Aveyron | Par eva dz
Une attaque de plus, une attaque de trop ! Cette fois-ci, trois veaux ont été les victimes de vautours en fin de semaine dernière. Leur éleveur, installé sur le secteur de Vezins a témoigné, devant la DDT de cette douloureuse expérience : «Ça fait mal quand on voit nos animaux attaqués !». Les mots sont durs et montrent le désarroi des éleveurs victimes d’attaques de prédateurs.
«La veille encore tout allait bien, les 13 vaches comme les 4 veaux étaient en forme sur la parcelle de 8 ha mais le lendemain, un voisin m’a appelé pour me dire que des vautours tournaient au-dessus de la parcelle alors je suis allé voir», l’émotion est encore palpable dans la voix de l’éleveur, qui a découvert, stupéfait, sa parcelle «noire de vautours» ! «Il y en avait peut-être 250 et plusieurs attroupements ! Les vaches étaient dans un coin, en sueur, affolées d’avoir été poursuivies et un veau, le seul rescapé, tremblotant, perdu… J’ai retrouvé les trois autres veaux dévorés par les vautours un peu plus loin… Ça fait vraiment mal de voir ça ! Nous travaillons pour nos animaux, qu’ils soient en bonne santé et en sécurité, c’est vraiment dur à vivre». Ce témoignage montre combien les éleveurs sont désarmés, impuissants face aux attaques sur leurs animaux. L’impact financier vient alourdir leur souffrance psychologique.
«Ça fait mal !»
«Les animaux pâturent, un mode d’alimentation durable et adapté à nos territoires, mais certainement pas pour être stressés et en subir des conséquences sur leur santé. C’est donc une deuxième souffrance pour les animaux qui sont effrayés, fatigués puis tués ou stressés. Les éleveurs et leurs animaux d’élevage souffrent donc du comportement déviant des vautours en plus grand nombre, qui changent de manière de s’alimenter en s’en prenant à des animaux en bonne santé», complètent les représentants de la FDSEA et des JA, venus en soutien de l’éleveur. Ensemble ils ont décidé de mettre une fois de plus les services de l’Etat devant leurs responsabilités face à ce fléau en déposant les cadavres des trois veaux devant la DDT, samedi 30 juillet. Comme ils l’avaient déjà fait avec le cadavre de la jument en mai 2021. «Nous signalons régulièrement des attaques de vautours sur des animaux vivants, elles ont été décuplées sur une partie du département ces deux dernières années. Cette histoire a un goût de déjà vu !», dénoncent la FDSEA et les JA, qui ont rappelé leur demande : Zéro attaque de vautours ! «Nous avons alerté à maintes reprises, les pouvoirs publics sur ce sujet. Nous demandions de réelles actions : la possibilité aux éleveurs d’effectuer des tirs d’effarouchement pour faire fuir les vautours, la mise en place d’un plan de maîtrise et de régulation de ces oiseaux en vue de retrouver un équilibre et la reconnaissance du préjudice pour les éleveurs avec une indemnisation et force est de constater que nous n’avons toujours aucune avancée !», regrettent Laurent Saint Affre, président de la FDSEA et Julien Tranier, co-président de JA 12.
Pourtant la volonté était bien là localement de faire avancer les choses : suite à un Comité Interdépartemental Vautours, présidé par la Préfète de Lozère, les ministères avaient donné un accord pour que l’Aveyron puisse être une zone test pour la gestion des populations de vautours. «Nous aurions dû pouvoir procéder à des tirs d’effarouchement pour protéger nos animaux et pour que les éleveurs puissent se protéger également. Cette mesure avait été actée, mais deux mois après, ces mêmes ministères ont demandé à l’administration départementale d’argumenter sur la nécessité des mesures précédemment validées par eux-mêmes», déplorent les responsables FDSEA – JA, dénonçant l’inaction de l’Etat.
Rendez-vous avorté
Une fois de plus devant la DDT, FDSEA et JA ont amené une nouvelle preuve afin de faire prendre conscience aux services de l’État de la réalité de ces attaques. Alors que les derniers chiffres officiels de la LPO Grands Causses attestaient de 940 couples reproducteurs en mai (contre 200 en 2010, soit environ 80 couples de plus tous les ans), les éleveurs s’inquiètent du manque de réaction des services de l’Etat.
Samedi 30 juillet, le rendez-vous à la DDT a avorté puisque le directeur n’est pas venu… Mais lundi 1er août, des représentants de la FDSEA et des JA été de nouveau présents à la DDT puis ont été reçus par la secrétaire générale de la préfecture, Isabelle Knowles. «Nous avons présenté point par point les dysfonctionnements», résume Laurent Saint Affre. Il cite notamment les «analyses bien trop précoces», «souvent non avérées au niveau scientifique et inexploitables» : «le délai est de 48h entre la déclaration de l’attaque et l’expertise, avec des chaleurs comme nous avons cet été, les éléments ont vite fait d’être inexploitables !», dénonce le président de la FDSEA. La profession demande aussi la nomination d’un 2ème vétérinaire référent pour une coordination plus rapide si le premier est absent. «
Face à l’inaction de l’Etat, FDSEA et JA ont demandé la réouverture de l’argumentaire préparé il y a déjà un an : «nous devons le réactualiser, l’adapter aux nouvelles attaques pour que le ministère, enfin, nous autorise les tirs d’effarouchement, de protection et lance la régulation des populations. Nous travaillons pour que cet argumentaire soit envoyé d’ici fin août au ministère». Clairement, la FDSEA et les JA demandent que l’Etat reprenne en main la gestion des populations de vautours : «le contexte économique est déjà très difficile pour l’élevage, ce phénomène de prédation accentue encore. Nous voulons être entendus, écoutés par le ministre de l’agriculture que nous attendons sur le terrain», a avancé Laurent Saint Affre.
Eva DZ
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