National | Par Actuagri

L’aménagement du territoire est un facteur clé de l’eau !

Invité à l’assemblée générale de l’Association de coordination des instituts techniques agricoles (Acta), l’académicien Érik Orsenna, a mis en regard les écarts croissants entre les sécheresses et les inondations et la panne de l’aménagement du territoire concernant la gestion de l’eau. Plus que jamais l’évolution du climat nécessite de la méthode dans la gouvernance.

© iStock-Katsiaryna Yeudakimava


«On a abandonné l’aménagement du territoire. En termes de méthodologie, rien n’est pire que Sainte-Soline», a résumé Érik Orsenna, à l’AG annuelle de l’Acta, le 3 juin, à propos de la gestion de l’eau. On a «en même temps des déserts qui avancent et des villes qui se noient», comme en Espagne et dans les prochaines décennies, «il pleuvra plus au nord de la France que maintenant et moins au sud» selon l’Inrae. Si bien que la gestion de l’eau nécessite une appréciation fine des réalités de terrain à l’échelle locale, a prévenu Erik Orsenna.

S’appuyer sur la recherche

La moyenne annuelle de la pluviométrie «n’est plus pertinente», car «la pluie ne tombe plus comme avant». «Il peut maintenant tomber 200 millimètres en une journée». Il faut aussi tenir compte de la nature du sol : entre la Bretagne, où il n’y a pas de nappes phréatiques, et la Beauce, qui renferme une grande nappe phréatique, les deux politiques de gestion de l’eau «n’ont rien à voir». Il faut donc se garder des généralités. «Être contre les réserves d’eau ou pour les réserves n’a aucun sens, il faut préciser de quel lieu on parle». Le type de sols est important : «Si le sol n’est pas vivant, évidemment l’eau de pluie va ruisseler. Quand vous pensez eau, vous devez penser sols», a souligné l’académicien. Il faut «plus que jamais s’appuyer sur la recherche et les connaissances», a-t-il martelé, citant les découvertes récentes sur la vie dans les sols, notamment avec les mycorhizes, champignons qui aident les racines à renforcer la plante. Érik Orsenna a comparé deux départements où les comportements par rapport à l’eau sont opposés : les Deux-Sèvres, où «c’est la guerre», avec Sainte-Soline, et la Vendée, où les écolos font partie du tour de table. Il n’a pas ménagé non plus le secteur de l’immobilier, qui «construit partout», avec une méconnaissance du terrain. «Quand vous regardez un Plan local d’urbanisme, vous savez d’avance quelle zone sera inondée», a-t-il lancé. L’imperméabilisation des sols, du fait de leur artificialisation, est un accélérateur d’aléas entre les sécheresses et les inondations, en réduisant la recharge des nappes et en accentuant le ruissellement.

Le sol, premier lieu de stockage

À rebours de l’imperméabilisation, la recherche s’efforce de produire des connaissances pour favoriser la perméabilité des sols. «Ce sur quoi nous travaillons beaucoup, c’est, comment par des pratiques agricoles adaptées, faire en sorte que les sols soient plus perméables, et permettent aux fortes pluies de moins ruisseler et d’aller vers les nappes ?», a indiqué Sami Bourfa, chercheur au département Aqua à l’Inrae. Le sol est le premier lieu de stockage de l’eau quand il est riche en matière organique, a-t-il rappelé. «Nous avons beaucoup d’équipes de recherche qui travaillent sur toutes ces pratiques, telles que la diversification des cultures et la couverture du sol toute l’année, qui évitent le ruissellement en cas d’excès d’eau». Dans le même esprit, Jean-Pierre Cohan, directeur recherche et développement à l’institut du végétal (Arvalis), a souligné que «le levier le plus efficace d’adaptation au changement climatique, mais aussi le plus complexe, c’est la capacité de stockage du sol, devant le progrès génétique des variétés de grandes cultures, sachant qu’il faut 10 à 15 ans pour les mettre au point».

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