Aveyron | Par Eva DZ
Comme dans plus d’une vingtaine de départements en France, les producteurs de lait de vache de l’Aveyron, portés par la FDSEA et JA sont allés à la rencontre des enseignes qui ne respectent pas les principes de la loi EGAlim. Deux d’entre d’elles persistent à vendre le lait demi-écrémé à 0,92 euro le litre contre 0,94 euro pratiqué ces dernières années, voire plus étant donné la conjoncture porteuse des marchés.

La délégation de producteurs de lait de la FDSEA et de JA emmenée par Claude Falip, a dénoncé la brique de lait à 0,92 euro le litre, dans les rayons de LIDL à Rodez.
Mercredi 25 juin, des producteurs de lait de vache de la FDSEA et de JA ont visité deux enseignes de la distribution sur la région ruthénoise. Dans leur viseur : LIDL et Leclerc qui «persistent à vendre le litre de lait à 0,92 euro alors que les travaux de la FNPL, via la loi EGAlim avaient permis d’augmenter le prix du lait dans les rayons à près d’un euro parfois. D’autres enseignes le font… Pourquoi pas LIDL et Leclerc ?», dénonce Claude Falip, co-président de la section bovin lait FDSEA.
Accompagné d’une délégation de producteurs de lait, il s’insurge de ce retour en arrière : «Ces dernières années, on sent un réel engouement dans la conjoncture laitière : des marchés porteurs, une consommation qui se maintient bien… Il ne faut pas revenir en arrière et stopper cette dynamique qui encourage les éleveurs à investir… et les jeunes à rejoindre notre filière», poursuit le responsable syndical. «Ces quelques centimes d’écart ne sont pas une goutte de lait pour notre revenu», poursuit-il. «Ça change tout pour nous !». Et de s’appuyer sur un exemple concret : une différence de 20 euros/1 000 litres (soit 2 centimes de la brique de lait) représente pour une exploitation moyenne produisant 400 000 litres par an, un manque à gagner de 8 000 euros !
Et les producteurs présents de fustiger les pratiques notamment des deux enseignes concernées : «Elles se challengent sans cesse ! Depuis 40 ans, elles jouent sur la mécanique du prix le bas. Et pour elles, le lait en brique est un produit d’appel : On n’en veut plus !». Claude Falip craint les effets de cette déflation des prix : «les conséquences sont multiples sur le revenu des producteurs, sur leur capacité à investir dans l’avenir et sur la continuité de leur activité». Derrière cette remise en question, il pense en effet au défi du renouvellement des générations : «quel jeune a envie de rejoindre une production qui n’est pas justement rémunérée et dans laquelle il n’a pas de visibilité pour investir ?! De telles opérations tarifaires nuisent à la dynamique d’installation et de modernisation des exploitations laitières. Et qu’en sera-t-il demain de nos zones sans production laitière ? Sans élevage, socle d’une économie locale, de l’aménagement du territoire et de l’entretien des paysages ?». Et Clément Chayriguès, membre de la section laitière FDSEA et représentant à la FNPL de compléter : «Les enjeux sont trop importants pour l’avenir de la filière laitière… Sinon demain, le lait ne sera plus produit en France ! Et les importations auront la part belle !».
«Ces enseignes détruisent la valeur»
Pour marquer leur mécontentement devant des briques de lait demi-écrémé vendues à 0,92 euro, les producteurs ont déloté et enlevé des rayons les packs concernés. «Dans tous les départements de France, la pression monte. Dans l’Ouest, les producteurs sont mobilisés depuis plus d’une semaine. D’autres départements comme nous sont allés enlever des rayons de ces enseignes les briques de lait. Aujourd’hui nous demandons gentiment d’approcher le niveau de prix qui respecte le principe de la loi EGAlim mais si dans quelques jours, les prix ne sont toujours pas appliqués, nos actions ne seront plus simplement symboliques !», ont prévenu les responsables syndicaux.
A leur écoute, les dirigeants des enseignes concernées ont promis de faire remonter leurs demandes : «Ils ont entendu notre message mais localement ils n’y peuvent rien, ils appliquent les prix dictés par leur enseigne», avance Claude Falip. Et d’expliquer que le prix du lait fait l’objet de négociations commerciales chaque année en février, pour les grandes marques. «En revanche pour les Marques De Distributeur (MDD), les prix sont recalés tous les mois… Or ces MDD représentent 70% du lait dans les étals. Et je ne parle pas des périodes de promo, pourtant interdites par EGAlim… Il faut changer ces pratiques», s’accordent les producteurs.
Eva DZ