l’observatoire de la médiation des relations commerciales d’ici la fin du mois. Interrogée par l’AFP, la FCD (distribution) estime l’augmentation des prix «autour de 3%». Les grands groupes industriels ont signé en moyenne 80% de leurs contrats avec la grande distribution «à l’exception d’une ou deux enseignes», informe le ministère. Un taux de signature qui a «énormément augmenté» dans les derniers jours des négociations : il était encore de 30% le 23 février. Les PME ont, elles, signées pratiquement tous leurs contrats. Les taux de signatures sont «quasi identiques» aux produits non alimentaires. «Il n’y a pas d’effet Egalim 2», affirme une nouvelle fois le ministère qui explique les tensions par le «contexte inflationniste». Sur toute la période des négociations, le médiateur des relations commerciales a été saisi dans «une soixantaine» de dossiers conflictuels.

Didier Bouville

Les cas d’influenza aviaire hautement pathogène se multiplient ces derniers jours en Vendée et en Loire-Atlantique, laissant craindre un embrasement de l’épizootie dans cet important bassin de production de volailles. Le dernier bilan officiel au 28 février faisait état de 12 foyers confirmés dans des élevages en Vendée. Mais d’après Réussir Volailles, le nombre de cas (suspectés et confirmés) le même jour «oscillait entre 30 et 40, selon les sources (vétérinaires, organisation de production)». Le 27 février, la préfecture de Loire-Atlantique a confirmé la présence du virus dans deux élevages situés à Vieillevigne, selon Ouest-France. En tout, la zone touchée dessinerait un croissant de «80 à 100 km de long», allant «de Challans à Cholet, riche en élevages, en couvoirs et en abattoirs», relèvent nos confrères de Réussir volailles. Quelque 2000 bâtiments avicoles seraient présents dans ce secteur à cheval sur quatre départements (Vendée, Loire-Atlantique, Deux-Sèvres, Maine-et-Loire). «Aux dires de professionnels, l’espèce la plus touchée serait le canard (chair et à foie gras)», poursuit le média spécialisé. Quant au cabinet vétérinaire vendéen Labovet, il évoque sur sa page Facebook une «situation très évolutive», ainsi qu’une «forte pression virale dans la faune sauvage et l’environnement».

Eva DZ

«Il n’y aura pas d’ultime négociation de complaisance pour les retardataires qui n’ont pas négocié de bonne foi en amont», a prévenu le médiateur des relations commerciales agricoles Thierry Dahan, lors d’une table ronde sur la loi Egalim 2 au Salon de l’agriculture, le 1er mars, jour de la fin des négociations commerciales entre industriels et distributeurs. Le médiateur a été saisi dans 45 dossiers et une vingtaine sont déjà clos. «Nous terminerons les médiations en cours dans les dossiers très avancés, et où il y a encore un point de blocage. Sur la clause de révision automatique, par exemple», affirme Thierry Dahan. Les industriels ont en grande majorité fait le choix de recourir à un tiers de confiance «chargé de certifier au terme de la négociation» la part de la matière première agricole dans le tarif fournisseur. Or, le choix de cette «troisième option» de transparence a parfois freiné les négociations. Pour «faciliter les choses» l’année prochaine, le médiateur émet la suggestion «de certifier ces coûts avant d’arriver à la table des négociations, de manière que les choses soient plus transparentes», sans pour autant modifier la loi.

Eva DZ

Face aux conséquences imprévisibles du conflit russo-ukrainien sur les filières agricoles européennes, la présidence française du Conseil de l’UE appelle dans une note qu’elle présentera aux ministres de l’agriculture des Vingt-sept lors d’un Conseil informel extraordinaire le 2 mars, la Commission européenne «à anticiper la mobilisation des mesures de marché, dès que la situation l’exigera». En vue d’assurer la «souveraineté alimentaire» de l’UE (en raison des risques de rupture des approvisionnements), elle recommande également «d’identifier et d’activer le moment venu les leviers réglementaires dans le cadre notamment de la Pac permettant d’accroître la production européenne de produits agricoles, en particulier si la campagne de production 2022/2023 en Ukraine était compromise». Par ailleurs, la France demande à l’exécutif européen de mener «un suivi régulier de l’évolution des marchés (approvisionnement en alimentation animale, prix de l’énergie et des engrais) avec une actualisation aussi fréquente que nécessaire, qui pourrait passer par le mécanisme européen de préparation et de réaction aux crises de sécurité alimentaire (dont la première réunion du groupe d’experts est prévue avant Pâques)». Sur le plan international, elle souhaite que toutes les enceintes compétentes telles que la FAO, le PAM, l’OCDE ou le G20, se mobilisent «pour analyser la situation et envisager, s’il le faut, des réponses de court et de moyen terme».

