National | Par La rédaction

Plaidoyer pour l’agriculture

Destiné à devenir avocat pour les grandes entreprises de l’énergie du CAC40, Thimothée Dufour a désormais pris fait et cause pour la défense du monde agricole. Tout a commencé quand Fabien Le Coidic, éleveur bio de vaches bretonnes pie noir, contacte le jeune avocat par le biais d’une connaissance commune. Les voisins néo-ruraux de cet éleveur ne voulaient pas entendre parler de son projet d’installation à Adainville, dans les Yvelines. Ils y ont mis les formes, en allant jusqu’à déposer des lettres de menace dans sa boîte aux lettres : «Nous sommes farouchement opposés à l’installation de vaches sur les terrains que vous avez achetés (…) Ces prés (…) forment un environnement agréable et paisible le long duquel il est doux de se balader». La lettre est courageusement signée «Vos voisins». Pis. L’exploitation de Fabien Le Coidic est totalement stigmatisée, les voisins allant jusqu’à pointer «une forme d’élevage rétrograde et cruelle», alors même que les vaches paissent dans les prés.

Le sang de l’avocat, petit-fils d’agriculteur, ne fait qu’un tour, bien décidé à prouver que les campagnes, loin d’être des espaces aseptisés, sont au contraire des territoires économiques et sociaux bien vivants et que l’agriculture y a toute sa place… Plus encore quand l’installation a obtenu toutes les autorisations nécessaires. Mais parfois, cela ne suffit pas, comme l’a prouvé le procès de Vincent Verschuere qui a finalement été condamné à verser 106 000€ de dommages et intérêts à ses voisins qui avaient porté plainte pour nuisances sonores et olfactives. Le pire dans cette affaire que Thimothée Dufour déroule avec force détails est que parmi les dix plaignants, quatre sont partis et ont vendu leur maison à bon prix… «Deux d’entre eux ont pris la fuite en Dordogne. Chez moi, sur mes terres», ironise le jeune auxiliaire de justice. Ils devront certainement changer de trottoir s’ils viennent à le croiser, tant sa rancœur est grande de ne pas avoir pu faire valoir les justes droits de Vincent Verschuere. 

Soldat du droit

L’ouvrage rédigé avec la collaboration du journaliste du Figaro et président de l’Association française des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation (AFJA), Eric de La Chesnais, relate les procès les plus emblématiques qu’il a eu à traiter ces dernières années, sans doute parce qu’ils se départissent totalement du sens commun et que les requêtes de ces néo-ruraux sont, sans mauvais jeu de mots, totalement hors-sol ! La réelle question de fond que pose Thimothée Dufour est la suivante : Veut-on encore de nos agriculteurs en France ? Car les mêmes personnes qui prônent le manger français, notre gastronomie, les bonnes volailles, nos bons fromages et nos merveilleuses viandes et charcuteries sont les mêmes qui refusent un atelier de canards, une stabulation, un abattoir ou des moutons paissant dans les prés à quelques encablures de chez eux. Et qui en amoureux transis d’une version bucolique de la campagne, défendent mordicus les loups, les ours, s’acoquinent avec Extinction Rébellion, les Soulèvement de la Terre, WWF, et autres associations environnementales. Tous ces «détracteurs agricoles», parfois la haine au bord des lèvres, semblent atteints du syndrome NIMBY (Never in my back yard), autrement dit «Pas de ça à côté de chez moi». Car ces velléités sociétales se conjuguent avec des réalités tout aussi cruelles que sont les lois, décrets, règlements, circulaires, françaises ou européennes qui viennent entraver un peu plus chaque jour l’activité agricole en France… 

Entre deux prétoires, Thimothée Dufour, se laisse aller à quelques confidences sur sa Dordogne, l’implication des agriculteurs dans la vie communale (lire le bel hommage à l’exemplaire «Dédé») la joie des plaisirs simples partagés autour du cochon que l’on vient de tuer. Ce livre respire l’ode à la campagne, aux paysans, au dur labeur et à la concorde (utopique ?) entre agriculteurs, ruraux et citadins. Pendant la Première Guerre mondiale, la France a eu  son «Soldat du droit» avec le député-maire et avocat, André Thome, sous-lieutenant au 6e régiment de Dragons, tué à la bataille de Verdun. Le général Bazelaire (1858-1954) disait de lui : «Il a compris qu’on représente le Peuple par des actes et non par des paroles». L’agriculture vient de se trouver son soldat du droit et un défenseur passionné de leur cause, en tous temps, tous lieux, en la personne de Thimothée Dufour. 

La rédaction

Toutes les actualités
PetitesAnnonces
Bovins

V Taurillons Blond d’Aquitaine 10-12 mois + 2 taureaux 7 et 3 ans mixtes viande conf extra vêlage facile. Tél 06 08 70 15 34

Bovins

V Taureau Limousin adulte cause consanguinité. Qualifié RR, calme, vêlage très facile. Toutes garanties sanitaires. Tél 06 73 50 90 20

Sur le même sujet

La loi d’avenir pour l’agriculture fête cette année ses dix ans. Mise en œuvre par le ministre de l’agriculture d’alors, Stéphane Le Foll, elle a posé les bases de l’agroécologie. Elle a modifié durablement les pratiques agronomiques et entraîné de nouveaux comportements dans toute la société.  iStock-arenysam A l’occasion des dix ans de ce qu’on appelle «les lois Le Foll», le Groupement d’intérêt scientifique (GIS-Relance agronomique) et le ministère de l’agriculture (MinAgri) ont organisé une journée de rencontres sur le thème de l’agroécologie. L’objectif était de rappeler comment cette science est devenue le socle des politiques agricoles en France et en Europe, avec le Pacte Vert (Green Deal), et de montrer à travers différents exemples concrets, la façon dont elle…