Aveyron | Par Didier Bouville

Prévention des feux de forêt : tous concernés !

Préfet, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture, président du Département, du SDIS, sénateur, maires, pompiers, gendarmes, représentants de l’Office national des forêts, monde associatif, monde agricole… Tous étaient rassemblés lundi 26 juin sur les hauteurs de Millau pour présenter le plan de prévention et d’actions contre les feux de forêt.

Pompiers, gendarmes, maires, agriculteurs, habitants, représentants de l’Etat, élus des collectivités… Tous gardent encore en mémoire le souvenir des impressionnants incendies qui ont frappé l’Aveyron l’été dernier. 2 200 ha partis en fumée et 309 feux d’espaces naturels entre juin et septembre… Et plus de 3 000 personnes déplacées. Les témoignages de solidarité au moment de lutter contre les flammes, d’accompagner les populations dans l’évacuation de leur logement, les vacanciers de les campings… sont encore forts presque un an après les faits. Et les paysages autour de Mostuéjouls et Comprégnac notamment, portent encore les stigmates de ces incendies. «L’été 2022 restera dans les mémoires», a ainsi introduit Charles Giusti.

Prévenir, détecter, intervenir

Au Pouncho d’Agast, sur les hauteurs de Millau, là où la vue est imprenable sur ces paysages entretenus par les agriculteurs et tant appréciés des touristes mais aussi des habitants, lundi 26 juin, le préfet de l’Aveyron a réuni toutes les forces vives, pompiers, gendarmes, élus, Office national des forêts, mais aussi agriculteurs, associations de randonnée, cyclotouristes… pour présenter le plan de prévention et d’actions pour faire face aux feux de forêt. «Dans les années à venir, notre département sera sans doute confronté de plus en plus aux feux de forêt. En France, en 2 000, 15 000 ha étaient brûlés mais depuis ces dernières années, l’augmentation est exponentielle : 44 000 ha en 2019 et 66 000 ha l’année dernière !», rappelle le préfet de l’Aveyron. Et d’appeler à une prise de conscience collective face aux risques : «collectivités territoriales, entreprises, agriculteurs, associations, particuliers, chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre les feux de forêt». Le représentant de l’Etat en a profité pour féliciter de nouveau les équipes mobilisées en 2022 : «Ça a tenu ! Le SDIS a su faire face à ces feux, grâce aux colonnes de renfort d’autres départements mais aussi des bonnes volontés locales, agriculteurs, CUMA, ONF, monde associatif…».

Forts de ces enseignements, une nouvelle stratégie de lutte a été mise en place, pilotée par les services de l’Etat en lien avec le SDIS et les différents acteurs concernés (gendarmerie, ONF, Conseil départemental, Communautés de communes, communes, Fédération des communes forestières, Centre régional de la propriété forestière, PNR des Grands Causses). Elle tourne autour de 3 axes : la prévention, la détection et l’intervention. Pour prévenir des départs de feux et de leur propagation, les partenaires ont diffusé une campagne de communication sur les bons réflexes auprès du grand public, ont sensibilisé les communes aux obligations légales de débroussaillement. «Le débroussaillement des terrains et des abords des habitations est la meilleure des protections», a rappelé le préfet. «Il limite en effet leur propagation et facilite l’intervention des sapeurs-pompiers». Des réunions publiques d’informations ont eu lieu dans plusieurs communes. Et 22 d’entre elles sont accompagnées sur ce sujet.

Instaurer une culture du risque

Pour mieux détecter les situations à risque, des patrouilles spécialisées mixtes (SDIS, gendarmerie et ONF) vont se mettre en place dans les zones les plus sensibles, selon les conditions météorologiques et les situations de sécheresse. Deux patrouilles seront déployées chaque jour et pourront être renforcées par des gendarmes et/ou agents de l’ONF. Et parallèlement, ce dispositif de prévention est complété par des citoyens et agents du service public volontaires, soucieux de rappeler les messages de sensibilisation sur le terrain, lors de leurs randonnées, de leurs sorties VTT, canoë… de leur tournée de distribution du courrier, de vérification des lignes électriques… Par ailleurs, le Département a déployé via le SDIS de nouveaux moyens de détection comme ce drône avec caméra thermique qui retransmet en direct les images au centre de commandement du SDIS.

Et depuis juin, Météo France diffuse chaqu jour, sa Météo des forêts destinée à informer sur le niveau de danger de feux dans les départements et inviter les citoyens à adapter leur comportement.

Le président du Département également président du conseil d’administration du SDIS, Arnaud Viala, a présenté les nouveaux moyens d’intervention en matière de feux tactiques pour éviter la propagation d’un incendie, de logistique (véhicules, citernes souples…), et de planification opérationnelle. Ainsi, sur le volet agricole, une campagne de communication a été construite avec la profession pour rappeler les gestes de prévention avant et pendant les chantiers de travaux agricoles et en cas d’incendie (lire encadré). Le SDIS de l’Aveyron bénéficiera également de moyens issus du pacte capacitaire annoncé par le Président de la République pour lutter contre les feux de forêt. Arnaud Viala a aussi évoqué la question de la disponibilité de l’eau pour lutter contre les feux. «Nous avons lancé une réflexion collective sur la gestion de l’eau avec l’ensemble des acteurs concernés du département. Tout le monde est mobilisé autour d’un même objectif : protéger notre massif forestier, nos paysages, notre territoire, nos habitants».

Eva DZ

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Le comité technique de recherche sur le campagnol terrestre du SIDAM s’est rassemblé le 3 juillet à Lempdes. Les chercheurs ont exposé leurs travaux et les FREDON et FDGDON ont échangé sur l’état des populations et l’organisation de la lutte collective dans les territoires. L’équipe de Adrien Pinot, VetAgro-sup Clermont, s’intéresse aux préférences alimentaires du campagnol terrestre. Elle ont démontré que celui-ci se nourrit presque exclusivement de racines de pissenlits pendant l’hiver et que plus il y a de pissenlits dans une parcelle, plus le nombre de campagnols augmente rapidement.Elle a aussi montré qu’en phase de déclin, c’est-à-dire après une pullulation, le sur-semis augmente considérablement la taille des populations.Aujourd’hui elle cherche à comprendre pourquoi une prairie permanente est plus vulnérable…