Aveyron | Par eva dz
La SA4R était réunie en assemblée générale fin juin à Lardeyrolles. Son président, Joël Clergue, fait le point sur l’activité et les projets portés par plus de 300 éleveurs de Veau d’Aveyron et du Ségala.
Comment se porte la SA4R ?
J. Clergue : «Plutôt bien ! Nous avons la chance de pouvoir compter sur 210 exploitations qui nous livrent leur Veau d’Aveyron et du Ségala, ce qui représente un peu plus de 300 éleveurs. 200 d’entre eux sont actionnaires à la SA4R (dont 10 nouveaux déjà engagés dans notre démarche). Et depuis 3 ans, 20 jeunes se sont installés, dont un hors-cadre familial, les autres reprenant la suite de leurs parents déjà engagés à la SA4R. Ça fait plaisir de voir cette continuité dans notre filière du Veau d’Aveyron et du Ségala et de l’élevage en général. Je suis heureux de voir cette belle fidélité à notre démarche, de la part de nos éleveurs et de nos partenaires historiques, Auchan et Bigard Castres.
Et en terme de valorisation, est-elle toujours au rendez-vous pour les éleveurs dans un contexte de prix de la viande revalorisé ?
J. Clergue : Depuis le début de l’année 2024, nos partenaires principaux, que sont l’enseigne Auchan et l’entreprise Bigard Castres ont augmenté le prix payé aux producteurs de 10%. Cet effort montre leur confiance dans notre produit et est le fruit de nos échanges constructifs. Ils ont bien conscience des soucis des éleveurs et ont à cœur de les soutenir. Chacun à son niveau dans la filière prend ses responsabilités.
J’aime à rappeler que la SA4R est une entreprise créée par les éleveurs, pour les éleveurs. Et sur l’exercice 2023, elle leur a redistribué 700 000 euros.
Dans un contexte de décapitalisation de l’élevage, comment se porte l’activité de la SA4R en volumes ?
J. Clergue : Nous maintenons un ratio entre offre et demande plutôt équilibré. En raison de départs à la retraite d’éleveurs, notre offre a baissé de 8% mais dans le même temps, la demande a elle aussi, diminué de 8%. L’équilibre est maintenu mais pour autant, il ne nous satisfait pas. C’est important de garder un ratio identique de labellisation et notre but est bien d’aller chercher des volumes supplémentaires et de décrocher de nouveaux marchés par nous-mêmes.
Quelles sont ces nouvelles pistes de débouchés ?
J. Clergue : Depuis 2 ans, nous avons lancé l’activité de vente directe de colis de viande de Veau d’Aveyron et du Ségala, pour les éleveurs qui le souhaitent. Nous avons créé une marque «Ces gars là», clin d’œil à la fois à notre territoire et à la fois à notre collectif. Notre site internet (https://cesgarsla.fr/livraison) permet de commander des colis de viande et des produits type terrines, saucisse 100% Veau d’Aveyron et du Ségala. Ces colis peuvent être retirer en points relais sur le territoire ou bien livrés à domicile.
Ce site collectif permet de se mettre en avant, de mettre en avant nos produits et de mutualiser les coûts pour les éleveurs qui veulent se lancer dans la vente directe. Nous avons mis en place une politique de juste prix, au coût de production. Cette initiative a valeur d’exemple sur l’intégration du coût de production dans le prix de nos produits. Elle est un bon complément à notre démarche de filière.
Quels sont vos projets et sur quels sujets allez-vous vous pencher dans les mois à venir ?
J. Clergue : Notre objectif est de maintenir la production. D’encourager les jeunes qui nous ont rejoint en leur donnant la priorité sur les veaux labellisés et d’encourager d’autres à nous rejoindre ! Nos portes sont grandes ouvertes pour de nouveaux éleveurs ! Assurer le renouvellement des générations est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, moi qui l’ai défendu à JA pendant de nombreuses années jusqu’à l’échelon national…
La recherche de nouveaux marchés pour augmenter notre visibilité est aussi un chantier à continuer de mener. Notre marque Ces gars là est un bon outil de communication envers les artisans bouchers, les épiceries fines, les restaurateurs… En plus de conforter nos débouchés actuels avec la distribution, la restauration hors foyer… Nous nous sommes aussi associés aux divers PAT (programme alimentaire territorial) dans le Tarn et dans l’Aveyron. Dans le Tarn, la démarche est déjà bien avancée avec une présence de nos produits dans les cantines des collèges. Nous espérons qu’elle va se concrétiser en Aveyron.
Dans quel état d’esprit abordez-vous la suite ?
J. Clergue : Lors de notre assemblée générale, j’ai senti des éleveurs mobilisés. Bien sûr on s’interroge tous sur les difficultés rencontrées par les produits sous signes de qualité dans un contexte d’inflation. Mais nous savons qu’avec notre démarche, nous sommes dans le vrai. On répond aux attentes sociétales en matière de santé (notre cahier des charges garantit un produit de qualité, haut de gamme, sans OGM…), en matière environnementale (la moitié de nos éleveurs sont certifiés HVE), en matière de proximité (nous sommes attachés à notre territoire)… Tous ces arguments sont gages de réussite. Nous avons envie de continuer à nous battre pour valoriser notre production.
Aux 4R historiques de notre SA (Responsabilité, rigueur, régularité, réussite), j’en ajouterai un 5ème : Respect des éleveurs, du bien-être animal, de l’environnement, des consommateurs. Nous avançons avec confiance pour la suite».
Recueillis par Eva DZ