National | Par Didier Bouville
Eleveurs et consommateurs l’ont échappé belle. Le principe d’une taxe sur la viande n’a finalement pas été retenu dans le programme «De la Ferme à la Table» proposé par la Commission Européenne.
Et pourtant les premières versions du texte laissaient apparaître la possibilité de taxer la consommation de viande. Parmi les défenseurs de cette nouvelle taxe, le groupe de pression néerlandais «True Animal Protein Price Coalition». Son objectif : taxer la viande pour réduire la consommation et donc le cheptel. Le produit de cette taxe étant utilisé pour baisser le prix des fruits et légumes et aider les ménages les plus pauvres.
L’idée faisait donc son chemin mais on n’en retrouve plus trace dans le programme F2F, Farm 2 Fork de la Commission Européenne. Avec la crise économique qui s’annonce suite au Covid 19, celle-ci a probablement jugé que le moment n’était pas venu d’instaurer un nouvel impôt sur un produit alimentaire.
Un argument qu’avait avancé Joe Healy, éleveur irlandais et vice-président du COPA. Pour lui, «taxer la viande serait une injustice, qui pénaliserait ceux qui ont du mal à finir les mois et qui veulent une alimentation équilibrée». Il réfute par ailleurs l’image d’élevages industriels en Europe alors que la moyenne des fermes compte 50 animaux. Surtout «29 % des terres en Europe sont considérées comme marginales et impropres à la culture. L’élevage permet justement de maintenir des prairies et du bocage.»
Au moment où les éleveurs font des efforts pour réduire les gaz à effet de serre, «une taxe sur la viande est une proposition aussi simpliste que contre-productive», estime-t-il.
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