National | Par La rédaction

Dix années d’agroécologie

La loi d’avenir pour l’agriculture fête cette année ses dix ans. Mise en œuvre par le ministre de l’agriculture d’alors, Stéphane Le Foll, elle a posé les bases de l’agroécologie. Elle a modifié durablement les pratiques agronomiques et entraîné de nouveaux comportements dans toute la société. 

iStock-arenysam

A l’occasion des dix ans de ce qu’on appelle «les lois Le Foll», le Groupement d’intérêt scientifique (GIS-Relance agronomique) et le ministère de l’agriculture (MinAgri) ont organisé une journée de rencontres sur le thème de l’agroécologie. L’objectif était de rappeler comment cette science est devenue le socle des politiques agricoles en France et en Europe, avec le Pacte Vert (Green Deal), et de montrer à travers différents exemples concrets, la façon dont elle a imprégné toute la société, de l’agriculteur au consommateur. L’enseignement agricole a dû également s’adapter pour transmettre ces nouvelles connaissances. 

Mouvement social

Comment produire autrement pour mieux préserver la nature ? Peut-on appliquer l’agroécologie et conserver une performance économique ? Telles sont les questions que se posaient les agronomes au cours de la première décade du XXIe siècle. Xavier Reboud, chercheur à l’Inrae, est revenu sur les questionnements de cette époque, «protéger les sols avec des cultures de couverture, démontrer que l’on peut nourrir la planète avec l’agroécologie malgré une moindre productivité». Cyril Kao, chef de service de l’enseignement supérieur au MinAgri, s’est souvenu de l’effervescence entourant la naissance de ce concept scientifique qu’était alors l’agroécologie : «il y avait une logique de pionniers, des nouvelles références, des innovations régulières».

Avec la Cop 21 en 2015, la lutte contre le réchauffement climatique est devenu une priorité, l’agroécologie la clef de voute des Programmes nationaux de développement agricole et rural (PNDAR) successifs. Cette discipline a fait son entrée dans les lycées et l’enseignement supérieur agricole. Christophe David, ingénieur agro et enseignant à l’école d’ingénieurs agricoles (ISARA) de Lyon-Avignon, a narré la manière dont le mouvement s’est porté vers la transformation, la distribution puis la façon de consommer. «Il ne s’agissait plus seulement de substituer des engrais de synthèse par des engrais organiques, mais de soutenir une agriculture paysanne, d’assurer la viabilité des zones rurales et une meilleure répartition de la valeur». L’ensemble de ces pratiques destinées à «produire autrement» et soutenues par la recherche, les instituts techniques et les écoles, ont donné naissance à un véritable «mouvement social» s’accordent à dire les témoins de cette époque. 

Massification

Parmi les faits marquants, la création des Groupements d’intérêt économiques et environnementaux (GIEE) qui témoignent de l’engagement collectif des agriculteurs. 30 000 d’entre eux se sont impliqués dans ces associations et ont porté des projets sur l’autonomie alimentaire des troupeaux, la qualité de l’eau, la réduction des intrants, l’agriculture biologique ou l’agroforesterie. Ce mouvement a marqué durablement l’agriculture française. On recense aujourd’hui 40 000 agriculteurs en bio et 60 000 en Haute valeur environnementale (HVE), un quart des agriculteurs français pratiqueraient donc l’agroécologie, sans compter les fermes Dephys, les plans Ecophyto, le pacte en faveur de la haie et les multiples programmes agronomiques.

«Pas une assemblée de coopérative sans que l’on aborde ce thème», a déclaré Matthieu Pasquio, directeur général adjoint de la Coopération Agricole. Pourtant, la guerre en Ukraine et la flambée inflationniste ont fragilisé ce marché au point de craindre un essoufflement du mouvement. Philippe Noyau, président de la Chambre d’agriculture Centre-Val-de-Loire s’en est inquiété : «le marché s’effondre en HVE, c’est une prise de risques, c’est complexe, certains vont arrêter». Malgré les aléas, l’agronome Xavier Reboud reste optimiste. Les différentes facettes de l’agroécologie ont démontré leur efficacité. La massification de ces pratiques est en marche. Les modes de consommation évoluent avec leurs bénéfices sur la santé et une reconnaissance des services environnementaux fournis par l’agriculture. 

La rédaction

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PLOA) a été adopté le 18 février par la Commission mixte paritaire. capture X-Public-Sénat C’est presque la fin du feuilleton du PLOA qui a animé les débats aussi bien dans les allées de l’Elysée, celles de Matignon, du ministère de l’agriculture et dans les couloirs du Palais-Bourbon et du Palais du Luxembourg. Les députés et les sénateurs sont en effet parvenus à se mettre d’accord sur un texte commun lors d’une commission mixte paritaire qui a commencé le 18 février à 18h30 pour se terminer quelques heures plus tard à minuit. Le texte qui provenait de l’Assemblée nationale avait été auparavant voté…