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Marc Fesneau a annoncé, le 31 janvier sur Sud Radio, un fonds d’urgence de 80 M€ et des aides à l’arrachage de 150 M€ en réponse à la crise viticole. Le volet conjoncturel doit permettre «de couvrir les aléas qu’ont rencontrés un certain nombre de régions (…) ça couvre l’ensemble des régions viticoles qui sont en crise», a-t-il expliqué, citant les pertes liées aux maladies comme le mildiou. Pour soulager les trésoreries, l’Etat «prendra en charge les intérêts d’emprunt sur l’année 2024». 80 M€ sont ainsi prévus dans un fonds d’urgence, initialement calibré à 20 M€ dans le cadre de la loi de finances 2024. Le dispositif «sera déployé très rapidement, avec une ouverture des demandes en préfecture dès le lundi 5 février 2024, et des premiers paiements avant le Salon international de l’agriculture», selon un communiqué du ministère. Par ailleurs, 150 M€ sont mis sur la table pour l’arrachage de vignes. La mesure reste soumise à l’aval de la Commission européenne. «Jusqu’à 100 000 hectares» (sur près de 700 000 ha de vignes) seraient concernés, d’après Marc Fesneau. Soit les vignes seront arrachées temporairement, par exemple pour changer de cépages, soit elles pourront l’être définitivement en vue d’une «diversification agricole».

Didier Bouville

Les trois principaux syndicats agricoles espagnols ont annoncé le 30 janvier rejoindre le mouvement de colère des agriculteurs européens, avec une série de «mobilisations» dans l’ensemble du pays au cours des «prochaines semaines». «Le secteur agricole en Europe et en Espagne est confronté à une frustration et un malaise croissants», en raison notamment «de la bureaucratie étouffante générées par les réglementations européennes», ont expliqué dans un communiqué commun l’Asaja, l’UPA et la Coag. Ces trois organisations, qui ne précisent pas à ce stade les dates exactes des manifestations, disent vouloir un «assouplissement» et une «simplification» de la Politique agricole commune, ainsi qu’un «plan d’action ambitieux» au niveau «de l’UE, de l’Espagne» et des «régions» espagnoles. Les agriculteurs européens «luttent contre un marché déréglementé qui importe des produits agricoles de pays tiers à faible prix, qui tirent à la baisse» les prix des denrées produites «dans l’UE» et «en Espagne», soulignent les trois organisations, majoritaires chez les agriculteurs espagnols. «Ces produits extracommunautaires ne respectent pas les règles européennes» en matière de respect de l’environnement et sont à l’origine d’une «concurrence déloyale», qui «menace la viabilité de milliers d’exploitations agricoles en Espagne et en Europe», ajoute le communiqué.

Didier Bouville

Le porte-parole de la Commission européenne, Éric Mamer, a annoncé le 30 janvier que «les conditions pour conclure des négociations avec le Mercosur ne sont pas réunies». Il affirme toutefois que les pourparlers se poursuivent pour atteindre un accord qui serait conforme aux objectifs de durabilité de l’UE mais aussi «qui respecte les sensibilités en matière agricole». Bruxelles ajoute également que «les intérêts agricoles sont une priorité» dans le cadre de chaque accord de libre-échange qu’elle négocie au nom de l’UE. Ainsi, les contacts au niveau technique avec le Mercosur se poursuivent et le vice-président exécutif de la Commission européenne en charge du Commerce «se tient prêt en cas d’opportunité». La Commission européenne précise d’ailleurs que des réunions se sont déroulées la semaine dernière au Brésil entre les négociateurs. Dans un contexte de tensions agricoles dans de nombreux États membres de l’UE, l’arrêt des négociations commerciales avec le Mercosur est au cœur des revendications des manifestants, notamment en France.

