National | Par Jérémy Duprat

Prix du lait : «Garantir une juste rémunération et pas un revenu de survie»

L’Unell a activé la clause de sauvegarde prévue au contrat en cas de non-accord sur le prix du lait avec Lactalis. De fait, le prix national sera de 425,67 euros en prix de base 38-32 en place et lieu d’un accord qui tournait autour de 404 euros.

Quelle est la situation de la filière laitière à l’heure actuelle ?

Claude Falip : «Le prix du lait en France s’est bien maintenu depuis quelques mois. C’est avant tout grâce à un marché intérieur qui est rémunérateur et demandeur. Il y a également tout le travail que nous avons fourni par rapport à Egalim. Et ce malgré les exportations qui ont augmenté depuis l’année dernière. La conjoncture au niveau du prix est bonne. Cela redonne du moral, et il en faut ! Il ne faut pas oublier que les producteurs subissent plusieurs crises depuis des années : sécheresse, inflation, covid… Surmonter ces vagues, cela passe par un prix du lait rémunérateur. Maintenant le défi, c’est de maintenir ce prix.

La profession a dû batailler pour obtenir des augmentations du prix suffisantes pour couvrir la hausse des charges. Mais aujourd’hui, les industriels ne sont-ils pas pressés de faire baisser les prix, sous couvert de charges qui elles aussi reviendraient à la normale ?

Claude Falip : C’est sûr qu’ils sont moins rapides quand il s’agit d’augmenter nos revenus. C’est la même musique depuis 40 ans. Sauf qu’aujourd’hui, avec Egalim, nous avons un atout. Jusqu’à présent on était la dernière roue du carrosse, les derniers à profiter des revenus que génère notre produit. Mais il faut également rappeler que le problème, c’est que de notre côté, il y a un an de décalage avec la hausse des charges. La sécheresse a fortement impacté nos trésoreries. Oui, l’inflation revient à la normale. Mais cela ne signifie pas que la situation économique des éleveurs laitiers suit cette logique. L’enjeu est là : permettre une juste rémunération, et pas juste un revenu de survie. C’est ce qui permettra de renouveler les générations. Nous sommes à un virage en termes de stratégie. Nous ne le manquerons pas. Depuis 40 ans c’est notre cheval de bataille. Je sens que l’opinion publique est sensible à ce sujet.

Que pensez-vous de l’activation de la clause de sauvegarde par l’Unell ?

Claude Falip : Il y a presque un an, nous étions en train de faire pression sur Sodiaal sur ce même sujet. Aujourd’hui Sodiaal se démarque favorablement par rapport à Lactalis et il faut le dire. Les OP sont en train de faire pression sur Lactalis. De notre côté, les gens parlent sur le terrain de ce décalage entre les deux entreprises. Nous allons sans doute organiser le même genre d’action qu’il y a un an. À moins que Lactalis revienne à la raison d’ici-là».

Propos recueillis par Jérémy Duprat

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