National | Par Didier Bouville

La transition agroécologique expliquée à Barbara Pompili

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert avait invité la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, à visiter l’exploitation de Pierre Lhopiteau à Éole-en-Beauce (Eure-et-Loir). Objectif : la convaincre que la transition écologique passe aussi par l’agriculture.

Pas de transition sans agriculteur

« On ne réussira pas la transition écologique sans l’agriculture (…) Les agriculteurs sont une partie de la solution. On ne peut pas faire sans eux », a déclaré la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, visiblement convaincue. Il est vrai que la ferme de Pierre Lhopiteau est un exemple de vertu agroécologique avec les panneaux photovoltaïques installés sur les toits de ses hangars, son unité de compostage qu’il valorise à d’autres agriculteurs « à la fois bio et conventionnels », a-t-il précisé.

Sur cette ferme qu’il a reprise en 1993 après une première installation en 1980, il réussit à capter 183 tonnes de crédit carbone par an « soit 180 allers-retours Paris-New York» par an, a précisé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. La voix quelque peu étranglée, Pierre Lhopiteau a admis que tous ses efforts méritaient « une reconnaissance » qui ne venait pas toujours « C’est ce qui manque et c’est également un frein à beaucoup de projets d’installation », a-t-il insisté.

Cette incompréhension née d’un manque de dialogue que ce soit avec les consommateurs et les pouvoirs publics, Christiane Lambert l’a également soulignée à plusieurs reprises au cours des quatre ateliers qui ont rythmé la visite ministérielle : le premier sur la neutralité carbone, le deuxième sur le photovoltaïque, le troisième sur le compostage et le dernier sur l’atténuation des émissions et impacts agricoles. Sans être distendues ni rompues, les relations entre Barbara Pompili et les agriculteurs, notamment la FNSEA, sont parfois sujettes à quelques frictions sur des dossiers sensibles comme la biodiversité et la prédation. C’est bien dans un esprit d’apaisement avec la volonté de « donner de la visibilité sur cette transition » que la ministre a accepté l’invitation.

Besoin de dialogue

« Le rôle de l’agriculture est central et déterminant pour nos territoires, y compris dans son rôle pour la préservation de la biodiversité », a indiqué, Barbara Pompili refusant que « l’on oppose agriculture et écologie » et appelant à « démonter cette idée reçue ». La ministre semble également avoir pris conscience que la transition ne s’effectue pas en un tournemain et que « changer les pratiques culturales réclame du temps long. Il faut garder à l’esprit que l’agriculture est le travail de la patience », a-t-elle affirmé.

Évoquant son optimisme sur une possible planification avec les acteurs agricoles pour réussir la transition écologique, elle a aussi indiqué vouloir avancer sur le dossier des haies. Pour sa part, Christiane Lambert a insisté sur ce « besoin de dialogue » et la nécessité d’avoir une vision globale sur la contribution de l’agriculture, en « n’oubliant pas le volet nourricier » de la profession. « Oui les agriculteurs sont des climato-acteurs », a-t-elle martelé soutenant l’importance de donner, dans cette transition, de « l’efficacité économique aux exploitations ». Sans quoi, «Il n’y aura pas d’objectif neutralité carbone tenu sans l’ agriculture », a-t-elle conclu.

Le dossier sensible des haies

« Il y a un vrai sujet des haies », ont martelé Christiane Lambert et Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA lors du parcours pédagogique sur la ferme de Pierre Lhopiteau. En effet, « il existe des inégalités au gré des réglementations, en termes de plantation et de déplacement », a indiqué Christiane Lambert. Parfois, « nous sommes contraints, pour des soucis de gestion de nos exploitations, d’aménagement du territoire de déplacer une haie. Et ça pose plein de problèmes », notamment administratifs, s’est ému Hervé Lapie.

La FNSEA, désappointée que le programme « Plantons des haies » de France Relance (50 millions d’euros, ndlr) soit si peu doté et finalement ne concerne que peu d’exploitations, aimerait le voir abondé. « On va voir ce qu’on peut faire. Il est vrai que ce programme “haies” n’était qu’une amorce, une impulsion », a indiqué Barbara Pompili. L’objectif du gouvernement est que 7 000 km de haies soient replantées d’ici fin 2022.

La rédaction

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