Didier Bouville

Trois semaines après sa nomination à Matignon, Gabriel Attal a présenté devant l’Assemblée nationale les priorités de son gouvernement. Pour le secteur agricole, il a promis que «toutes les aides» européennes de la politique agricole commune «seront versées sur les comptes bancaires des exploitants d’ici le 15 mars». Le Premier ministre a annoncé par ailleurs «un fonds d’urgence avant la fin de la semaine pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie», ainsi qu’un «grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits» afin de «garantir une concurrence équitable». Le ministre français de l’Agriculture Marc Fesneau se rendra le 31 janvier après-midi à Bruxelles «pour une série d’entretiens visant à accélérer le traitement des urgences européennes», a indiqué son cabinet le 30 janvier dans un message à la presse. Ces réunions seront «en lien avec les annonces du Premier ministre» «et les attentes exprimées par les organisations professionnelles agricoles», a ajouté le cabinet. Le déplacement de Marc Fesneau à Bruxelles le 31 janvier, «a pour objectif de poursuivre le travail d’influence et de négociation que mène en continu le ministre auprès des institutions européennes (Parlement européen, Conseil et Commission) pour porter les demandes de la France», a souligné son cabinet dans un communiqué détaillant sa visite. Marc Fesneau doit notamment rencontrer le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, et le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton.

Didier Bouville

Les groupements d’employeurs (GE) agricoles peuvent «constituer une des nouvelles formes de travail à même de répondre aux enjeux du renouvellement de la population des actifs agricoles, exploitants comme salariés», mais leurs perspectives restent incertaines, considère un rapport du CGAAER (ministère de l’Agriculture) publié le 25 janvier. Dans les 3 724 GE en France (chiffre MSA de 2022), l’emploi salarié agricole s’est fortement développé ces dernières années, passant de plus de 16 000 ETP en 2010 à 30 000 ETP en 2021. Le rapport détaille les avantages de la formule: contrat de travail unique, avantages sociaux, accès à la formation, diversité de postes pour les salariés; accès à une main-d’œuvre salariée qualifiée, simplification administrative et accompagnement pour les employeurs. Pour autant, la question de leur développement, voire de leur pérennité, se pose. Le rapport du CGAAER propose des actions pour pallier trois écueils. D’abord, un effort de communication est préconisé, les GE étant encore mal connus des salariés et des employeurs. Le rapport recommande ensuite de fixer le taux des cotisations sur les emplois des GE au niveau de celui des entreprises de moins de 11 salariés (taille moyenne des GE). Enfin, pour les auteurs, il serait nécessaire que les GE agricoles soient reconnus comme créanciers privilégiés en cas de défaillance d’entreprises adhérentes.

Didier Bouville

Emmanuel Macron va s’entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen le 1er février à Bruxelles au sujet de la crise du monde agricole et des mesures de soutien que les agriculteurs demandent au niveau de l’UE, a annoncé l’Élysée. L’échange, qui aura lieu en marge d’un Sommet européen extraordinaire sur le budget de l’UE, portera notamment sur l’accord commercial en négociation entre l’UE et le Mercosur, les jachères imposées aux agriculteurs et l’arrivée de produits ukrainiens dans l’Union, a précisé la présidence française. «Le président s’est exprimé à plusieurs reprises pour manifester son opposition très claire à la conclusion de l’accord (Mercosur dans les conditions actuelles, NDLR) auprès de la présidente de la Commission européenne», a souligné l’Élysée. «La Commission a compris qu’il était impossible de parvenir à une conclusion dans ce contexte», a-t-on assuré de même source. «Notre compréhension, c’est qu’elle a bien instruit ses négociateurs de mettre fin aux sessions de négociation qui étaient en cours au Brésil et en particulier à la visite qui avait été envisagée du vice-président de la Commission dans l’hypothèse d’une conclusion», a relevé la présidence française.

Didier Bouville

Des milliers d’agriculteurs mobilisés en France, dont un millier qui bloquent des autoroutes autour de Paris: le monde agricole ne relâchait pas, lundi 29 janvier au soir, la pression sur le gouvernement qui promet de «nouvelles mesures» dès mardi après un premier volet jugé insuffisant. Tout autour de Paris, la circulation est perturbée avec des portions d’autoroutes fermées à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, selon le site Sytadin. Paris elle-même n’est pas bloquée, ni le marché vital de Rungis (Val-de-Marne) et les aéroports parisiens. De «nouvelles mesures seront prises dès demain» en faveur des agriculteurs, a annoncé la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l’issue du Conseil des ministres. Le chef du gouvernement, Gabriel Attal, recevait lundi soir les présidents du premier syndicat agricole français FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), en présence des ministres de l’Agriculture Marc Fesneau et de la Transition écologique Christophe Béchu. Selon une source policière, «un peu moins de 10.000 agriculteurs étaient mobilisés sur le terrain dans toute la France» le 29 janvier en fin d’après-midi, «avec près de 5.000 engins». «Les blocages autour de Paris comptent un millier d’agriculteurs et un peu plus de 500 engins», selon cette même source qui relève que «l’objectif de tenir jusqu’à vendredi est manifeste».