Eva DZ

La guerre en Ukraine montre la nécessité pour la France et l’UE de «redevenir une puissance agricole et agroalimentaire forte», a déclaré le 28 février en conférence de presse Jean-François Loiseau, président de la commission thématique International de FranceAgriMer. «Il faut réarmer nos filières», selon lui, face à des soucis d’approvisionnement liés au conflit en mer Noire. Les productions animales se trouvent «en risque», étant largement dépendantes des tourteaux importés de cette zone, a souligné Jean-François Loiseau. L’Ukraine représente 50% des exportations mondiales d’huile de tournesol, dont les tourteaux sont des coproduits pour l’alimentation notamment des porcs et des volailles. C’est aussi le quatrième exportateur mondial de maïs, avec encore 17,6 Mt de disponibilités pour le reste de la campagne 2021-22. Des clients comme l’Italie et l’Espagne n’ont que «deux à trois semaines» de réserves en maïs, d’après lui. Raison pour laquelle le projet européen De la ferme à la table «doit être abandonné en l’état», a considéré Jean-François Loiseau, critiquant l’orientation vers plus de jachères. Et de dénoncer «une réglementation excessive» dans l’UE, et surtout en France, concernant les phytos, la génétique, les engrais.

Didier Bouville

L’interprofession bétail et viandes Interbev veut que le Label rouge intègre une obligation de diagnostic du bien-être animal via l’outil BoviWell, dont elle a présenté une nouvelle version le 27 février au Salon de l’agriculture. Les quelque 16 000 élevages bovins Label rouge devraient donc évaluer leur niveau au regarde des cinq «libertés fondamentales» du bien-être animal (alimentation et abreuvement; confort; absence de douleur; absence de stress; expression des comportements naturels). Pour être qualifié Label rouge, chaque élevage devra être diagnostiqué tous les trois ans et être classé «supérieur ou excellent», ce qui est le cas pour 93% des exploitations déjà auditées. Comme prévu depuis fin 2019, Interbev va proposer à l’Inao (Institut de la qualité et de l’origine) d’inclure cette disposition dans les conditions de production communes aux labels rouges bovins. Initié en 2014 par Moy Park et McDonald’s, avant d’être élargi, le diagnostic BoviWell a été réalisé dans 3067 élevages de bovins lait et 1685 élevages de bovins allaitants (dont 963 Label rouge). «Ce n’est pas un outil maison», insiste le président de la section bovine d’Interbev Emmanuel Bernard, rappelant qu’il a été «partagé» avec des ONG et basé sur le référentiel scientifique européen Welfare Quality.

Didier Bouville

Plusieurs dizaines de militants écologistes d’Extinction Rebellion ont pris d’assaut le stand de la FNSEA au Salon de l’agriculture, vêtus de combinaisons de gaze blanches, avec le logo «lobby busters» (chasseurs de lobby) plaqué dans le dos pour dénoncer le «modèle productiviste et mortifère» prôné selon eux par le syndicat. Leur mission: «décontaminer» la parole et la réflexion sur l’agriculture, et offrir un récit alternatif au «discours majoritaire», ici à grands coups de peinture orange plutôt que d’échanges policés. Certains se sont enchaînés au stand, d’autres ont gagné l’étage du stand où déjeunaient quelques cadres et employés de la FNSEA. Furieux, certains syndicalistes ont tenté de repousser les militants, en venant brièvement aux mains, sous les caméras de quelques journalistes. La FNSEA s’apprête à porter plainte, indique à l’AFP son premier vice-président, Arnaud Rousseau. Au total, deux personnes ont été interpellées pour «dégradations de biens et violences volontaires», a indiqué une source policière à l’AFP. Elles n’ont pas été placées en garde à vue immédiatement, mais se sont fait remettre une convocation ultérieure au commis

