National | Par Didier Bouville
Alors que les négociations de la future Politique agricole commune (PAC) se poursuivent, trois têtes de réseaux (Trame, FNCuma et Civam*) entendent faire reconnaître leurs spécificités.
L’agriculture de groupe doit être un « moteur pour la future PAC ». C’est ce qu’ont expliqué Trame, la FNCuma et Civam, le 8 septembre lors d’une conférence de presse commune. Ces trois têtes de réseaux ont décidé de travailler ensemble pour présenter leurs propositions pour la PAC post 2020. « Ce qui nous regroupe, c’est le collectif qui n’est pas pris en compte dans la PAC », a expliqué Olivier Tourand, éleveur dans la Creuse, et vice-président de Trame.
« La PAC actuelle ne réussit pas à apporter une réponse satisfaisante à tous les enjeux, a-t-il poursuivi. Elle ne peut pas continuer à attribuer des aides à des filières qui ne permettent pas de rémunérer les agriculteurs ». Dérèglement climatique ; pollution des sols, de l’eau, de l’air ; érosion de la biodiversité ; perte de qualité des productions alimentaires ; inégalités d’accès à l’alimentation ; désertification du monde rural… tels sont les défis que devra relever la future PAC selon les trois organisations.
« L’agriculture de groupe et le collectif sont une réponse à ces enjeux s’ils sont basés sur trois principes agroécologiques : le territoire comme échelle de travail ; la diversité comme une réponse à la standardisation et la spécialisation de l’écosystème agro-alimentaire, et comme une manière d’appréhender l’agriculture (génétique, cultures de production, cultures alimentaires, savoirs…) ; le collectif comme support d’action (innovations, ancrage territorial, réassurance…) » ont estimé les trois organisations.
«Ramener de l’économie sur l’exploitation»
Trame, Civam et FNCuma formulent plusieurs propositions concrètes : maximiser le rééquilibrage du montant du premier pilier vers le second ; plafonner les aides du 1er pilier à l’actif (exploitant et premier salarié), accessibles au moins de 65 ans ; rendre éligible les collectifs aux aides du 1er pilier ; mettre en place dans le 2nd pilier un contrat de transition agroécologique et alimentaire de territoire … Cette dernière mesure devrait permettre de « ramener de l’économie sur l’exploitation », précise Antoine Delahais, polyculteur-eìleveur en Seine-Maritime, trésorier de Réseau Civam.
Car « accumuler des hectares permet d’augmenter le chiffre d’affaires, mais pas la valeur créée ». Le second pilier « permet de s’engager sur le temps long dans des pratiques nouvelles, et à l’échelle d’un territoire », a ajouté Olivier Tourand.
Enfin, Christophe Perraud, secrétaire général de la FNCuma, agriculteur en Loire-Atlantique a rappelé que le débat public national sur l’avenir de la PAC venait de redémarrer. « Nos réseaux sont mobilisés pour débattre avec la société », a-t-il conclu
*Trame (Tête de réseaux associatifs de développement agricole et rural), Fédération nationales des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (FNCuma) et Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam).
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