Aveyron | Par eva dz

Face à la prédation : FDSEA et JA demandent protection et régulation

JA et FDSEA ont rencontré la Préfète ce vendredi 15 octobre pour interpeller l’Etat sur l’incohérence des réponses apportées aux agriculteurs face aux prédateurs.

L’Aveyron a répondu à l’appel à mobilisation lancé au niveau national suite au procès d’un éleveur des Hautes-Alpes, jugé pour une attaque de son chien de protection des troupeaux sur un randonneur.

En France, l’Etat oblige les éleveurs hors « zone difficilement protégeable » confrontés à la prédation à protéger leur troupeau notamment en acquérant des chiens de protection comme les patous. Les éleveurs, qui subissent les attaques des prédateurs protégés par des conventions internationales et imposées par les pouvoirs publics français et européens, sont obligés de protéger leur troupeau avec des chiens et se retrouvent devant les juridictions civiles et pénales pour répondre des blessures faites aux randonneurs par leurs chiens de protection. « C’est la double peine », dénoncent les éleveurs qui demandent que leur responsabilité en cas de conflits d’usage, obligés d’avoir des chiens de protection, doit être écartée.

Lors de leur rencontre avec la préfète, JA et FDSEA Aveyron ont détaillé les demandes sur lesquelles ils attendent des réponses.

En Aveyron, les prédateurs sont essentiellement les loups et les vautours dont les populations sont en croissance.

« Face à la présence des loups sur notre territoire, nous avons réussi en 2019 à faire reconnaître en « zone difficilement protégeable » les secteurs concernés par les attaques. Cette classification exempte les agriculteurs de l’utilisation de chiens de protection », avancent les représentants FDSEA et JA. « Mais la prédation est toujours présente c’est pourquoi nous demandons zéro attaque sur les troupeaux. Les éleveurs doivent pouvoir tous défendre leur troupeau, de manière permanente et sans plafond ».

De nombreux témoignages d’agriculteurs soulignent un changement de comportement du vautour : apeurement de troupeaux par vols en « rase motte », attaques sur mise bas en bovin, isolement d’animaux avant attaque…

Des comités vautours se réunissent pour faire un état des lieux et envisager des pistes de travail. A ce jour, ils souhaitent maîtriser et réguler les populations de l’espèce en vue de retrouver un équilibre. En attendant le retour de cet équilibre, ils demandent à autoriser les tirs d’effarouchements. Autre piste envisagée en complément de la première, c’est l’indemnisation des éleveurs lorsqu’une attaque sur animaux vivants est avérée.

Outre les attaques, les éleveurs craignent que ces animaux soient vecteurs de maladie pour les troupeaux (observation de points d’eau souillés, nombreuses plumes laissées par les animaux après leur passage et fortes odeurs). Une évaluation du risque sanitaire doit être engagée par les services vétérinaires.

La délégation des responsables FDSEA – JA a rappelé à la préfète l’impact psychologique des éleveurs et de leur famille face à la prédation : « Ils sont dans l’angoisse permanente d’une attaque de leur troupeau et subissent un traumatisme quand celle-ci survient ».

Des conséquences surgissent aussi sur le mode d’élevage, les produits de qualité et les paysages et l’environnement. En raison des attaques répétées des prédateurs sur leurs troupeaux, des éleveurs abandonnent l’élevage à l’herbe en plein air. Le pastoralisme régresse et laisse place progressivement à l’ensauvagement des territoires condamnant ainsi les systèmes agro-écologiques ancestraux. Cet état de fait remet en cause les filières sous signe de qualité et des modes de production vertueux. Il génère des pertes de biodiversité, impacte le tourisme de plein air et accroît l’insécurité des personnes et des biens dans les territoires non entretenus (incendies, avalanches). Le réchauffement climatique associé, à un abandon des territoires, va accroître considérablement les départs de feux en période de sécheresse, ont alerté FDSEA et JA.

Pour les éleveurs, pastoralisme et prédateurs sont incompatibles si une régulation efficace des loups et des vautours n’est pas mise en œuvre. Ils demandent que le travail des éleveurs soit respecté : ils subissent les conséquences des politiques de réintroduction ; les indemnisations reçues ne couvrent qu’en partie les préjudices matériels en aucun cas les préjudices moraux. Les conditions de vie personnelle et professionnelle subies par les éleveurs des zones prédatées découragent les jeunes de s’installer dans les systèmes de production d’herbe en plein air. Le renouvellement des générations d’éleveurs s’en trouve perturbé.

Ce message est passé dans de nombreuses préfectures de France. Maintenant les éleveurs attendent des réponses concrètes.

La rédaction

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