Didier Bouville

«Les mises en place de jeunes volailles pourront (…) être ré-autorisées à compter du 29 mars», annonce le ministère de l’Agriculture dans un communiqué le 24 février, considérant que «l’épizootie d’influenza tend à se stabiliser dans le Sud-Ouest». Cette reprise de la production sera soumise à deux conditions: une «absence de circulation de virus dans la zone» de dépeuplement massif, ainsi qu’un «audit biosécurité favorable». Dans le détail, la Rue de Varenne prévoit deux périodes: une «première période de trente jours (suivant le dernier foyer recensé de la zone)» pour le nettoyage-désinfection; puis une période «complémentaire de vide sanitaire (dit d’assainissement) de trois semaines minimales». Comme pressenti, le dépeuplement massif mené dans la zone de 226 communes du Sud-Ouest est «achevé», confirme le ministère. Bilan: «Depuis le début de la crise, près de 4,18 millions d’animaux ont été abattus, dont 3,44 millions dans le Sud-Ouest.» Toutefois, le gouvernement ajoute qu’un «nombre d’élevages limité a été préservé et soumis à protocole de surveillance renforcé». Couvoirs, élevages de reproducteurs, élevages de poules pondeuses: il s’agit d’exploitations présentant une «importance particulière pour l’économie de la filière et les capacités de remises en production».

Didier Bouville

Dans un communiqué commun paru le 26 février, le discounter Lidl et la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) annoncent le lancement prochain d’un Rémunéra-score dans la filière bovine. Une expérimentation volontaire de cet étiquetage était prévue, pour une durée de cinq ans, dans la loi Egalim 2. Chez Lidl, il sera appliqué «avant septembre» et sur «tous les produits issus de contrats tripartites» portant sur des «races à viande» commercialisés dans la réseau français de Lidl. Il prendra la forme d’une notation alphabétique, allant «A+» à «F». La note maximale sera attribuée à des produits sur lesquels la rémunération de l’éleveur est «indexée sur le coût de production de l’éleveur, valeur de référence émise par l’interprofession», précise le communiqué. La moins bonne serait attribuée à un «prix moyen de marché (…) aujourd’hui inférieur de beaucoup au coût de production». Dans la filière bovine, la parution des indicateurs de coûts de production par l’interprofession est toujours bloquée, les syndicats ont récemment saisi l’institut technique (Idele) pour qu’il les publie.

Didier Bouville

Réagissant à la «loi d’orientation agricole» évoquée par Emmanuel Macron dans son discours d’inauguration du Salon de l’agriculture, le 26 février, Samuel Vandaele, président de Jeunes Agriculteurs, salue auprès d’Agra Presse «un très bon signe» sur l’installation et le renouvellement des générations. Issu de discussions avec l’Élysée dans les dernières semaines, ce projet pourrait selon lui «rassembler beaucoup de propositions portées par les JA». «C’est quasiment une déclaration de candidature», réagit de son côté la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, estimant que le prolongement du dispositif TO-DE souhaité par le président «sera clé pour embaucher les saisonniers». Quant à la Confédération paysanne, elle se félicite aussi de l’accent mis par le chef de l’État sur l’installation, mais elle doute de la trajectoire proposée. «Comment peut-on faire à la fois une Pac qui reste identique, un plan France 2030 centré sur la génétique, la robotique et le numérique qui va rendre les paysans plus dépendants, et croire en même temps qu’on va installer plus de monde?» s’interroge Nicolas Girod. Pour lui, la loi d’orientation devra donc remettre en cause les aides à l’hectare, ainsi que la concentration du foncier. La FNSafer avait déjà annoncé en décembre 2021 un projet de fonds national de portage du foncier, dont les consultations seraient actuellement en train de se terminer.

Didier Bouville