Aveyron | Par eva dz

Quinzaine de la Transmission-reprise : Bel exemple à Sévérac d’Aveyron

Aux portes de Sévérac d’Aveyron, Dominique Lecomte et son épouse, Annie, éleveurs de brebis laitières pour Roquefort, ont cédé leur ferme à un couple de jeunes, Jim James et Maïlys Martin. Tous ensemble ils témoignent de cette transmission réussie.

Qui sont les cédants ?

D. Lecomte : «Je me suis installé en 1986, ici à 10km de Sévérac et une vingtaine de Millau, tout près de l’A75. J’ai profité de l’opportunité du partage d’une ferme mais je n’avais que le terrain, il m’a fallu tout construire, la bergerie, les bâtiments, constituer mon cheptel… Mais après mon BTS à La Roque, rien ne m’intéressait d’autre que de m’installer ! Ma femme, Annie, infirmière pendant 20 ans, m’a rejoint sur la ferme pour nos dernières années de carrière. Nous avons envisagé l’installation de notre fille qui a travaillé pendant 5 ans environ avec nous mais la perspective de reprendre seule lui faisait un peu peur. Alors il m’a fallu penser à trouver un autre repreneur.

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette étape de transmission ?

D. Lecomte : Mon envie était de pouvoir transmettre ma ferme à un jeune. Peu m’importait qu’il soit hors-cadre familial, personnellement c’était mon cas quand je me suis installé. Je sais que ce n’est pas évident et je savais qu’il faudrait du temps !

Quelles démarches avez-vous entreprises pour cette transmission ?

D. Lecomte : Je me suis inscrit au Répertoire Départ Installation à la Chambre d’agriculture en mars 2016. Je voulais préparer la suite tranquillement mais le temps passe vite ! J’ai reçu un premier candidat, nous avons démarré un CEFI (NDLR : contrat de parrainage qui finance une période d’essai entre un candidat à l’installation hors du cadre familial et un agriculteur à la recherche d’un repreneur) mais ça ne l’a pas fait puis un deuxième, et là encore, ça n’a pas marché. Ce n’était pas les bonnes personnes et dans ce cas-là, il faut savoir ne pas insister ! Et puis j’ai reçu Jim en mars dernier accompagné de sa compagne Maïlys et là, le courant est tout de suite passé entre nous ! Nous avons démarré le CEFI en mars et fin août, le couple s’installait !

Comment avez-vous vécu cette période ?

D. Lecomte : J’avoue qu’après les deux CEFI avortés, ça n’a pas été facile mais il ne faut pas baisser les bras. Même si le temps passe vite ! A l’aube de mes 69 ans, je voulais trouver une solution. J’ai baissé un peu le troupeau pour diminuer un peu la charge de travail mais pour autant je voulais garder une ferme qui tourne bien pour qu’elle reste attractive et assurer une bonne transmission. Je me suis beaucoup appuyé sur les CUMA d’Engayresque et de Sévérac auxquelles j’ai confié les travaux du sol. Cela m’a permis de lever un peu le pied et de me consacrer au troupeau. Si je n’avais pas eu ce soutien, je ne sais pas si j’aurai pu garder ma ferme telle quelle était au moment de la reprise…

Comment se passaient les relations avec le RDI ?

D. Lecomte : Les démarches sont assez simples. J’ai échangé avec les conseillers, notamment Jean-Michel Batut et nous avons rédigé ensemble l’offre de reprise de ma ferme. Une fois publiée, je recevais les offres de candidats intéressés. C’est ainsi que j’ai reçu celle de Jim et Maïlys.

Pour moi, le coût était assez minime puisqu’il s’agissait des frais d’inscriptions au RDI (une fois en 2016) puis le versement d’une indemnité complémentaire pour Jim pendant son CEFI.

«Chacun a trouvé sa place»

Qui sont les repreneurs ?

