LE POINT DE VUE DE DOMINIQUE FAYEL
Comme chaque fin d’année le ministère de l’agriculture vient de publier les comptes provisoires qui font apparaître une baisse de 3,6 % des revenus agricoles, toutes productions confondues. Avec un revenu moyen affiché à 32 000 € par actif, le ministre souligne, avec une satisfaction à peine dissimulée, le niveau équivalent des revenus des producteurs en Allemagne, le désormais grand rival agricole de la France en Europe.
La comparaison avec l’Allemagne serait évidemment plus pertinente si les méthodes de calcul étaient les mêmes en France et dans le reste de l’Europe, ce qui n’est, en l’occurrence, pas le cas. Toutefois, certains chiffres, même partiels, confirment quelques tendances ressenties sur le terrain : la production de viande bovine en dessous du SMIC, un léger mieux pour le lait et surtout, l’explosion des charges (+ 16 % pour l’aliment du bétail, + 46 % pour les engrais, par exemple). On reste septique sur les niveaux de revenu en production porcine (25 000 €) alors qu’on assiste à un recul sans précédant de cette production, au moins dans nos régions.
Les répercussions de la sécheresse sont sous-évaluées à ce stade, avec des achats d’aliment ou de fourrages qui vont de plusieurs milliers d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros, et qui vont se poursuivre pendant tout l’hiver. Les conséquences sur les résultats définitifs des exploitations d’élevage seront aussi marquées qu’elles l’ont été, et le seront encore, sur les trésoreries. Bien sûr, il y aura le versement des «calamités agricoles», mais les pertes subies ne seront indemnisées qu’en partie.
Sécheresse ou pas, le secteur de l’élevage subit depuis plusieurs années une réalité simple et brutale : au regard des investissements réalisés, des compétences requises, le revenu n’est pas à la hauteur du travail fourni. Cette réalité, Michel Barnier l’avait identifiée et avait agi, avec détermination, pour la corriger. En revanche, Bruno le Maire, ministre de l’agriculture… en campagne, ne pourra pas, artificiellement, la gommer de son bilan.