Les élus du Massif central, réunis vendredi 25 octobre à Aubière ont détaillé les sujets du moment, en premier lieu, la menace du Mercosur, et en ligne de mire un grand rassemblement envisagé mi-novembre.
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Pourquoi en pactisant avec l’Amérique latine, l’Europe condamne son agriculture ?
D’abord les faits. La commission européenne souhaite aboutir à un accord entre l’UE et le Mercosur au Sommet du G20 qui se réunira les 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro. Quels sont les produits concernés ?
Viande bovine : 99 000 t avec un droit à 7,5 %. Ce contingent serait segmenté entre 55 % pour la viande fraîche et 45 % pour la viande congelée. Ce volume serait mis en œuvre progressivement sur 5 ans. L’accord prévoit aussi la réduction des droits 20 % à 0 % pour les 61 000 tec du contingent Hilton.
Volaille : 180 000 t à droit zéro qui seraient segmentées entre 50 % pour la viande désossée et 50 % pour la viande non désossée. Ce volume serait mis en œuvre progressivement sur 5 ans.
Viande porcine : la proposition initiale de 25 000 t pour la viande porcine sans ractopamine serait améliorée avec un droit à 83 €/t.
Sucre : 180 000 t à droit zéro à l’entrée en vigueur, dans les limites du quota OMC. Le Paraguay obtiendrait 10 000 t pour le sucre raffiné (droit nul dès l’entrée en vigueur de l’accord).
Éthanol : 450 000 t pour l’usage industriel et 200 000 t pour tout autre usage. En terme de droit, celui-ci serait divisé en deux. Il pourrait atteindre 6,40 €/hl pour l’éthanol non dénaturé et 3,40 €/hl pour l’éthanol dénaturé.
Miel : 45 000 t à droit zéro à l’entrée en vigueur de l’accord. Ce volume serait mis en œuvre progressivement en 6 ans.
Riz : 60 000 t à droit zéro sans segmentation avec une période de mise en œuvre de 6 ans.
Autant dire que les conséquences de la signature d’un tel accord pourraient être dramatiques pour l’agriculture française. «Cet accord est complètement incohérent avec les injonctions que l’Europe fait à ses agriculteurs avec toujours plus de normes, de règles, d’environnement. Ouvrir grands les portes au pays du Mercosur, c’est faire entrer sur notre territoire des viandes bourrées d’hormones de croissance et sacrifier nos élevages respectueux de l’environnement», fulmine Patrick Bénézit, président de la Copamac. Alors que des manifestations d’ampleur devraient s’organiser mi-novembre en réaction à ce péril, les élus du grand Massif central ont rappelé que la balle était désormais dans le camp d’Emmanuel Macron, «qui doit impérativement faire valoir le droit de véto de la France pour bloquer l’accord», résume le président de la Fédération nationale bovine.
Sophie Chatenet
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