J. James : Mes parents sont agriculteurs dans le sud Aveyron. J’ai toujours eu le projet de m’installer. Après mon CAP agricole, je suis devenu salarié agricole, chauffeur de CUMA puis j’ai travaillé dans les travaux publics… tout en gardant en tête mon projet d’installation. Avec ma compagne, Maïlys, également salariée agricole, nous envisagions de reprendre ensemble une ferme.

Comment s’est passée la mise en relation entre cédants et repreneurs ?

J. James : La ferme de Dominique et Annie Lecomte est la première à laquelle nous nous sommes intéressés ! Mais la reprise a failli ne pas se faire ! En effet d’autres personnes étaient intéressées par l’exploitation. Du coup nous avons poursuivi nos recherches et avons trouvé une autre ferme à reprendre quand Dominique nous a rappelés ! Finalement nous avons repris contact et avons convenu du démarrage d’un CEFI entre les cédants et moi-même. Ma compagne était alors encore en poste sur une ferme.

Qu’est-ce qui vous a plu dans la ferme de Dominique ?

J. James : Nous recherchions dans l’idéal un élevage ovins lait, à l’image de la ferme de Dominique et Annie. C’est une production que nous connaissons bien tous les deux avec Maïlys. L’offre de reprise mentionnait aussi la possibilité d’installer deux personnes ce qui nous allait bien aussi ! De plus le système d’élevage (traite de mi-janvier à mi-août avec agnelage en décembre) nous correspondait. Tout comme la situation de la ferme, d’un seul tenant, avec un accès pratique, des bâtiments en bon état… Bref nous savions où nous mettions les pieds et c’était plutôt rassurant dans la mesure où nous quittions nos emplois, notre maison aussi… D’ailleurs la situation géographique de la ferme, près de l’A75, proche de la commune de Sévérac plutôt bien pourvue en services (école ou nounou pour nos enfants, commerces…) nous a aussi confortée dans notre choix.

Comment s’est déroulée cette période d’essai ?

J. James : Nous avons monté un dossier auprès de la Région pour financer le CEFI. J’ai démissionné de mon emploi dans les travaux publics. Inscrit à Pôle Emploi j’ai fait valoir mes droits au chômage. Et Dominique m’a versé également une indemnité pour compléter. Cela a vraiment facilité les choses pendant ce CEFI parce que j’étais alors installé dans le sud Aveyron avec Maïlys et nos deux jeunes enfants. Je faisais 90 km aller retour par jour pour venir travailler chez Dominique… Ce soutien était donc bienvenu pour donner toutes les chances à notre projet de se concrétiser. Pendant cette période, de mars à juillet, Dominique et moi avons travaillé ensemble, chacun a trouvé sa place. On parlait le même langage !

D. Lecomte : En effet, la relation a été assez fluide, ayant jusqu’à présent un salarié sur la ferme. J’ai profité de cette période de transition pour présenter Jim aux voisins, aux membres des CUMA auxquelles j’adhérais et aux différents prestataires sur la ferme (véto…).

D. Lecomte et J. James : Pendant le CEFI nous avons reçu le conseiller transmission, Jean-Michel Batut pour savoir où nous en étions et comment ça se passait entre nous. Comme tout roulait, nous avons essayé d’accélérer la procédure d’installation et notamment la demande d’autorisation d’exploiter. Le 1er septembre, l’installation de Jim s’est concrétisée puis celle de Maïlys.

Comment avez-vous finalisé la vente de la ferme ?

D. Lecomte : J’ai évalué le prix de la reprise avec le CERFRANCE Aveyron à partir des résultats d’exploitation sur plusieurs années. Nous sommes partis sur une offre de location des bâtiments et du foncier. Jim et Maïlys ont racheté le cheptel, le stock, le matériel.

Pour le logement, avec mon épouse, nous avons souhaité garder notre maison qui se situe à côté de la ferme. Jim et Maïlys ont trouvé rapidement un logement à 2 minutes de la ferme.

Certaines démarches administratives ont été un peu longues dans le passage de relais, il faut savoir être patient ! Heureusement l’entente est très bonne entre nous et tout se fait assez facilement !».

Recueillis par Eva DZ

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