Didier Bouville

Le blocage par des agriculteurs de l’A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne) a été totalement levé et cet axe reliant Toulouse à Bayonne rouvert à la circulation à 15h25, a annoncé la préfecture dans un communiqué. «Comme ils s’y étaient engagés vendredi 26 janvier au soir à la suite des annonces de Monsieur le Premier ministre, Gabriel Attal, les agriculteurs ont libéré l’autoroute A64 au niveau de Carbonne, ce jour à 12h», a confirmé la préfecture de Haute-Garonne, après qu’un des porte-parole des agriculteurs sur place eut indiqué à l’AFP dans la matinée que leur barrage était «quasi-fini et dégagé». «Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne, salue l’esprit de responsabilité des agriculteurs, qui ont notamment procédé au nettoyage de la section d’autoroute qui était occupée», a ajouté le communiqué, précisant: «A 15h25, l’autoroute vient de rouvrir dans les deux sens». Le barrage de Carbonne, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse, a été le premier du mouvement de colère des agriculteurs à se mettre en place il y a dix jours. «On a été entendu, on a eu quelques réponses, tout ne sera pas parfait de suite, on ne va pas changer l’agriculture française en cinq minutes sous un pont d’autoroute mais il me semble qu’on a été vraiment, vraiment entendus», a affirmé à l’AFP Joël Tournier, éleveur-céréalier mobilisé depuis le début sur ce barrage, avec son ami Jérôme Bayle, devenu une figure médiatique du mouvement.

Didier Bouville

«Dès lundi 29 janvier à 14h00 les agriculteurs des départements de l’Aisne, de l’Aube, de l’Eure, de l’Eure-et-Loir, d’l’Ile-de-France, de la Marne, du Nord, de l’Oise, du Pas-de-Calais, de la Seine-et-Marne, de la Seine-Maritime et de la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée», promettent les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national. Les instances nationales des deux organisations n’ont pas encore tranché sur la suite du mouvement de colère de leur profession au niveau de l’ensemble du pays. «Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs», selon le mot d’ordre diffusé ce samedi 27 janvier au soir. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a appelé dimanche les agriculteurs au «calme et à la détermination» avant une «semaine de tous les dangers», prévenant que leur mobilisation restait «totale» malgré les annonces du Premier ministre Gabriel Attal. M. Rousseau, qui s’exprimait sur un barrage installé sur l’A16 près de Beauvais (Oise), a aussi exhorté le gouvernement à «aller beaucoup plus loin». «On appelle tout le monde au calme et à la détermination», a déclaré M. Rousseau, disant ne pas vouloir un drame comme celui de Pamiers (Ariège) où une agricultrice et sa fille ont été tuées mardi sur un barrage: «pas question qu’il y ait d’autres accidents». Mais il a aussi prévenu que la séquence qui s’ouvre était celle d’une «semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu’ensuite chacun prendra ses responsabilités».

Didier Bouville

Gérald Darmanin a annoncé le 28 janvier que 15.000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés le 29 janvier pour empêcher que les tracteurs entrent dans «Paris et les grandes villes», les blocages du marché de Rungis et des aéroports franciliens. S’exprimant à l’issue d’une réunion interministérielle de crise à laquelle a participé le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, le ministre de l’Intérieur a fait part en outre d’une «modération» demandée aux forces de l’ordre qui ne devront pas «intervenir sur les points de blocage» mais les «sécuriser». Le ministre de l’Intérieur a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné «pour consigne» de «garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes». En Ile-de-France,  il a fait valoir qu’il fallait que le marché international de Rungis «puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy». Aux abords de Rungis et de l’aéroport de Roissy, des blindés de la gendarmerie ont pris place en début de soirée pour empêcher le blocage de leurs accès. La même consigne sera appliquée pour les aéroports de province et les grands marchés d’approvisionnement. Le ministre de l’Intérieur a dit s’attendre à «une semaine difficile».

Didier Bouville