National | Par Didier Bouville
L’Aveyronnais Pierre Cabrit, président de Fedelis, regroupant les filières en démarche Label Rouge.
Alors qu’ils répondent parfaitement à l’engouement des consommateurs pour une alimentation «made in France» les produits sous signe de qualité ont souffert de la désorganisation des marchés pendant plus de deux mois de confinement.
Label rouge, Indication Géographique Protégée (IGP), Appellation d’Origine Protégée (AOP, AOC), Spécialité traditionnelle Garantie (STG), tous ces signes officiels témoignent de l’ancrage dans leur terroir et du respect de recettes historiques de plus de 700 produits alimentaires d’origine végétale ou animale. A ce titre ils séduisent de plus en plus les consommateurs.
Mais la fermeture des restaurants, des marchés ou des halles et des rayons de découpe des grandes surfaces a bloqué une part importante de leurs débouchés traditionnels. Ainsi les huîtres IGP Marennes Oléron ont perdu 65 % de leur chiffre d’affaires. Les filières ovines ont sauvé de justesse les ventes d’agneaux de Pâques grâce à des campagnes de communication onéreuses. D’autres filières ont dû modifier momentanément leurs cahiers des charges pour stocker une partie de la marchandise qui arrivait en pleine production.
Pierre Cabrit, éleveur de veaux de l’Aveyron et du Ségala Label Rouge et président de Fedelis a été contraint de déclasser une partie de sa production. A défaut de trouver des acheteurs pour ses jeunes veaux, ceux-ci ont pris du poids et de l’âge et sont sortis des critères du Label Rouge. Dans cette filière 10 % des 18 000 veaux produits chaque année ont ainsi été déjà déclassés. «Avec le recul on ne comprend pas la fermeture des marchés de plein vent et des halles», déclare-t-il. Les grandes enseignes sont restées ouvertes, ce qui a bénéficié à certaines filières, comme la farine mais aussi les oeufs Label Rouge, dont l’explosion de la demande n’a pu être satisfaite.
Pour Pierre Cabrit la fédération Fedelis, qui regroupe les filières en démarche Label Rouge, IGP (sauf vins), AOP (sauf produits laitiers et vins) et STG, doit accompagner les entreprises à s’adapter très rapidement à ces nouveaux modes de commercialisation comme la vente en ligne et les «drives» pour reconquérir ses marchés. «Il faut aussi communiquer sur ce qui est vertueux dans ces signes de qualité, le respect des animaux et de l’environnement, car nous sommes en ligne avec les attentes des consommateurs. Malgré ses 60 ans le Label Rouge est à l’avant-garde» déclare-t-il.
Les consommateurs ne connaissent pas en effet toujours les différents aspects des cahiers des charges de ces signes de qualité et notamment ceux qui concernent la protection de l’environnement, et l’hébergement des animaux. Des critères auxquels ils sont de plus en plus sensibles.
éleveurs+label+viande