Aveyron | Par Eva DZ
Très jeune, Marie Cassagnes voulait déjà s’installer. Pas forcément «emballée par les études», cette fille d’éleveur bovins viande de Noailhac, voulait passer à la pratique !
«Si ça ne tenait qu’à moi, je me serais installée après mon bac pro CGEA à La Roque que j’ai réalisé en apprentissage chez un éleveur bovins lait à Nauviale».
Marie connaissait déjà depuis longtemps la famille Falip et les trois frères, installés ensemble, Claude, Serge et Patrice à La Cantaloubie, à Conques en Rouergue. «Mon père jouait au foot avec eux, nous nous entraidions pour l’ensilage et Patrice m’a dit : « si tu fais un BTS ACSE on te prend en apprentissage. Ne t’installes pas tout de suite, tu es trop jeune ! » m’a-t-il conseillé !», sourit la jeune femme.
Pendant ces deux années d’apprentissage, le courant est bien passé entre les trois associés et Marie. «Un jour, pendant que nous travaillions ensemble avec Patrice, je lui ai demandé s’ils avaient pensé à la suite…», sourit Marie. Tous les deux se souviennent encore de ce moment : «Nous n’avions pas encore réfléchi à la question ! L’aîné, Claude, a encore quelques années à faire !», rit Patrice. En parallèle, Marie préparait son rapport de stage qu’elle consacrait à son projet d’installation.

«Des accroches communes»
C’est ainsi que peu à peu l’idée d’associer Marie dans le GAEC a germé… «Nous nous sommes laissés le temps de la réflexion. J’ai travaillé comme salariée sur une autre ferme, j’ai fait une saison de moisson, puis j’ai intégré le Service de remplacement où j’intervenais sur la ferme de la Cantaloubie, en attendant que mon père prenne la retraite», rembobine Marie.
Un rendez-vous commun avec le conseiller en gestion du CERFRANCE Aveyron a permis d’étudier les différentes possibilités : «Marie apportait le troupeau de son père, son capital social. Nous avons estimé ensemble les prix des terres, du matériel, l’objectif était de favoriser son installation à un coût raisonnable», avance Patrice.
Après un CEFI d’un an, elle a rejoint officiellement le GAEC en décembre 2023. Les 4 associés ont suivi une formation sur les rapports harmonieux en société. «Mon intégration dans le GAEC s’est fait naturellement. Il n’y a pas eu de grande marche car j’étais déjà beaucoup associée dans les décisions sur la ferme, les projets…», explique Marie.
Complémentarité
Elle est responsable de l’atelier bovins viande et vient appuyer ses associés sur les deux autres productions (bovins lait et porcs). «Avec l’arrivée de Marie, nous bénéficions de surfaces épandables supplémentaires et un type de sol différent de chez nous qui s’y prête bien. De même l’herbe sur pied est davantage valorisée par les Limousines que par les laitières. C’est une belle complémentarité», analyse Claude. Et pour Marie, c’est aussi une charge de travail et mentale partagée : «être à 4 c’est mieux que seule ! Ainsi je peux continuer à jouer au foot et à suivre quelques réunions JA !». Reste à bien s’organiser !
«Faire entrer des jeunes c’est vraiment très motivant !», assure Claude. «Marie apporte de nouvelles idées, elle apporte beaucoup à l’entreprise. Elle est aussi beaucoup plus efficace avec l’administratif que nous !», rit-il. Plus sérieusement, il confirme la meilleure efficacité du travail en commun. «Il y a beaucoup à faire entre tous les ateliers mais à 4 associés, on est bien plus efficace pour le faire !».
A La Cantaloubie, les associés prenaient (et prennent toujours) régulièrement des apprentis mais avec Marie, ce qui a fait la différence, c’est son attachement au pays. «Outre sa passion du métier, son bon œil d’éleveur sur les bêtes, c’est une personne qui voulait rester au pays», souligne Patrice. Et Marie de confirmer que «c’était ici et pas ailleurs qu’elle comptait s’installer ! Cette association m’a permis de le réaliser !». «Ensemble on se complète bien, et son arrivée nous permet de prolonger l’activité, vitale pour nos territoires. C’est pour ça qu’on travaille !», conclut Claude.
Eva DZ