National | Par Didier Bouville
Le Centre national interprofessionnel d’économie laitière (CNIEL) a publié fin avril son deuxième baromètre social. Comme en 2019, les éleveurs laitiers qu’il a interrogés restent partagés sur leur métier, oscillant entre d’un côté fierté et attachement et de l’autre inquiétude sur la pérennité du métier.
«On peut voir dans cette étude le verre à moitié vide et aussi celui à moitié plein », résume à grands traits Noëlle Paolo, responsable des études au CNIEL. En effet, le baromètre qui a questionné 802 éleveurs entre août et septembre 2020, n’est pas aussi sombre que certains ont voulu le montrer. Certes, l’étude ne cache rien des difficultés rencontrées par les éleveurs, en termes de pénibilité du travail. Sur une échelle de 1 à 10, (1 étant le plus négatif et 10 le plus positif) la pénibilité se situe à 3,8 pour l’ensemble des personnes sondées, en très légère augmentation de 0,2 point par rapport au baromètre de 2019.
De même, le sentiment que la charge de travail (3,9) pèse plus dans le quotidien est-il toujours présent. Il en est de même pour le stress régulier dans le travail qui reste quasiment stable d’une année sur l’autre : 4,3 en 2020 contre 4,4 en 2019. « Les agriculteurs peinent à dégager du temps pour leur famille et leur temps libre. Ils sont aussi soumis au stress administratif », explique Noëlle Paolo.
Méconnaissance du secteur
Ce baromètre souligne également le besoin de reconnaissance des éleveurs. A la question « Les Français reconnaissent-ils le métier d’éleveur laitier à sa juste valeur ? », 57 % des interrogés répondent par la négative, en attribuant des notes inférieures à 5. Ils ne sont que 7 % à être très positifs (notes supérieures ou égales à 8). Or, ce sentiment « d’être mal aimés » est une perception qui « va à l’encontre des autres sondages qui indiquent que les Français ont, au contraire, une bonne opinion des éleveurs laitiers », rectifie Noëlle Paolo. Sans doute faut-il voir dans cette impression l’impact des campagnes de dénigrement et d’agribashing menées contre les agriculteurs. « Il existe vis-à-vis de l’agriculture en général et de l’élevage en particulier une réelle méconnaissance des Français sur ces métiers », insiste la responsable des études. De plus, la société est aujourd’hui très éloignée du monde de l’élevage et n’a pas conscience des enjeux qui sont liés à ce secteur.
Attractivité du métier
En outre, l’étude démontre des points positifs comme « l’acceptabilité » du métier. Sur une échelle de 0 à 100, le curseur de cette acceptabilité se situe en moyenne à 54,5 en hausse de 0,6 point par rapport au baromètre de 2019. Si un tiers des éleveurs considèrent ne plus être en mesure de poursuivre leur activité sur le rythme actuel, les deux tiers restant jugent au contraire avoir les moyens de le faire. La moitié d’entre eux considère que leurs revenus sont « acceptables ».
L’étude montre également que les autres agriculteurs reconnaissent le travail effectué par les éleveurs laitiers (5,6 sur une échelle de 10 ) et que ces derniers s’épanouissent dans leur travail (6,8). De même, une majorité des éleveurs (6,9) déclarent obtenir un réel soutien des proches et être attaché à leur métier (7,7). Ils ont aussi nombreux (7,9) à exprimer leur fierté d’être éleveur laitier. « Il faudra toutefois être vigilant dans les régions Bretagne ou Grand ouest où la déprise semble plus marquée. L’enjeu est celui de l’attractivité du métier et donc du renouvellement des générations. C’est à terme celui de la collecte de lait qui atteint aujourd’hui 24 milliards de litres de lait en France », avertit Noëlle Paolo. Autrement dit, un problème de souveraineté économique et alimentaire…
CNIEL+lait+FNPL