Aveyron | Par eva dz
Sur le plateau de l’Aubrac, au-dessus de Saint Geniez d’Olt, le hameau de Vieurals offre un paysage digne d’une carte postale. De grandes prairies où pâturent paisiblement les troupeaux Aubrac, dont celui de la famille Marcilhac.
Florent s’est installé avec ses parents, puis sa compagne, Angeline l’a rejointe en 2019, après une carrière en fromagerie. Mais l’élevage et la race Aubrac ne lui étaient pas inconnus… Son frère Guilhem Solinhac a repris la ferme familiale à Gaillac d’Aveyron. «Depuis petite je suis bercée dans ce milieu, j’ai toujours aimé ça ! Mais je n’avais jamais envisagé de m’installer… puis j’ai rencontré Florent et les enfants sont nés… La gestion de la famille, l’éloignement de Vieurals et l’accessibilité l’hiver ont accéléré mon installation», raconte Angeline.
Une installation pas sans condition ! «Je voulais un troupeau 100% Aubrac ! Je suis arrivée avec mes 5 vaches ! Etre sur l’Aubrac avec des Aubrac était pour moi une évidence !», rit la jeune femme. «Nous avons commencé à inscrire les premières vaches au Herd-Book. Aujourd’hui sur les 90 vaches du troupeau, une cinquantaine sont inscrites. Nous avançons petit à petit», souffle Angeline. «Je sais que le chemin est encore long parce que nous voulons monter notre troupeau avec nos propres vaches, nées chez nous, et j’ai parfois un œil trop critique sur nos vaches mais c’est ainsi que l’on progresse !», confie-t-elle. Une motivation qu’elle a transmis à Florent : «Lui n’était pas très concours, je l’ai un peu forcé et aujourd’hui c’est lui qui me demande quels animaux on va sortir !».
Petit à petit
Florent et Angeline s’appuient également sur les pointages de leur technicien pour progresser : «il nous a conseillés sur les vaches à garder en plus des 5 que j’avais apportées». Avec en ligne de mire plusieurs priorités : la facilité de vêlage : «Nous sommes plutôt contents car nous arrivons au but. Avant d’arriver ici je n’avais jamais vu une césarienne, désormais c’est aussi le cas ici !», confie Angeline. Autre objectif de la famille Marcilhac : «des vaches qui font du lait» : «un hommage à mon premier métier de fromagère, peut-être !». Angeline passe en effet toujours après le veau pour récupérer le lait, et le transformer en beurre, crèmes et yaourts pour les enfants. «Une vache qui nourrit bien son veau et son patron est une bonne vache !», sourit-elle. «Elle a de la valeur même si elle ne fait pas de prix en concours !».
Et enfin, l’autre critère important pour Florent et Angeline, c’est le caractère de leurs animaux : «Depuis petits, nos enfants nous suivent à l’étable. La sécurité pour eux comme pour nous est un impératif. On aime travailler dans le calme et la confiance ! En plus nos bâtiments sont en travée et vu nos hivers longs, jusqu’à 6 mois, à Vieurals, les animaux (vaches, taureaux et veaux) sont à l’attache longtemps».
Pour la repro, Florent et Angeline privilégient la monte naturelle (et garde l’IA pour le croisement Charolais) via un à deux taureaux achetés chez des sélectionneurs ou à la station de La Borie. «Un taureau est né chez nous issu d’une de mes vaches. Il semble prometteur», espère Angeline.
Les concours par plaisir
Les deux éleveurs aiment aller sur les concours, en spectateur, pour repérer quelques élevages «qui nous plaisent» et ensuite choisir quelques veaux. «Nous ne sommes pas encore au niveau des concours Aubrac mais depuis 2019, nous aimons exposer quelques animaux sur le cantonal de Saint Chély, pas forcément pour remporter un prix, ce n’est pas l’objectif premier mais surtout pour participer à la bonne ambiance autour de ce rendez-vous, se comparer et mesurer le chemin que nous avons encore à parcourir !», avance Angeline.
Sans pression donc, ils sélectionnent ensemble leurs animaux et même leurs enfants sont de la partie : «ils aiment bien présenter les vaches». Une vache particulièrement, Occitana, réussit bien dans leur élevage : «Nous avons gardé son fils, Taïssou et nous fondons beaucoup d’espoir dans cette lignée… Peut-être un jour présenterons-nous un prix de famille ?», suggère Angeline. A terme, les deux éleveurs aimeraient partager un peu de leur génétique : «Nous vendons déjà quelques génisses mais nous espérons un jour, pouvoir proposer quelques mâles… Ce sera peut-être le résultat pour nos enfants…», souffle Angeline.
En attendant toute la petite famille était au rendez-vous samedi à Saint Chély : «C’est un concours très accueillant, où l’on se sent bien et qui donne envie de participer», conclut Angeline, heureuse d’avoir transmis cette passion à Florent et à ses enfants.
Eva DZ