Aveyron | Par La rédaction
La ferme Harmonie sur la commune de Maleville a une longue tradition d’accueil du public, à la faveur de sa dynamique exploitante, Chantal Casal. A partir de cette année, les visites s’officialisent avec une inscription au sein du réseau Bienvenue à la ferme.
Chantal Casal a repris en 1995 la ferme laitière familiale. Cette passionnée d’élevage, en perpétuelle recherche d’évolution, a fait basculer la ferme en Agriculture Biologique en 2011. Elle trait aujourd’hui 40 vaches laitières, en race Prim’Holstein, élevées sur 44 hectares. «Je travaille beaucoup sur la résilience des systèmes, notamment face aux changements climatiques. Je participe d’ailleurs activement à des groupes de réflexion sur ces sujets», évoque l’agricultrice. «Depuis deux ans je pratique du croisement trois voies : Prim’Holstein, Viking Red et Brune des Alpes. En effet en Prim’Holstein pure, les vaches étaient moins adaptées aux fourrages produits en Agriculture Biologique». Chantal Casal évoque un autre exemple d’adaptation : l’arrêt des vêlages d’été. «Avant, les vaches vêlaient toute l’année, mais entre les fortes chaleurs et l’absence d’herbe au pâturage, je préfère les mettre au repos et ne traire que les fins de lactation». Ainsi les vêlages reprennent vers la fin août. L’éleveuse travaille aussi sur ses assolements afin de se rapprocher de l’autonomie protéique, tout en conservant des fourrages de qualité. Les méteils ont ainsi fait leur apparition. La philosophie de Chantal Casal ? Envisager la ferme comme un système global qui s’intègre parfaitement dans son environnement. C’est ce message qu’elle souhaite faire passer à ses visiteurs. «J’utilise toujours le terme « ferme » au lieu d’exploitation. Il me semble plus approprié lorsqu’on parle de résilience des systèmes».
Une envie de communiquer indéfectible
«Lors de mon installation j’avais le projet de créer une ferme pédagogique, mais je n’en ai malheureusement pas eu l’occasion». Ce goût du partage ne l’a néanmoins jamais quitté. «J’ai toujours accueilli du monde, qu’il s’agisse d’amis ou de camps l’été, ou bien des écoles du secteur». Au fur et à mesure, l’idée de professionnaliser ces visites s’est affinée jusqu’à la décision de se lancer en 2021. «J’ai participé à la formation «Créer une ferme de découverte» proposée par la Chambre d’agriculture. En deux jours, assortis d’une visite individuelle sur site, nous avons pu traiter de la réglementation, des démarches administratives, de la communication, de l’organisation, sans oublier la réflexion sur le message qu’on veut faire passer. La formation se faisant en groupe, cela permet aussi de beaucoup échanger avec d’autres porteurs de projets similaires». L’étape suivante concerne les aménagements à mettre en œuvre pour recevoir du public. «Chez moi, je n’ai pas eu beaucoup de travaux à réaliser. Il faut surtout être vigilant au niveau de la sécurité. Cela concerne notamment le fait de boucher des regards, de baliser des zones à risque. Mais ce qu’il ne faut pas négliger bien sûr, c’est la propreté !».
Chantal Casal a programmé le déroulé des visites afin que la traite en soit le point d’orgue. Les visiteurs sont donc attendus à 15 heures pour trois heures de découverte. L’après-midi se termine par un goûter fermier, avec des produits «fait maison» ou locaux. «Malheureusement je n’ai pas le droit de faire goûter le lait de mes vaches, à cause de la réglementation sanitaire», déplore l’éleveuse.
Une immersion totale dans la production laitière
Lors de la visite, la ferme Harmonie se découvre de façon très exhaustive. Chaque élément intervenant dans l’acte de production est décortiqué par Chantal Casal avec beaucoup de pédagogie. «En matière d’alimentation, je fais découvrir les différents types de fourrages et de cultures. Comment ils sont produits. A quoi ils servent». La ferme a la chance de posséder son propre lac, ce qui permet d’échanger sans tabou autour de l’irrigation. Elle pratique aussi du pâturage tournant dynamique. En outre l’éleveuse met un point d’honneur à ce que le public vive une expérience au plus près des animaux. «Je fais en sorte que les gens puissent toucher les animaux. Après être allés chercher les vaches au pré, ils participent pleinement à la traite, jusqu’à toucher et brancher eux-mêmes les trayons. Je leur montre ainsi comment un éleveur crée du lien, vit en symbiose avec ses animaux». Adepte des méthodes alternatives de soins, Chantal Casal évoque aussi avec passion ses résultats d’expériences en homéopathie et phytothérapie.
Démonter les clichés
Le bilan énergétique de la ferme est aussi analysé. L’existence de panneaux photovoltaïques et d’une chaudière à bois, alimentée par les ressources de la ferme, montrent qu’en élevage laitier on peut limiter son impact environnemental. Enfin, la découverte se termine par un élément fondamental : le volet économique avec l’explication de la constitution du revenu. «Pour moi l’essentiel est de faire comprendre à mes visiteurs la globalité du système, les interactions qui le régissent. Il faut qu’ils repartent avec une idée nuancée des choses, loin des clichés véhiculés sur l’élevage».
Pour étayer ses propos, Chantal Casal travaille avec une stagiaire sur la création d’un support pédagogique, sous forme de catalogue, reprenant les éléments évoqués pendant la visite, que les gens pourront consulter au moment du goûter. «Je réfléchis aussi à leur laisser un souvenir sous forme de carte postale portant le message fort que je souhaite qu’ils retiennent de leur passage chez moi». L’éleveuse continue ainsi à peaufiner son activité de découverte. Elle confie d’ailleurs que son projet de ferme pédagogique n’est pas tombé dans les oubliettes. Affaire à suivre.
Bérangère Carel
Bienvenue à la ferme+élevage laitier bio