National | Par Didier Bouville

Bœuf aux hormones US : les Européens, surpris, condamnent l’initiative américaine

Les bonnes relations commerciales avec les États-Unis pourraient virer à l’aigre, a prévenu le 23 décembre l’Union européenne, après que Washington a relancé la bataille devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre l’UE pour son refus d’importer le bœuf américain aux hormones.

Aux termes d’un compromis de 2009, les États-Unis avaient levé leurs sanctions suite au boycott du bœuf US et l’UE avait accepté d’importer davantage de viande américaine de « haute qualité », tout en maintenant son veto sur le bœuf aux hormones.

Aujourd’hui, l’administration Obama assure que les Européens n’ont pas tenu leurs engagements en important majoritairement de la viande venant d’autres pays que les États-Unis. « L’UE a entièrement rempli ses obligations, tant dans la lettre que dans l’esprit, » a répondu le 23 décembre, dans un communiqué, la Commission européenne.

« La fin de cet accord et l’éventuelle application de droits de douane sur les exportations européennes aux États-Unis représenteraient un recul regrettable pour les fortes relations commerciales UE/États-Unis », poursuit le communiqué. Les États-Unis ont prévenu qu’ils envisageaient de renforcer les droits de douane sur des produits européens tels que le roquefort, la moutarde et les truffes.

Xavier Beulin : un impact possible entre 50 et 100 millions d’euros…

En France, le président de la FNSEA Xavier Beulin a estimé, dans une déclaration à l’AFP, que les menaces américaines constituaient « une grosse surprise ». Ces menaces, « dernières cartouches de l’administration Obama » selon lui, visent surtout la France : « Sur la viande bovine, la France est le premier pays producteur en Europe et aussi le premier pays en matière de viande de qualité, donc on est forcément dans le collimateur ».

Il chiffre l’impact potentiel d’une remise en cause du compromis de 2009 « dans une fourchette de 50 à 100 millions d’euros » par an pour une filière bovine déjà en crise. « Probablement, côté américain, il y a cette intuition que l’Europe est fragilisée avec le Brexit, avec des États comme la France, comme l’Allemagne qui vont être soumis à des élections en 2017 », a-t-il conclu.

L’association de la promotion des terroirs demande à l’UE de ne pas céder

Suite à l’annonce par les États-Unis de la reprise d’actions contre l’UE sur le dossier du bœuf aux hormones, l’Association française pour la promotion de terroirs et des saveurs (AFPTS) a réagi vivement par un communiqué le 23 décembre.

L’association, présidée par le boucher Christian Le Lann, «aux côtés d’éleveurs, de vignerons mais également de professionnels issus des différents métiers de bouche et de prestigieux noms de la gastronomie» demande à «l’Union européenne et à l’OMC ne pas céder au chantage des lobbies industriels américains».

Et de lancer : «Messieurs Obama et Trump, gardez votre boeuf aux hormones si cela vous chante, mais ne nous l’imposez pas».

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