Aveyron | Par Jérémy Duprat
S’adapter et être opportuniste. C’est le mot d’ordre quant aux stratégies de semis et de fauches lors des réunions entre conseillers agronomiques et éleveurs.
Les équipes de techniciens de la Chambre d’agriculture ont organisé plusieurs réunions autour de l’alimentation animale. Rotation des cultures, autonomie fourragère, labour ou non… Les sujets abordés sont divers. Le fil rouge est lui bien présent : trouver des solutions pour permettre aux éleveurs d’améliorer l’alimentation des bêtes. «La plus grosse interrogation, c’est bien le changement climatique et la mutation des saisons. D’une année à l’autre, les situations changent tellement. L’an dernier, nous avons semé du ray-grass le 15 août et le 15 octobre les rendements étaient incroyables», témoigne l’un des éleveurs présent à la réunion.
Le mot d’ordre qui revient plus que jamais, c’est l’adaptation. «La météo est bonne sur trois jours. Mais après… Aujourd’hui, sur une période donnée qui auparavant était propice à des travaux définis, on ne sait plus sur quel pied danser», livre un autre agriculteur. Pour Muriel Six, conseillère agronomie, «il est impossible de proposer une technique sans se dire qu’il y a potentiellement un risque en contrepartie. Evaluer les risques et peser le pour et le contre est la meilleure chose à faire».
Aux côtés de Muriel Six, Sandra Frayssinhes, elle aussi conseillère agronomie à la Chambre, a travaillé sur l’implantation des prairies sous couvert de méteils. «L’idée c’était de décaler les semis à des périodes qui deviennent plus favorables. Notamment à l’automne. Le couvert de céréales protège des gelées. Et ensuite il faut faire de l’enrubanné», explique la conseillère. Quelques agriculteurs ont testé la méthode, avec des résultats encourageants. «Mais cela demande des essais et de l’affinage. Sur la luzerne, personne n’a voulu la tester associée à un méteil à l’automne. Par contre sur des prairies classiques, même plus longues à l’installation, les résultats sont bons», assure Muriel Six.
L’un des éleveurs présents rebondit sur le cas de la luzerne. «Nous avons semé au mois de juin. Alors qu’il n’a pas plu de l’été. Pourtant il a réussi à bien pousser parce que le lendemain du semis il a plu. C’est la loterie. L’avantage de la luzerne, c’est qu’elle résiste mieux sur la durée même sur une année sèche», partage l’agriculteur.
De toute cette réunion, après beaucoup d’échanges autour des semis et du travail du sol, le mot adaptation se mue. «Aujourd’hui, un éleveur doit être capable d’être opportuniste. Ainsi que de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Il faut, autant que possible, essayer différentes méthodes sur une année pour ne pas prendre une grosse cartouche si les conditions sont mauvaises pour un semis. C’est la même chose pour les fauches. C’est pour cela que ce genre de réunion, en plus du travail de suivi, est important», affirme Sandra Frayssinhes.
Jérémy Duprat