National | Par Didier Bouville
Les acteurs de la filière biologique se sont réunis à Paris, les 4 et 5 avril, lors de l’Assemblée générale de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). Alors que le taux de reconversion ne cesse de croître en France, les opérateurs de cette filière se sont interrogés sur les risques qu’elle encourt. Une bio plus industrielle et de grande échelle semble émerger de façon exponentielle. Et si la bio, à vouloir changer d’envergure, s’exposait à une perte en exigences ?
La crise agricole, conjoncturelle et structurelle, qui frappe de plein fouet les producteurs en première ligne, amène nécessairement des remises en question quant aux modèles de production en place. Avec un marché en croissance de plus de 10% par an, la culture biologique confirme son expansion. Pour ses acteurs, une nouvelle étape a été franchie. Néanmoins, « le bio n’est pas la solution universelle », affirme Jean-Christophe Bureau, professeur à AgroParisTech. Aussi, l’émancipation du bio ne se fera, selon lui, qu’à condition de changer la demande. « Avec cette conversion importante, on constate une différence entre les puristes (les anciens) et les nouveaux plus enclins à proposer des systèmes bio industrialisés pour davantage de compétitivité », remarque Irène Carrasco, administratrice à la Fnab.
Au niveau européen, le risque de voir apparaître une filière biologique considérée « au rabais » apparaît plausible pour bon nombre d’opérateurs présents lors de cette rencontre. « On constate que l’on va vers un bio à deux vitesses. Un bio fabriqué en France avec le souci des emballages biodégradables et des ingrédients nobles. Et un autre bio plus commercial où le prix prédomine, et où la provenance des produits importe peu », explique Brooks Wallin, représentant des industriels du bio et membre de la fédération Natexbio. La grande distribution ne l’aurait selon lui, jamais autant sollicité que depuis les six derniers mois.
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