Europe | Par Actuagri

Des mesures pour soutenir le renouvellement des générations

La Commission européenne a présenté le 21 octobre sa « stratégie pour le renouvellement des générations dans l’agriculture ». Jeunes agriculteurs et le Copa-Cogeca soulignent le manque de souffle de ce projet.

© iStock-fotokostic

Cette stratégie définit une feuille de route pour soutenir les jeunes agriculteurs et attirer davantage de personnes vers l’agriculture. Elle a pour ambition de doubler la part des jeunes agriculteurs dans l’UE d’ici à 2040, l’objectif étant que les jeunes agriculteurs et les nouveaux agriculteurs représentent environ 24 % des agriculteurs européens. Pour y parvenir, la Commission recommande aux États membres de consacrer au moins 6 % de leurs dépenses agricoles (contre 3 % actuellement) dans des mesures favorisant le renouvellement des générations.

La stratégie identifie cinq leviers d’action : l’accès à la terre, au financement, aux compétences, à un niveau de vie équitable dans les zones rurales et à un soutien à la succession. Cela pourrait se traduire par un « paquet de démarrage » pour les jeunes agriculteurs dans le cadre de la prochaine PAC : l’enveloppe proposée pouvant aller jusqu’à 300 000 euros. Plusieurs pistes sont retenues. Notamment un meilleur ciblage des fonds en faveur des jeunes agriculteurs ; le développement d’un Observatoire européen des terres afin d’améliorer la transparence foncière…

10 % du budget

Pour Jeunes agriculteurs (JA), cette stratégie est le signe « d’une prise de conscience de l’urgence démographique ! ». JA « salue les annonces fortes du commissaire Christophe Hansen. Mais cette ambition ne peut être atteinte avec la baisse drastique du prochain budget de la PAC ». Si le doublement de la part de l’enveloppe de chaque Etat membre dédiée aux jeunes agriculteurs (de 3 % à 6 %) est une proposition « dont on ne peut que se féliciter », ce souhait restera « un vœu pieux si on ne contraint pas les Etats membres » « sans compter l’effondrement de l’enveloppe globale ! ».

Pour Jeunes Agriculteurs « c’est bien 10 % de l’actuel budget agricole qui devra être consacré au renouvellement des générations dans le règlement de la PAC ou des plans de partenariats nationaux et régionaux (PNR) ! ». « Nous restons dubitatifs face à cette stratégie de la Commission, certes ambitieuse, mais non-contraignante et sous-financée. Sans engagement budgétaire solide, ce plan risque de se limiter à un effet d’annonce » déplore Pierrick Horel, président de Jeunes Agriculteurs.

« Vouée à l’échec »

De leur côté , le Copa et la Cogeca* ont salué, dans un communiqué « l’approche stratégique ciblée sur le renouvellement générationnel ». Ils ont ainsi pris note « de certains éléments positifs, tels que les travaux annoncés sur la plateforme ‘‘ Femmes dans l’agriculture’’ et la reconnaissance du rôle clé des coopératives agricoles dans le soutien aux jeunes agriculteurs ». Mais les deux organisations européennes regrettent que cette stratégie « ne propose pas d’objectifs ambitieux ni de solutions aux défis économiques auxquels est confrontée l’agriculture européenne, à savoir le faible niveau de revenus du secteur ».

Selon elles, « a stratégie proposée, qui doit être intégrée dans les propositions relatives au CFP, est vouée à l’échec si elle n’est pas soutenue par une politique agricole individuelle, commune et distincte, dotée d’un budget dédié et protégé contre l’inflation ». Ce projet « ne fait pas de l’agriculture, de ses jeunes agriculteurs, de ses agricultrices, de ses agriculteurs et de ses coopératives une priorité pour l’UE », souligne le communiqué.

(*) Agriculteurs européens et coopératives européennes

Actuagri

Toutes les actualités

Sur le même sujet

La Commission européenne a présenté le 19 février sa Vision pour l’agriculture et l’alimentation, sa nouvelle feuille de route remplaçant la très décriée stratégie de la Ferme à la table. L’idée est désormais de «trouver des solutions pratiques dans le dialogue plutôt qu’imposer des objectifs simplistes et brutaux», résume le commissaire européen à l’agriculture Christophe Hansen. Illustration-Conseil-europeen-capture-X-Twitter Au premier rang de ses priorités : alléger la charge administrative. Un paquet de simplification de la PAC sera dévoilé dans les prochains mois et un autre, plus tard dans l’année, s’attaquera aux obligations (politique environnementale, sanitaire…). La PAC post-2027 devrait aussi prévoir une réforme de la conditionnalité, réservant davantage de place aux «incitations» aux pratiques les plus vertueuses, et réduisant la part…