National | Par Didier Bouville
La fermeture des établissements de restauration hors domicile annoncée le 14 mars par le Premier ministre devrait chambouler environ un repas sur cinq pris par les Français. Selon une enquête Iri Gira parue en 2018, 18% des repas des Européens sont pris hors domicile.
Edouard Philippe a annoncé samedi la fermeture dès minuit et «jusqu’à nouvel ordre» de tous les «lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays», appelant les Français à «plus de discipline» face à la pandémie de coronavirus. Restaurants, bars, discothèques, cinémas sont appelés à fermer leurs portes. Les commerces sont aussi touchés, à l’exception des magasins alimentaires, pharmacies, banques, bureaux de tabac ou encore stations-essence, a précisé le Premier ministre.
«Tous les services essentiels à la vie de nos concitoyens resteront évidemment ouverts», a indiqué le Premier ministre. Et d’ajouter: «Ce que nous devons faire en ce moment, c’est tout simplement d’éviter au maximum de se rassembler, limiter les réunions amicales et familiales, n’utiliser les transports en commun que pour aller au travail et seulement si la présence physique au travail est indispensable, ne sortir de chez soi que pour faire ses courses essentielles, faire un peu d’exercice ou voter».
«Aucune pénurie» alimentaire et pas de rationnement prévu (Le Maire)
Le gouvernement et les distributeurs se sont voulus rassurants après l’annonce du Premier ministre. La «sécurité d’approvisionnement en produits alimentaires» sera «garantie dans les jours et les semaines à venir» en dépit de l’épidémie de coronavirus, a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, et les règles du travail de nuit seront assouplies pour assurer l’approvisionnement des magasins. Assurant qu’il n’y avait pour l’heure «aucune pénurie» en France, il a indiqué qu’il n’y aurait «pas de rationnement» et que «90 à 95% des références (seraient) présentes» dans les rayons. «Nous comptons sur le comportement responsable des Français (…) pour ne pas se précipiter sur les rayons et acheter plus que de besoin», a indiqué le ministre lors d’une conférence de presse le 15 mars.
Et pour «garantir la sécurité de la chaîne d’approvisionnement en produits alimentaires et de première nécessité», les règles de «recrutement, de travail de nuit, sur les heures supplémentaires» des magasins seront assouplies, a-t-il poursuivi, au sortir d’une rencontre à Bercy, avec les acteurs de la distribution. Plus tard dans la soirée, Michel-Edouard Leclerc a appelé au calme sur France 2, rappelant que les stocks de son enseigne étaient seulement passés de 28 à 24 jours. Il a également indiqué qu’environ un tiers de ses effectifs ne pourraient se rendre au travail en raison des gardes d’enfants.
Travail du dimanche autorisé dans la logistique
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a indiqué sur LCI qu’elle avait autorisé le travail du dimanche dans le secteur de la logistique afin d’approvisionner notamment les magasins alimentaires, en pleine crise du nouveau coronavirus. «J’ai été saisie d’une demande par les entreprises de logistique, j’ai pris un arrêté qui autorise le travail du dimanche», a-t-elle déclaré dimanche. Sur la question du «travail de nuit», elle est «étudiée».
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait annoncé plus tôt dans la journée qu’il y aurait aussi des «assouplissements» sur le travail de nuit et les heures supplémentaires. Elle a indiqué que les fermetures de cafés, restaurants, discothèques, représentaient «800 000 entreprises» et «2 millions de salariés». Elle a précisé à cet égard que les demandes de chômage partiel seraient valables à la date de leur demande, et pas à la date de validation par l’administration. Avant les annonces de fermeture de samedi soir, il y avait eu 120.000 demandes de chômage partiel. Pour les travailleurs indépendants qui ne peuvent pas y accéder, «on est en train de regarder d’ici demain ou après-demain la solution de l’équivalent du chômage partiel».
Une poussée des ventes quatre fois plus forte en e-commerce (Nielsen)
La pandémie de Covid-19 tire le drive à des sommets : une accélération des ventes quatre fois plus forte que dans les autres circuits de distribution y est observée du 2 au 8 mars, selon Nielsen. «Tous les circuits ont connu un afflux de consommateurs, venant en magasin ou commandant sur internet pour stocker en nombre produits alimentaires et d’hygiène, explique l’institut dans un communiqué. Le e-commerce a néanmoins progressé quatre fois plus vite que les magasins physiques» avec respectivement +31,2% et +8,1% sur la 1ère semaine de mars.
Le drive enregistre un chiffre d’affaires de 164 M€ sur la période, dépassant les 7% de part de marché hebdomadaire «pour la première fois», selon Nielsen. Une explosion des ventes qui profite notamment à l’épicerie : pâtes (+114%), riz (+111%), légumes secs (+106%), plats cuisinés épicerie (+101%), farine (+96%), purées déshydratées (+84%), poissons surgelés (+75%). Selon BFM, plusieurs sites de e-commerce ont été momentanément indisponibles, victimes de leur succès, dans les heures qui ont suivi l’allocation du Président de la République le 12 mars.
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