Aveyron | Par Jérémy Duprat
Difficile d’ignorer les nombreuses attaques lancées à l’encontre de l’élevage français depuis quelques mois. La FDSEA s’est jointe à la FNB, la FNEC, la FNO et la FNPI dans le manifeste que ces organismes portent pour défendre l’élevage. Avec l’objectif que les élus du département le signe. Mission accomplie.
Reconnaître que l’élevage est un pan primordial de la vie du territoire. Les vaches, brebis et chèvres sont essentielles pour conserver des prairies, véritables puits à carbone, et sont gages de biodiversité. Les jeunes doivent être accompagnés vers ces modèles d’élevage durables qui sont une exception française. Et enfin, les politiques publiques, qu’elles soient locales, nationales ou européennes, doivent être cohérentes et garantir la protection de ce système d’élevage durable.
Ces quatre points constituent le manifeste élevage signé par les élus aveyronnais, à savoir Jean-Claude Anglars, Alain Marc, Stéphane Mazars et Jean-François Rousset [Laurent Alexandre n’ayant pas encore répondu au moment où ces lignes sont écrites, ndlr], à l’invitation de la FDSEA. «Nous souhaitons qu’un cap politique clair soit assumé, en France, en faveur de la protection des systèmes d’élevage durables et que l’ensemble des décisions politiques affectant le secteur, à toutes les échelles, convergent dans cette direction», conclut le manifeste, en référence à de nombreuses attaques contre l’élevage français, pourtant modèle d’exemplarité reconnu de par le monde.
Avec un nombre de départs à la retraite massif dans les prochaines années, une baisse de production en lait et en viande qui s’accentue, des signaux négatifs à l’encontre de l’élevage en provenance du gouvernement et de l’UE et, enfin, des importations toujours plus importantes pour soutenir la consommation qui ne suis pas la courbe descendante de la production, la FDSEA souhaite protéger l’élevage. «L’élevage de ruminants français, comme nos territoires sur lequel il est implanté, se trouve indéniablement à un tournant de son histoire: il est donc plus urgent que jamais de s’employer à offrir des perspectives claires et assumées aux jeunes générations qui auront la responsabilité de pérenniser cette activité, tout en œuvrant en faveur de notre souveraineté alimentaire, de la protection de l’environnement et de l’animation de nos territoires», prône le manifeste.
Pour rappel, plusieurs événements avaient agacés la profession. Le 17 mai, Bruno Le Maire s’est illustré par un tweet félicitant une entreprise spécialisée dans la production de produits végétaux imitant la viande : «100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90 % de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales». Un véritable modèle à suivre pour un monde plus vert, selon un ex-ministre de l’agriculture.
Et puis ce qui avait mis le feu aux poudres lundi 22 mai, c’est un rapport de la Cour des comptes. L’institution s’est éloignée de son rôle financier pour prôner la décapitalisation du cheptel bovin. Car le pet des vaches, ça pollue ! Ce conseil avisé, la Cour le prodigue tout en s’érigeant en juge des consciences, puisque le rapport exhorte les Français à moins manger de viande rouge pour sauver la planète. Rien que ça. Sauver les femmes et les hommes du monde agricole français serait déjà un objectif bien plus modeste et atteignable.
Jérémy Duprat