Aveyron | Par La rédaction

Nostre Seigne : Un cours à ciel ouvert pour les jeunes de La Roque

Jeudi 20 avril, les gestionnaires de la zone humide de Nostre Seigne, sur la commune d’Onet le Château en bordure de la RN88, ont accueilli les 347 élèves de l’Agricampus La Roque pour une «classe à ciel ouvert». Objectif : les sensibiliser à la préservation des zones humides et à l’expansion naturelle des crues.

Pendant une journée, Nostre Seigne fut un terrain de jeu et d’apprentissage de l’ensemble des élèves de l’Agricampus La Roque.

«Des vaches pour limiter les inondations», l’invitation des gestionnaires de la zone humide de Nostre Seigne, sur la commune d’Onet le Château, sur le ton de l’humour, livre en même temps un message fort quant à l’intérêt de la préservation des zones humides et d’expansion des crues en péri-urbain. Cette initiative est née d’un travail collectif mené depuis 2019 par le syndicat mixte du bassin versant Aveyron amont (SMBV2A), la commune d’Onet le Château et l’Agricampus La Roque. Ensemble ils ont mis en œuvre des actions sur les 24 ha de prairies en zone humide, au centre du bassin versant de l’Auterne, pour préserver cette zone naturelle d’expansion de crues, améliorer le fonctionnement du cours d’eau, mettre en place un pâturage tournant avec les vaches Aubrac de l’exploitation de l’Agricampus La Roque, à deux pas du site… Des actions qu’ils partagent avec le public en ouvrant le site aux visiteurs… mais aussi aux scolaires.

10 partenaires et 347 jeunes

C’est ainsi qu’ils ont invité les 347 élèves de l’Agricampus à une journée de classe à ciel ouvert, jeudi 20 avril. Dix partenaires étaient réunis sur le site pour présenter leur retour d’expériences sur Nostre Seigne, apporter des éléments d’information et de sensibilisation aux jeunes. Autour du SMBV2A et des élus de la commune d’Onet le Château, la cellule d’assistance technique aux zones humides, la Chambre d’agriculture, l’association Arbres, haies et paysages, la FD CUMA, la fédération de pêche, l’OS Aubrac, le laboratoire Zoëtis, Rodez Agglomération et ses services patrimoine et eau… avec le soutien de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, des Conseils régional et départemental, ont animé 8 ateliers sur le pâturage tournant, l’entretien des arbres et haies, la gestion du parasitisme, le suivi scientifique des cours d’eau, la mise en place de clôtures et points d’abreuvement, la préservation des milieux…

«A Nostre Seigne comme sur d’autres sites, il est important de montrer le lien étroit entre préservation de milieux naturels et préservation de l’activité agricole», a expliqué Michel Artus, président du SMBV2A. Et quoi de mieux que de sensibiliser de futurs agriculteurs ou jeunes qui se destinent à travailler dans le monde agricole ! «Nous avons avons choisi de faire participer l’ensemble de nos élèves, depuis les classes de 2nde au BTS», appuie Thierry Force, directeur de l’Agricampus La Roque. «Nous avons la chance d’avoir à proximité de notre établissement, un site qui offre à l’équipe pédagogique et aux jeunes, un terrain d’apprentissage idéal», poursuit le chef d’établissement.  

L’occasion aussi pour les divers partenaires participant à la gestion de Nostre Seigne, de mettre en avant les réussites : «Cette expérimentation qui lie activité économique, environnement, le tout dans une zone résidentielle, fonctionne très bien et apporte de bons résultats dans la gestion de notre troupeau», affirme Jérôme Hercouët, directeur du CFPPA La Roque et ex-directeur de l’exploitation agricole du lycée au moment du lancement du projet. Ainsi, les étudiants de La Roque travaillent depuis plusieurs années, en lien avec le laboratoire Zoëtis et l’OS Aubrac, sur le parasitisme et là aussi, les résultats sont probants sur le troupeau du lycée.
Et Michel Artus de rebondir sur l’efficacité de cette démarche partenariale : «Nostre Seigne est un site pilote, qui nous sert d’exemple pour la gestion de zones plus petites sur d’autres bassins, qui peuvent elles aussi, être pâturées». Ainsi d’autres projets sont en cours sur le bassin de la Serène avec des vaches laitières et des ovins… «Nos zones humides sont des exemples concrets et efficaces de zones capables de stocker l’eau pendant l’hiver et de la restituer pendant la période estivale. D’ailleurs, l’année dernière, les vaches Aubrac de La Roque ont pu pâturer à Nostre Seigne tout l’été !», sourit Michel Artus. «C’est important de pouvoir montrer à ces futurs professionnels agricoles que ces zones sont des atouts pour l’économie des exploitations», appuie Marion Sudres, directrice et animatrice du contrat de rivière Aveyron Amont au SMBV2A.

Et pour pimenter cette expérience, les organisateurs, avec l’appui de Carole Bès, enseignante à l’Agricampus et chargée de mission autonomie alimentaire sur l’exploitation du lycée, les élèves ont dû faire preuve de talents sportifs et intellectuels en répondant à un quizz sur la zootechnie, l’agronomie, la biologie, l’écologie mais aussi l’histoire puisque Nostre Seigne est un ancien site gallo-romain. Au cours d’un «Nostre Seigne Lanta», les jeunes ont collecté des informations, répondu à des questions, accumulé des totems pour remporter l’épreuve sportive finale, inspirée des rites romains de ce site il y a plus de 2 000 ans !

Cette première journée de communication de grande ampleur auprès des jeunes fut une belle réussite. «Nous espérons que cette journée leur a permis de mesurer l’intérêt du pâturage en zones humides, qui offre un fourrage à bas coût toute l’année, même en période sèche», a conclu Michel Artus. «Et de les mettre en relation avec les partenaires qui pourront les accompagner sur la gestion, parfois complexe et technique, de ces milieux humides si particuliers».

Eva DZ

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