Par Dominique Fayel, président de la FDSEA Aveyron.
«Le ministère de l’agriculture vient, en moins d’une semaine, de publier des comptes prévisionnels pour l’agriculture complètement irréels et de bâcler, pour des raisons budgétaires, le traitement de la sécheresse via le CNGRA.
Reconnaître et identifier les difficultés est une première étape indispensable dans une relation «républicaine», le mot a beaucoup été utilisé ces derniers jours, entre gouvernants et citoyens. Mais au-delà des problèmes immédiats qui appelleront des réactions, notre agriculture, comme le pays dans son ensemble, souffre de maux plus profonds. Pour simplifier, ils sont de trois ordres?: trop de «papiers», trop de coûts, pas assez de valeur :
– l’emballement réglementaire et bureaucratique n’est plus seulement une gêne ou un problème, c’est devenu clairement LE facteur de blocage de l’activité. Il faut des règles et elles doivent être appliquées, mais elles doivent se recentrer sur l’essentiel. La diminution «en volume» des textes, réglements, circulaires de tous ordres est une condition de la reprise des investissements, des projets, de l’innovation, et en définitive, de la marche en avant de l’économie agricole.
– nos charges sont systématiquement décalées par rapport à la quasi totalité de nos concurrents, non pas à l’autre bout du monde, mais nos plus proches voisins européens qui ont par ailleurs des niveaux de vie parfaitement comparables au nôtre. La fin effective et immédiate de toute sur-transposition des directives européennes est la première étape de ce chantier.
– «Notre pays doit sortir de la névrose des prix», selon l’aveu même de Jérôme Bédier (Carrefour) devant l’AG de Coop de France. Vingt ans de guerre des prix dans notre pays, de champ libre laissé à la distribution par des pouvoirs publics obsédés par le «pouvoir d’achat», ont lessivé la production agricole et industrielle. La machine infernale à détruire la valeur s’est mise en marche tout le long des filières, écrasant le revenu des producteurs, les emplois, les territoires. Retrouver collectivement le chemin de la création de valeur est d’abord l’enjeu des filières mais les règles et l’équilibre des relations commerciales sont bien l’affaire des pouvoirs publics.
Seules des décisions nettes et immédiates de l’Etat sur ces trois axes permettront de restaurer ce qui manque en premier aux paysans comme à l’ensemble des acteurs économiques dans notre pays : la confiance».
Lire aussi dans la Volonté Paysanne datée du jeudi 17 décembre 2015
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